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Ottawa nomme Virginia Mearns comme ambassadrice pour l'Arctique

«L'ambassadrice du Canada pour l'Arctique défendra les intérêts polaires du Canada dans les forums multilatéraux.»

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c284f25918b946ec8db70658919407e2ab75e21ed7a1bcfd804c3c68d0a87e5a.jpg Le premier ministre Mark Carney s'adresse aux journalistes avant d'assister à une réunion du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne, à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, le jeudi 24 juillet 2025. (Darryl Dyck | La Presse canadienne)

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, estime que la nouvelle ambassadrice du Canada pour l'Arctique jouera un rôle clé dans la préservation de la souveraineté dans la région, alors que l'armée surveille de près les mouvements d'un brise-glace chinois.

Virginia Mearns, résidente d'Iqaluit, sera la principale représentante du Canada pour l'Arctique sur la scène internationale, après une carrière au sein des gouvernements inuits locaux.

«L'ambassadrice du Canada pour l'Arctique défendra les intérêts polaires du Canada dans les forums multilatéraux», a expliqué Mme Anand à La Presse Canadienne lors d'une entrevue depuis Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest.

Elle a ajouté que Mme Mearns «interagira avec ses homologues des États arctiques et non arctiques» et «agira à titre de représentante au sein de notre noyau diplomatique».

Mme Anand a mentionné que le Canada poursuivra sa politique étrangère arctique de 35 millions $ et son engagement d'ouvrir de nouveaux consulats en Alaska et au Groenland, malgré l'annonce par le gouvernement de coupes dans le service extérieur pour financer une augmentation des dépenses militaires.

Elle a indiqué qu'elle prévoyait de se rendre au Groenland pour inaugurer le consulat «en temps voulu».

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Selon Mme Anand, les deux consulats seront «très utiles» puisqu'ils sont intégrés à la politique arctique.

«Il s'agit d'une pression de tous les instants pour garantir que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour défendre la souveraineté canadienne», a-t-elle déclaré à propos de la politique arctique.

La nomination de Mme Mearns a coïncidé avec une importante réunion jeudi entre le premier ministre Mark Carney et les dirigeants inuits afin de discuter de la législation controversée de son gouvernement sur les grands projets.

Mme Anand a assisté à la réunion dans les Territoires du Nord-Ouest, car le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne aborde de nombreux thèmes qui touchent aux programmes nationaux et étrangers du Canada.

Des navires chinois surveillés

Mais sa visite intervient également au moment où l'armée canadienne observe de près le brise-glace chinois Xue Long 2, qui recueille des informations au nord de l'Alaska.

Mme Anand a expliqué qu'elle était «très préoccupée par les menaces dans les eaux arctiques» dans son ancien rôle de ministre de la Défense et a demandé aux Forces armées canadiennes d'intensifier leurs efforts «pour détecter, dissuader et se défendre contre des situations telles que la présence de navires chinois à proximité des eaux arctiques canadiennes».

Elle a ajouté que l'armée «surveille activement le navire de recherche chinois à double usage», qui, selon elle, ne se trouvait pas «dans les eaux territoriales canadiennes» jeudi après-midi.

Le sous-lieutenant Cammeron Radford, officier des affaires publiques du Commandement des opérations interarmées des Forces armées canadiennes (FAC), a déclaré dans un courriel à La Presse Canadienne que le navire pouvait être suivi en direct sur de nombreux sites web.

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«Le Commandement des opérations interarmées du Canada surveille activement le navire Xue Long 2 à l'aide d'un avion CP-140 Aurora, basé en Alaska», a-t-il écrit jeudi après-midi.

«Des concurrents explorent les eaux arctiques et le fond marin, sondent nos infrastructures et recueillent des renseignements à l'aide de navires de recherche à double usage et de plateformes de surveillance. Les FAC continueront de surveiller activement le Xue Long 2 tant qu'il continuera d'opérer à proximité des eaux territoriales canadiennes», a-t-il précisé.

Le document de politique étrangère du Canada pour l'Arctique, publié en décembre dernier, soulignait que Pékin envoyait des navires de recherche dans l'Arctique, tout en qualifiant certaines incursions chinoises de «double usage», avec des applications à la fois scientifiques et militaires.

Mme Mearns a refusé d'accorder une entrevue lorsque La Presse Canadienne l'a contactée jeudi, mais elle a indiqué qu'elle serait disposée à s'exprimer ultérieurement.

Sa nomination fait suite aux appels répétés du président américain Donald Trump à l'adhésion du Canada à un État américain et à l'idée d'annexer le Groenland.

Les Inuits inquiets

Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), qui représente les intérêts des Inuits au Canada, a exprimé ses inquiétudes quant à une nouvelle vague de militarisation de leurs territoires, semblable à celle de la Guerre froide.

Ces décennies de militarisation dans l'Arctique ont entraîné des déplacements forcés de communautés inuites, des pertes de biens et des perturbations des modes de vie traditionnels.

L'ITK a fait savoir que les Inuits souhaitent contribuer à la défense du Canada contre les menaces étrangères, mais dans le respect des réalités locales. Le groupe a communiqué avec ses homologues inuits du Groenland et de l'Alaska au sujet des événements récents.

Natan Obed, président de l'ITK, s'est dit «très heureux» de la décision du gouvernement de nommer Mme Mearns nouvelle ambassadrice du Canada pour l'Arctique.

Il a indiqué que le nom de Mme Mearns figurait parmi les candidats pressentis pour occuper ce poste, bien qu'un «processus complet élaboré conjointement» avec le gouvernement ait été interrompu par les élections fédérales.

Selon M. Obed, elle sera une «contribution incroyable à la diplomatie canadienne à ce stade-ci».

«Et elle est une Inuk du Nunavut, elle apportera donc également sa perspective inuite partout où elle se trouvera, que ce soit ici au Canada ou à l'étranger», a-t-il statué.

Mme Anand a souligné qu'Ottawa est très conscient de son héritage dans la région et souhaite établir de meilleurs partenariats.

«Le travail que le gouvernement du Canada accomplit actuellement est absolument essentiel pour garantir le respect de la souveraineté canadienne et la défense de notre Arctique au plus haut niveau. Et ce travail comprend notamment le partenariat avec les peuples autochtones», a-t-elle avancé.

«La relation avec les peuples autochtones est non seulement importante, mais aussi absolument nécessaire. J'ai appris qu'ils sont des partenaires dévoués, bienveillants et disposés à collaborer avec nous», a-t-elle précisé.

La politique arctique du gouvernement appelle à une coordination plus étroite en matière de sécurité afin de contrer le resserrement des liens entre Pékin et Moscou, ainsi qu'à une collaboration en matière de recherche scientifique dans la région.

Le document de politique indique que l'Arctique nord-américain «n'est plus exempt de tensions» en raison de la montée de l'instabilité géopolitique à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a «ébranlé les fondements de la coopération internationale dans l'Arctique».

Ottawa avait nommé Mary Simon, aujourd'hui gouverneure générale, première ambassadrice aux affaires circumpolaires en 1994. Elle a occupé ce poste pendant dix ans. Jack Anawak avait ensuite été nommé à ce poste jusqu'en 2006, date à laquelle le gouvernement Harper a supprimé cette fonction.

Avec des informations d'Alessia Passafiume

Dylan Robertson

Dylan Robertson

Journaliste