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Ottawa envisage de supprimer les droits de douane sur les véhicules électriques chinois

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Des véhicules Leapmotor sont garés devant un showroom à Hangzhou, dans la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine, le 14 mai 2024. Des véhicules Leapmotor sont garés devant un showroom à Hangzhou, dans la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine, le 14 mai 2024. (AP Photo)

Si les Canadiens avaient leur mot à dire, les droits de douane imposés par Ottawa sur les véhicules électriques chinois auraient plus de facilité à pénétrer le marché canadien.

C'est du moins ce qui ressort d'un sondage réalisé par Nanos Research en collaboration avec CTV News, qui révèle que 62% des personnes interrogées sont favorables ou plutôt favorables à la suppression de la taxe de 100% sur tous les véhicules électriques fabriqués en Chine, dans l'espoir que la Chine supprime les droits de douane sur les produits agricoles canadiens tels que le canola.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Le ministre de l'Agriculture, Heath MacDonald, a déclaré mardi qu'une décision visant à supprimer ou à assouplir ces droits de douane était à l'étude, mais qu'elle tiendrait compte des répercussions sur d'autres secteurs et que la Chine n'avait pas encore communiqué ses intentions exactes.

«Le premier ministre a effectivement déclaré qu'un examen des véhicules électriques était en cours. Nous verrons où cela mènera... les discussions se poursuivent», a-t-il fait savoir. «Nous sommes dans une position fragile, mais nous sommes là pour soutenir les agriculteurs avant tout, et si cette décision doit être prise, alors elle doit être prise.»

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Le Canada a imposé ces droits de douane en octobre 2024, le gouvernement affirmant à l'époque qu'il protégeait les fabricants locaux contre les pratiques commerciales déloyales de la Chine. Mais depuis lors, le marché des véhicules électriques a connu une série de revers.

Statistique Canada a publié mardi de nouveaux chiffres qui montrent que les ventes de véhicules entièrement électriques ont chuté de 39,2%, tandis que celles des hybrides rechargeables ont baissé de 2,2%. Les nouvelles immatriculations de véhicules hybrides électriques ont toutefois augmenté de 60,7%.

Statistique Canada a souligné que les nouvelles immatriculations de véhicules zéro émission ont continué à suivre une tendance à la baisse, les programmes d'incitation ayant pris fin dans plusieurs régions du pays.

La semaine dernière, le premier ministre Mark Carney a annoncé une pause dans l'objectif du gouvernement fédéral visant à ce que 20% des ventes de véhicules légers soient des véhicules zéro émission d'ici 2026.

Le professeur Jonn Axsen de l'Université Simon Fraser affirme qu'à long terme, le Canada s'oriente vers la mobilité électrique et que les baisses du marché reflètent les variations normales d'une transition. Il ajoute qu'une stratégie visant à stimuler les ventes comprendra probablement des incitations, des mandats et un marché plus ouvert.

«Plus de choix pour les acheteurs»

«La transition sera plus efficace si nous ouvrons le marché à tous ceux qui peuvent fournir des véhicules électriques de qualité que les clients choisissent d'acheter», a-t-il dit. « Si tout le monde peut entrer sur le marché, les acheteurs auront simplement plus de choix.»

M. Axsen affirme qu'il existe des mesures qui peuvent être mises en place pour garantir une concurrence loyale, mais que cette concurrence pourrait inciter les fabricants canadiens à investir davantage dans l'innovation, ce qui pourrait les amener à devenir «des leaders mondiaux, afin que nous fassions partie de cet avenir plutôt que d'être à la traîne».

L'avenir passe par la mise sur le marché de véhicules électriques plus abordables, a-t-il ajouté.

Le prix d'une BYD Seagull fabriquée en Chine, qui a désormais dépassé Tesla en tant que premier constructeur mondial de véhicules électriques, est d'environ 13 800 dollars, sans les droits de douane de 100% ni les coûts supplémentaires tels que la certification de sécurité et le transport.

À l'heure actuelle, peu de modèles de véhicules électriques sont disponibles au Canada à moins de 45 000$.

Pourtant, de nombreux acteurs du secteur automobile canadien affirment que l'industrie pourrait payer le prix fort pour avoir autorisé la vente de véhicules électriques fabriqués en Chine dans ce pays.

«Même si nous n'apprécions pas la manière dont les Chinois ont développé leur industrie, nous savons que c'est l'avenir, et nous ne pouvons donc pas agir sans réfléchir», a expliqué Flavio Volpe, président de l'Association des fabricants de pièces automobiles vendredi. «Mais aussi, en cédant une partie du marché parce que les amateurs veulent des véhicules chinois, nous devons également nous rappeler que ces amateurs n'emploient personne.»

Méthodologie: L'étude Nanos est un sondage hybride par téléphone et en ligne réalisé auprès de 1 028 Canadiens âgés de 18 ans et plus, commandé par CTV News. Elle a été menée par téléphone fixe et mobile à travers le Canada entre le 30 août et le 3 septembre 2025. La marge d'erreur est de ±3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

CTV News

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