Le chef conservateur Pierre Poilievre a jeté son dévolu sur l'obligation canadienne relative aux véhicules électriques, promettant jeudi que son parti lancerait une campagne nationale pour inciter le gouvernement libéral à abandonner la politique qu'il a surnommée la «taxe Carney».
M. Poilievre a mené la charge alors que les conservateurs attaquaient sans relâche la taxe carbone à la consommation au cours des deux dernières années. Les libéraux ont admis que les tactiques conservatrices avaient influencé l'opinion publique et les avaient forcés à mettre fin à la prétendue taxe carbone plus tôt cette année.
Le chef conservateur affirme maintenant que l'obligation libérale relative aux véhicules électriques «effacer des communautés rurales à travers le Canada».
«(Le premier ministre) Mark Carney a promis d'interdire les camions et les voitures à essence, une interdiction qui entrera progressivement en vigueur dans quelques mois. Cela entraînera la disparition d'emplois, une augmentation des coûts et un blocage des communautés rurales», a déclaré Pierre Poilievre lors d'une conférence de presse dans une ferme de la municipalité rurale de Corman Park, près de Saskatoon.
L'obligation relative aux véhicules zéro émission, qui doit entrer en vigueur en 2026, n'interdit pas les véhicules à essence. Elle exigera plutôt que 20 % de tous les véhicules légers vendus au Canada l'an prochain soient des véhicules zéro émission, ce qui comprend les véhicules entièrement électriques et les hybrides rechargeables, qui fonctionnent à l'essence et à la batterie. Ce chiffre devrait augmenter chaque année jusqu'à atteindre 100 % des ventes de véhicules neufs d'ici 2035.
Les constructeurs qui n'atteignent pas l'objectif s'exposent à une pénalité de 20 000 $ pour chaque véhicule vendu au-delà du plafond, une pénalité que M. Poilievre appelle «la taxe Carney» et qui sera répercutée sur les consommateurs.
Les ventes de voitures électriques en baisse
Ces pénalités sont mises en place progressivement. Le programme est conçu pour que les constructeurs automobiles puissent obtenir des crédits en vendant des véhicules zéro émission avant l'entrée en vigueur des objectifs ou en construisant des infrastructures de recharge pour véhicules électriques afin d'éviter de payer une pénalité pour non-respect du plafond.
L'industrie automobile s'est opposée à ces obligations ces derniers mois. L'industrie affirme qu'avec les droits de douane américains imposés aux constructeurs automobiles et la fin des programmes gouvernementaux d'incitation à la vente, «il n'y a plus de voie» pour atteindre le seuil de 20 % l'an prochain.
Les données les plus récentes de Statistique Canada montrent que les véhicules électriques ont représenté 7,86 % de tous les véhicules neufs vendus en mai. Ce chiffre a chuté considérablement après que le programme fédéral de rabais, qui offrait une réduction de 5000 $ sur le prix d'un véhicule électrique neuf, s'est terminé plus tôt cette année.
En décembre 2024, le mois précédant la suspension du rabais, la part des véhicules électriques a culminé à 18,3 %.
Les ventes ont chuté à 11,95 % en janvier, puis à 6,53 % en mars, avant de remonter légèrement en avril et en mai.
Plusieurs ministres fédéraux ont indiqué que le gouvernement prévoyait de rétablir une forme de rabais à la consommation pour les véhicules électriques. Les libéraux l'ont promis pendant la campagne électorale, mais n'ont pas fourni d'échéancier, au grand dam des concessionnaires automobiles, qui affirment que ces promesses nuisent à leurs ventes de véhicules électriques, les clients attendant le retour des subventions gouvernementales avant de procéder à leur prochain achat.
Pierre Poilievre a qualifié l'obligation relative aux véhicules électriques d'«idéologique» et a expliqué que les conservateurs prévoient de faire pression pour son abolition par le biais d'événements publics, de pétitions et de motions à la Chambre des communes.
«Les Québécois et les Canadiens ont la sagesse et le bon sens de choisir leur propre voiture et leur propre camion», a-t-il dit.
Il a cité une récente étude de l'Association canadienne des automobilistes, qui a testé l'autonomie des véhicules électriques par temps hivernal et a constaté que la puissance de leur batterie diminuait rapidement par températures négatives, et que les véhicules testés affichaient une autonomie jusqu'à 39 % inférieure à leur autonomie officielle.
«En interdisant les véhicules à essence, Mark Carney a banni le mode de vie rural», a ajouté Pierre Poilievre.
Un sondage Léger réalisé plus tôt ce mois-ci indiquait que 71 % des Canadiens jugeaient irréaliste l'élimination progressive des véhicules à essence d'ici 2035 et estimaient que l'obligation de posséder des véhicules électriques devrait être levée.
Les électeurs conservateurs étaient les plus susceptibles de s'opposer à l'obligation de posséder des véhicules électriques, seulement 11 % d'entre eux estimant que l'objectif était nécessaire et devait être maintenu malgré les difficultés. 41 % des électeurs libéraux partageaient ce sentiment.
Avec la chute des ventes de véhicules électriques au cours de la dernière année, 48 % des répondants ont déclaré que le faible taux d'adoption était dû au fait que les voitures électriques étaient encore trop chères, malgré les subventions gouvernementales. 39 % ont déclaré que la faiblesse des ventes était due au manque d'infrastructures de recharge.
Léger a sondé 1617 Canadiens entre le 1er et le 4 août. Le sondage ayant été réalisé en ligne, aucune marge d'erreur ne peut lui être attribuée.
Dans une déclaration en réponse à la campagne prévue par Pierre Poilievre contre l'obligation de véhicules électriques, une porte-parole de la ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Julie Dabrusin, a indiqué que le gouvernement «continue de collaborer activement avec l'industrie et d'explorer des pistes de flexibilité pour s'assurer que nos mesures reflètent la situation actuelle».
La volonté des conservateurs de mettre fin à la taxe sur le carbone à la consommation a exploité les frustrations ressenties par de nombreux Canadiens face à la hausse du coût de la vie et à l'inflation. Pierre Poilievre et son caucus se sont ralliés au slogan «Supprimons la taxe», devenu si récurrent qu'il a été répété plus de 300 fois par les députés conservateurs à la Chambre des communes au cours de la session d'automne de 56 jours de l'année dernière.
Mark Carney a mis fin à la taxe sur le carbone à la consommation quelques heures seulement après son investiture comme premier ministre en mars, déclarant aux journalistes que la politique climatique du gouvernement était devenue «trop clivante» et que Pierre Poilievre alimentait la désinformation sur la taxe sur le carbone.
Avec des informations de Nick Murray
