Plusieurs illustrateurs sont montés sur la scène du Salon du livre de Montréal (SLM) samedi afin de dénoncer l’utilisation de l’intelligence artificielle dans des projets subventionnés selon eux par le gouvernement du Québec.
Plusieurs personnes sont montées sur la scène de l'événement littéraire pour cette prise de position qui n'était pas prévue officiellement au programme. Toutefois, la direction de celui-ci n'a pas interrompu le tout dans un esprit de liberté d'expression.
Des pancartes portant le message «Ne subventionnons pas la culture produite par l’IA» étaient visibles durant le rassemblement.
Celles-ci étaient munies d'un code QR. Noovo Info a constaté qu'il redirigeait vers un document produit par Illustration Québec intitulé L'illustration et l'intelligence artificielle: miracle ou mirage?
Sur scène, l'illustrateur Pascal Colpron, notamment connu pour la série de bande dessinée Mort et déterré, a soutenu que la culture était «l'âme d'un peuple» et que les illustrateurs souhaitent la défendre.
Selon M. Colpron, le travail de plusieurs de ses collègues est pillé «impunément» par des modèles d'intelligence artificielle afin de les entraîner. Des modèles décrits comme étant «des monstres».
«Ce n'est pas de la culture, c'est du vol!»
Pour l'illustrateur, il ne faut pas «engraisser» les géants technologiques mais bien encourager la création ainsi que la culture locale.
De plus, les contrats se font de plus en plus rares pour lui et ses collègues, a-t-il indiqué.
«Nous sommes poussés vers la précarité», affirme M. Colpron.
Cette sortie survient alors que l'intelligence artificielle est de plus en plus utilisée par des maisons d'édition pour les couvertures de leurs ouvrages.
En avril 2024, un dossier publié par le quotidien La Presse montrait quelques exemples d'utilisations de l'intelligence artificielle dans le milieu littéraire. Ils provenaient notamment de livres jeunesse.
Pas la première fois
Ce n'est pas la première fois que le milieu des illustratrices et des illustrateurs prend la parole pour dénoncer l'utilisation de l'intelligence artificielle au lieu d'un travail fait par une personne du milieu.
En juillet dernier, le Festival d'été de Québec (FEQ) a fait l'objet de plusieurs critiques alors que pour l'édition 2025, l'intelligence artificielle a été utilisée pour la conception des affiches.
«Ce qui est difficile dans l'IA, c'est que ça vient se nourrir d'œuvres déjà existantes sans rétribuer les artistes», avait déploré Aurore Juin auprès de Noovo Info. «L'IA utilise tout notre travail, tous nos cerveaux pour recracher des images».
En novembre 2024, c'était au tour du musée Pointe-à-Callière situé à Montréal d'être critiqué pour avoir utilisé l'IA.
Dans ce cas-ci, c'était également pour des affiches. Celles-ci faisaient la promotion d'une exposition portant sur les sorcières.
«Cette pratique a tendance à déprécier le travail des artistes professionnels et contribue à un appauvrissement du secteur des arts visuels», avait dénoncé la directrice générale d'Illustration Québec de l'époque, Stéphanie Lemétais.


