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«Ils n'ont pas appliqué les directives en matière de violence conjugale auprès de Daphnée et de son ex-conjoint et ça, c'était su par leur employeur», a affirmé l'une des avocats représentant la famille, Me Virginie Dufresne-Lemire.
La famille proche de Daphné Huard-Boudreault, qui a été assassinée par son ex-conjoint Anthony Pratte-Lops en mars 2017, poursuit la Régie intermunicipale de police Richelieu Saint-Laurent pour avoir commis de nombreuses fautes, notamment d'avoir négligé leur intervention avant les faits.
Le père Éric Boudreault, la belle-mère Claudine Halde, la mère de la victime Mélanie Huard et la soeur Léonie Huard-Boudreault, ainsi que le demi-frère Malik Boudreault réclament près de 1 million de dollars en dommages en raison d'un «choc post-traumatique dont ils subissent encore à ce jour les conséquences» en lien avec les événements.
Le 22 mars 2017, Daphné Huard-Boudreault avait été retrouvée poignardée dans l’appartement de son ex-conjoint Anthony Pratte-Lops. Peu de temps avant, la jeune femme avait contacté la police parce qu’elle craignait son ex-copain, qui n’acceptait pas la rupture. M. Pratte-Lops la harcelait depuis quelques jours. Le matin du drame, il s’était rendu au dépanneur où elle travaillait et l’attendait dans sa voiture. Le jour même, elle avait subi de l’intimidation par textos de son ex-conjoint.
Les membres de la famille reprochent notamment aux policiers, qui sont intervenus deux fois avant le drame, de ne pas avoir réagi dans un «contexte de violence conjugale» post-séparation. Ils soutiennent que les agents ont «contrevenu à la norme élémentaire du policier normalement prudent et diligent placé dans les mêmes circonstances, ce qui a causé de manière directe le décès de Daphné.»
«Les préposés de la Régie intermunicipale de police Richelieu Saint-Laurent ont commis une faute en exigeant que des menaces ou des blessures physiques constatées sur la victime soient nécessaires pour enclencher l’application des directives en matière de violence conjugale», lit-on dans la poursuite déposée par le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats.
Selon la demande introductive d'instance, les policiers n'auraient pas suivi les directives en matière de violence conjugale et auraient minimisé certains éléments prouvant que la victime était en danger.
«Ils n'ont pas appliqué les directives en matière de violence conjugale auprès de Daphnée et de son ex-conjoint et ça c'était su par leur employeur», a affirmé l'une des avocats représentants la famille, Me Virginie Dufresne-Lemire.
En mars 2022, les agents Brigitte Légaré et Martin Fisette, de la Régie Richelieu-Saint-Laurent, ont participé à une audience en déontologie policière lors de laquelle la famille a appris que les «hauts dirigeants de la police étaient au fait de l’interprétation et de l’application erronée des directives en matière de violence conjugale par ses préposés, et ce, sans qu’aucune correction ne soit apportée.»
«Ce qu'on comprend de l'enquête en déontologie, c'est que les policiers ont expliqué qu'eux ne pouvaient pas appliquer la directive, tant qu'il n'y avait pas de menaces ou blessures corporelles et que c'était su par leur employeur que c'était de cette manière qu'ils appliquaient la directive. C'est ça qui nous a beaucoup choqués», a ajouté Me Dufresne-Lemire.
D'ailleurs, Anthony Pratte-Lops avait coupé court à un procès, en plaidant coupable à une accusation réduite de meurtre non prémédité. Il avait alors écopé de la prison en vie sans possibilité de libération avant 18 ans. L’homme était connu des services policiers entre autres pour des infractions à la sécurité routière, alors qu’il était connu pour son tempérament bouillant.
En 2020, un coroner avait d'ailleurs recommandé une meilleure formation des policiers face à ce genre de féminicide.
Avec les informations de Marie-Pier Boucher pour Noovo Info