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Mélanie Joly juge que les retombées de l'accord d'achat des F-35 sont insuffisantes

«Les bénéfices industriels ne sont pas assez grands. Il faut en faire beaucoup plus, on s'attend à beaucoup plus.»

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cec0d7bac7c78c0171eb126a12aa9685a87e2b3a26dbfcacb12d4a9eafabd186.jpg La ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, s'adresse aux journalistes alors qu'elle se rend à une réunion du Cabinet sur la colline du Parlement, à Ottawa, le mardi 18 novembre 2025. (Adrian Wyld | La Presse canadienne)

La ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, affirme que le gouvernement libéral estime que les retombées industrielles de son contrat pour l'achat d'avions de combat furtifs F-35 fabriqués aux États-Unis ne sont pas suffisantes pour le Canada.

«Les bénéfices industriels ne sont pas assez grands. Il faut en faire beaucoup plus, on s'attend à beaucoup plus», a déclaré Mme Joly aux journalistes de la colline du Parlement.

«On va donc continuer à pousser pour que nos entreprises canadiennes puissent avoir, non seulement, une partie de ces contrats-là, mais aussi puissent créer des emplois», a-t-elle ajouté.

Ses commentaires interviennent alors que la société suédoise Saab envisage de s'implanter au Canada pour construire ses avions de combat Gripen en réponse à une forte augmentation de la demande ukrainienne.

L'Ukraine cherche à renforcer son armée de l'air avec des avions modernes, dont une centaine de chasseurs Rafale français et plus d'une centaine de Gripen fabriqué par Saab.

Le PDG de Saab, Micael Johansson, a déclaré que la demande de Kyiv pour les Gripen doublerait les besoins de production de l'entreprise, la contraignant à augmenter sa capacité de production en Europe ou, éventuellement, au Canada.

Mme Joly affirme que l'entreprise suédoise de défense propose une production qui pourrait créer 10 000 emplois au Canada, mais Ottawa devra examiner attentivement cette offre.

Le gouvernement fédéral s'est engagé à acheter les 16 premiers avions F-35A fabriqués par Lockheed Martin sur un achat prévu de 88 appareils destinés à remplacer la flotte vieillissante de CF-18 Hornet du Canada.

Mais le gouvernement libéral a lancé au printemps une révision du reste de l'achat des 88 appareils F-35, après que le président américain Donald Trump a déclenché une guerre commerciale avec le Canada.

Mme Joly a déclaré le mois dernier que le gouvernement fédéral n'avait pas exclu la possibilité d'une flotte mixte de chasseurs. Elle a ajouté qu'une option pour Ottawa serait de procéder à l'acquisition d'une petite flotte de F-35 tout en acquérant une flotte distincte de Gripen.

L'idée de constituer une flotte mixte d'avions au Canada est controversée et pourrait s'avérer coûteuse.

Tom Lawson, ancien chef d'état-major de la défense, a souligné que «rien ne se rapproche» du F-35 en tant qu'avion de combat moderne et que tout autre choix serait «tellement inférieur que forcer l'armée de l'air à les acquérir et à les utiliser à l'avenir les reléguerait à des décennies d'inutilité dans toutes les opérations auxquelles ils pourraient être appelés à participer».

Mais, selon la ministre Joly, les efforts de l'Ukraine pour se procurer des avions provenant de différents fournisseurs montrent qu'«une flotte mixte, c'est possible».

L'examen par le Cabinet de l'acquisition des F-35 se poursuit, même si le ministre de la Défense, David McGuinty, a déclaré il y a plusieurs mois que le premier ministre Mark Carney rendrait une décision d'ici la fin de l'été.

Le secrétaire d'État à l'Approvisionnement de la Défense, Stephen Fuhr, a confié à la commission de la défense de la Chambre des communes qu'un rapport d'examen du F-35 produit par le ministère de la Défense nationale avait été envoyé au cabinet du premier ministre et que M. Carney l'avait probablement ouvert.