Le gouvernement du premier ministre Mark Carney prépare des mesures de soutien financier pour le secteur forestier, alors que les États-Unis augmentent les droits de douane sur le bois d'œuvre canadien.
M. Carney a promis mardi un programme d'aide à l'industrie comprenant 700 millions $ en garanties de prêts et 500 millions $ en soutien à long terme pour aider les entreprises à diversifier leurs marchés d'exportation et à développer leurs produits.
Cette promesse fait suite à l'intensification des tensions commerciales avec les États-Unis concernant le bois d'œuvre, un point de friction de longue date dans les relations commerciales canado-américaines.
Le département du Commerce des États-Unis a récemment annoncé son intention de relever les droits antidumping sur le bois d'œuvre canadien à un peu plus de 20 %, ce que le Conseil des industries forestières de la Colombie-Britannique a qualifié de «mesures commerciales injustifiées et punitives».
Il s'agit d'une augmentation marquée depuis la dernière révision du taux par les États-Unis, qui était auparavant d'un peu plus de 7 %.
Mardi, le premier ministre a présenté une série de mesures de soutien dans une scierie de West Kelowna, en Colombie-Britannique. Il a soutenu que le Canada serait son meilleur client en s'appuyant davantage sur le bois canadien, alors qu'il s'efforce de doubler le rythme de construction de nouvelles maisons pour atteindre près de 500 000 par année au cours de la prochaine décennie.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a réagi à l'annonce en indiquant qu'elle représentait un «gain» pour sa formation politique. Il a affirmé en entrevue que le plan de M. Carney met «en place des mesures qui ont été proposées par le Bloc de façon répétée depuis le tout début de la campagne électorale».
M. Blanchet a toutefois soutenu qu'il n'était pas nécessaire de mettre un plafond de 700 millions $ en garanties de prêts, estimant que ce montant pourrait être plus élevé «parce que ce sont des entreprises qui sont solvables, donc c'est pratiquement à coûts nuls pour le gouvernement».
Le chef du Bloc a cependant dit avoir des doutes à savoir si cette annonce est à la hauteur des besoins de l'industrie.
«500 millions $ pour l'innovation et la transformation, ça pourrait être trop peu. Mais en même temps, je présume que, si la demande est élevée puis que les effets sont perceptibles, c'est un programme qui peut être mieux garni le cas échéant», a-t-il soutenu.
Le programme «Maisons Canada» cet automne
La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, a réitéré, en français, l'annonce du premier ministre lors d'une conférence de presse à Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue.
«Nous travaillons activement à doubler la construction de logements au Canada à 500 000 par année. Une mesure qui devrait doubler la demande intérieure pour du bois d'œuvre résineux canadien», a expliqué la ministre devant les journalistes.
Cela représenterait une augmentation de près de deux milliards de pieds-planches, et permettrait de doubler la demande de panneaux structuraux, soit une augmentation de près d'un milliard de pieds carrés, selon le gouvernement.
Conformément à l'annonce faite par M. Carney, Mme Gull-Masty a également indiqué que le gouvernement lancerait cet automne le programme «Maisons Canada», qui permettra au Canada de se remettre à construire des maisons abordables, en utilisant la technologie, la main-d'œuvre et le bois d'œuvre canadiens.
Le gouvernement mettrait également en place un programme de formation pour le perfectionnement et le recyclage des travailleurs, qui comprendra 50 millions $ pour ceux du secteur forestier.
«À ce moment charnière de son histoire, le Canada commence à passer de la dépendance à la résilience», a assuré Mark Carney depuis West Kelowna. «Ensemble, nous allons écrire notre propre histoire, plutôt que de laisser les autres nous dicter la leur.»
«Nous bâtissons une seule économie canadienne au lieu de 13», a-t-il déclaré, faisant référence au nombre de provinces et de territoires au Canada.
