Économie

La riposte canadienne n'a pas été ajustée pour éviter des effets néfastes, dit Carney

«Nous avons toujours dit que nous appliquerons des tarifs là où ils auront un impact maximal aux États-Unis et un impact minimal au Canada.»

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Le premier ministre Mark Carney alors qu'il visitait dimanche le port de Vancouver. Le premier ministre Mark Carney alors qu'il visitait dimanche le port de Vancouver. (LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck)

Le premier ministre Mark Carney justifie le fait qu'il n'a pas augmenté les droits de douane canadiens visant des marchandises américaines par sa volonté d'éviter de prendre des mesures de rétorsion qui ont des effets négatifs de notre côté de la frontière.

«Nous avons toujours dit que nous appliquerons des tarifs là où ils auront un impact maximal aux États-Unis et un impact minimal au Canada. Alors nous n'ajustons pas automatiquement», a-t-il dit mardi au cours d'un point de presse à Kelowna, en Colombie-Britannique.

M. Carney fait face à des pressions afin qu'il amplifie la riposte canadienne aux multiples salves tarifaires de l'administration américaine de Donald Trump.

En Ontario, le premier ministre Doug Ford a été particulièrement insistant dans ses appels à ce que le Canada réplique dollar pour dollar, plaidant que M. Trump comprend bien les démonstrations de force.

Depuis le début de la guerre tarifaire, le gouvernement canadien a mis en place des mesures de représailles, communément appelées «contre-tarifs», à trois reprises. Celles-ci totalisent, selon les calculs d'Ottawa, des importations américaines évaluées à 95,4 milliards $.

Le gouvernement a toutefois changé de trajectoire en juin, puisqu'il n'a pas augmenté sa riposte après que Washington a doublé ses droits de douane sur l'acier et l'aluminium, les faisant passer de 25 % à 50 %.

Depuis, la Maison-Blanche a fait grimper à 35 % la surtaxe appliquée à toutes les importations canadiennes, à l'exception des marchandises conformes à l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). 

Cette exemption est vaste, a pris soin de souligner, mardi, le premier ministre Carney.

«85 % de nos échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis sont faits sans droits de douane (...) Nous reconnaissons grandement la réaffirmation, par les États-Unis, de cet élément central de l'ACEUM», a-t-il dit.

Une fois de plus, il a noté que les droits de douane sectoriels, comme ceux sur l'acier et l'aluminium, font toutefois particulièrement mal aux industries touchées.

«Nous regardons ce que nous pouvons faire de plus efficace pour notre industrie», a-t-il ajouté alors qu'il venait d'annoncer une série de mesures visant à aider le secteur du bois d'œuvre, aussi visé par des surtaxes américaines qui ont récemment augmenté.

Le premier ministre n'a pas manqué de rappeler qu'une annonce a aussi été faite récemment dans le but d'aider l'industrie de l'acier. Un plan d'aide pour l'industrie de l'aluminium pourrait aussi suivre.

 

Renforcer les secteurs particulièrement touchés par la guerre tarifaire est au cœur de la réponse canadienne aux droits de douane américains, a fait valoir M. Carney.

«Cet agenda commence ici, en (devenant) nous-mêmes notre meilleur client. Cela passe par de grands investissements pour augmenter la compétitivité, pour aider nos travailleurs à améliorer leurs compétences et pour diversifier nos échanges commerciaux», a-t-il énuméré.

Par ailleurs, le premier ministre n'a offert aucune clarté sur le  prochain moment où il pourrait s'entretenir directement avec M. Trump.

Son ministre responsable du commerce entre les États-Unis et le Canada, Dominic LeBlanc, a affirmé dimanche, sur les ondes de CBS, qu'il s'attendait à ce que MM. Carney et Trump se parlent «au courant des prochains jours».

Émilie Bergeron

Émilie Bergeron

Journaliste