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Marjolaine Étienne, présidente de Femmes autochtones du Québec, insiste sur l'urgence «de veiller à la protection des femmes autochtones»
La présidente de Femmes autochtones du Québec, Marjolaine Étienne, est d'avis «qu'il est grand temps de reconnaitre enfin le racisme et la discrimination systémiques au Québec».
Par l'entremise d'une lettre ouverte transmise aux médias, Mme Étienne réagit aux propos du député caquiste d'Abitibi-Est, Pierre Dufour, concernant les femmes autochtones. M. Dufour a eu des propos méprisants dans le cadre de la tenue d'un conseil municipal de Val-d'Or concernant les enjeux d'itinérance et de délinquance dans cette municipalité.
«Les propos blessants et choquants du député Pierre Dufour sont tout à fait inacceptables et irrecevables pour l’ensemble des femmes et des filles autochtones du Québec», fait savoir Marjolaine Étienne.
M. Dufour aurait notamment contesté les conclusions de la Commission Viens qui a fait la lumière sur les relations entre les autochtones et des services publics du Québec. Le député a aussi affirmé que le reportage de l'émission Enquête, portant sur des cas d'abus de femmes autochtones par des policiers de la Sûreté du Québec, était «bourré de menteries».
M. Dufour s'est par la suite excusé, notamment via les réseaux sociaux, plaidant qu'il s'était alors «exprimé sous l'émotion» et que certains mots avaient «dépassé sa pensée».
Des excuses qui ne sont pas parvenues à trouver un écho favorable auprès de Mme Étienne.
«Cette réaction sous le "coup de l’émotion", tel qu’il la décrit, est plutôt l’expression libre et franche du racisme et de la discrimination systémiques qui sont bien réels à tous les niveaux de la société», mentionne-t-elle dans sa lettre ouverte.
La présidente de Femmes autochtones Québec estime que les paroles de Pierre Dufour remettent en cause le témoignage et l'intégrité de plusieurs femmes «qui ont eu l'immense courage, en 2015, de dénoncer les abus qu'elles sont subi».
Mme Étienne est également d'avis que les propos de M. Dufour «ont grandement nui à des organisations autochtones et allochtones dont le travail vise à co-construire avec les femmes autochtones une relation de confiance solide qui leur permette de trouver le courage de dénoncer de telles situations de violence».
Marjolaine Étienne croit qu'il est temps que le gouvernement du Québec cesse de «fermer les yeux» sur le problème de racisme et de discrimination systémiques au Québec.
«Les propos de M. Dufour doivent provoquer un véritable examen de conscience tant sur le plan individuel que gouvernemental alors que l’un de ses représentants va à l’encontre des efforts du gouvernement pour la réconciliation», a-t-elle affirmé.
La présidente de Femmes Autochtones Québec réitère d'ailleurs sa question, adressée en décembre dernier au premier ministre du Québec, François Legault et au ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, lors du dépôt d'une pétition réclamant au gouvernement de reconnaître l’existence du racisme et de la discrimination systémiques au Québec et d’adopter le Principe de Joyce: «Qu’attendez-vous pour nous écouter et être réellement nos alliés?»
Mme Étienne croit que tous les précédents rapports et enquêtes sur les femmes et les filles autochtones au Québec - la Commission Viens, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et le rapport sur les stérilisations imposées - confirment également «la nécessité de reconnaître le racisme et la discrimination systémiques.»
L'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador a réclamé la démission de Pierre Dufour, tout comme Québec solidaire.
Interpellé à ce sujet peu de temps après que les événements aient été médiatisés, le premier ministre François Legault s'est contenté d'indiquer que «M. Dufour s'était excusé et qu'il avait bien fait».