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Ils ont plaidé pour que les centres de santé dans les communautés autochtones de partout au Québec soient reconnus comme des partenaires à part entière.
À la toute dernière journée de consultations particulières sur la réforme du réseau de la santé proposée par le ministre Christian Dubé, les Premières Nations ont réclamé la reconnaissance explicite de leurs établissements de santé comme étant de réels partenaires du réseau.
Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, la directrice générale de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL), Marjolaine Sioui, l'analyste-conseil des politiques de la CSSSPNQL, Michel Deschênes, et le Dr Stanley Vollant se sont adressés aux élus.
Ils ont plaidé pour que les centres de santé dans les communautés autochtones de partout au Québec soient reconnus comme des partenaires à part entière ayant notamment accès aux renseignements de santé de leurs patients.
Michel Deschênes a rappelé qu'en commission parlementaire sur le projet de loi 3 portant sur les renseignements de santé, les Premières Nations se sont vu refuser l'accès au Dossier santé Québec. Les parlementaires auraient justifié ce refus en disant que ce n'était pas le bon endroit pour le faire puisque cela nécessitait une «réforme de structure».
«On doit reconnaître ces établissements-là, a dit M. Deschênes. Je pense que c'est une première étape. Puis, on pourra s'entendre pour avoir accès au DSQ par exemple.»
Pour illustrer l'aberration du manque de communication, le Dr Vollant a donné en exemple le dédoublement de nombreux services. Des patients autochtones doivent subir des examens en double dans leur communauté, puis dans les hôpitaux ou autres cliniques des villes où ils sont parfois référés.
Selon le chirurgien appartenant à la nation Innu, le partage de données bénéficierait à la fois aux dispensaires au sein des communautés qu'aux médecins des hôpitaux québécois. Il a donné l'exemple d'un patient de la communauté de Manawan qui reçoit des soins chez lui et à Joliette. Le personnel des deux établissements profiterait de mieux connaître l'historique du patient.
Ce qu'on reproche également à la version actuelle du PL-15, c'est l'oubli d'inclure les communautés non conventionnées, c'est-à-dire celles qui ne font pas partie de la Convention de la Baie-James. C'est le cas de la forte majorité des nations puisque seuls les Cris, les Naskapis et les Inuits sont dits «conventionnés».
Pour expliquer cette omission, le ministre Christian Dubé a évoqué une volonté de ne pas empiéter sur la juridiction fédérale en matière de services de santé aux communautés autochtones puisque c'est Ottawa qui finance ces établissements.
«C'est au-delà de juste la partie financière, a réagi Marjolaine Sioui. Quand on parle de corridors de services, d'arrimages avec le réseau, on voit des inégalités.»
Le chef Picard a renchéri en mentionnant que les Autochtones sont coincés entre le système de soins géré par Québec et la juridiction fédérale.
«On est les bénéficiaires des services, mais on n'a aucun contrôle», a-t-il souligné.
Dans son mémoire déposé aux parlementaires, la CSSSPNQL soumet 11 recommandations visant à bonifier le projet de loi 15.
On demande d'abord à ce que «les établissements de santé et de services sociaux sous l’autorité des conseils de bande soient reconnus» dans la loi comme étant autonomes et partenaires du réseau de santé. Du même coup, on insiste sur la nécessité de respecter «le principe d’une gouvernance autonome par les Premières Nations».
De plus, les représentants autochtones proposent la création d'un comité national des Premières Nations qui aurait un rôle consultatif auprès du ministre de la Santé et de son collègue des Services sociaux. Ce comité participerait à l'élaboration de programmes, de plans d'action ou de modifications législatives ou réglementaires.
Le CSSSPNQL souhaite aussi que l'on enchâsse dans la future «Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace», les principes de sécurisation culturelle établis par les Premières Nations.