Environnement

Marineland demande à Ottawa des fonds d'urgence pour nourrir les baleines

Marineland affirme être lourdement endetté et se retrouve rapidement à court d'argent.

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73712cb64e9800de2a3f8549640d2e2d9b71fecfa9aaf0cb03ac9aee1e933be5.jpg Marineland a demandé à Ottawa des fonds d'urgence pour nourrir et soigner ses baleines, affirmant que, sans cet argent, l'euthanasie serait imminente. Des bélugas nagent dans un bassin du parc d'attractions Marineland, à Niagara Falls, en Ontario, le vendredi 9 juin 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Chris Young, archives (Chris Young | La Presse canadienne)

Marineland a demandé à Ottawa des fonds d'urgence pour nourrir et soigner ses baleines, affirmant que, sans cet argent, l'euthanasie serait imminente. 

Le parc aquatique a soutenu que le décès de ces animaux sera une «conséquence directe» de la décision du ministre des Pêches de refuser les permis d'exportation pour les bélugas. 

Plus tôt cette semaine, la ministre des Pêches, Joanne Thompson, a rejeté la demande de Marineland d'exporter 30 bélugas vers Chimelong Ocean Kingdom, un aquarium en Chine.

Mme Thompson a expliqué qu'elle ne soumettrait pas les bélugas à de futurs spectacles en captivité, conformément à une loi fédérale adoptée en 2019.

Marineland a indiqué que cette décision «interdit de fait» l'exportation des baleines vers tout aquarium opérationnel au monde.

«Nos seules options à ce stade sont de relocaliser les baleines ou de faire face à la décision dévastatrice de l'euthanasie», a écrit Marineland dans une lettre adressée à Mme Thompson vendredi. «C'est une issue que nous essayons désespérément d'éviter.»

Vingt baleines — un épaulard et 19 bélugas — sont mortes au parc depuis 2019, selon une base de données créée par La Presse Canadienne à partir de dossiers internes et de déclarations officielles.

L'attraction touristique de Niagara Falls est à vendre depuis début 2023, mais aucune transaction n'a encore été conclue. Les animaux constituent un obstacle pour toute entreprise souhaitant acquérir cet immense terrain situé à un kilomètre des chutes Horseshoe et au cœur de l'industrie touristique de la région.

Le parc à court d'argent

«Nous sommes endettés et nos ressources pour fournir des soins adéquats aux baleines s'épuisent rapidement», a écrit Marineland à la ministre Thompson.

Le parc a demandé un financement opérationnel immédiat pour prendre soin des baleines jusqu'à ce qu'une relocalisation appropriée soit organisée.

Un projet de sanctuaire en Nouvelle-Écosse est au point mort depuis quelques années et ne constitue pas une option viable, a fait valoir Marineland.

«Cela nous place dans une situation précaire, car Marineland n'a connaissance d'aucune installation, où que ce soit dans le monde, qui remplisse les conditions fixées par le ministre pour l'exportation de ces animaux majestueux», a souligné le parc.

Mme Thompson a déclaré plus tôt cette semaine que toutes les baleines ont leur place dans l'océan, mais qu'elle était ouverte à «examiner d'autres décisions qui concernent réellement la santé et le bien-être des baleines».

Interrogée sur la suite des événements, elle a répondu que «cette décision appartenait à Marineland».

Le parc aquatique a sollicité l'aide de Mme Thompson pour identifier d'autres installations susceptibles d'accueillir les baleines.

«Nous comprenons et apprécions que la ministre soit fermement opposée à la captivité et nous ne nous opposons pas à ce point de vue», a écrit Marineland.

«Cependant, il est important de reconnaître que ces baleines sont nées en captivité. Les relâcher dans l'océan entraînerait malheureusement leur disparition immédiate.»

Le cabinet de Mme Thompson a affirmé vendredi n'avoir reçu qu'une seule série de permis pour les bélugas restants à Marineland, qui a été rejetée, et qu'elle restait ouverte à d'autres demandes d'exportation conformes à la Loi sur les pêches.

«La ministre Thompson rejette également les hypothèses formulées par Marineland dans la lettre quant à ce qu'elle approuvera ou non. Chaque demande de permis sera évaluée en fonction de son bien-fondé», a écrit son cabinet dans un courriel à La Presse Canadienne.

Le cabinet a ajouté que Mme Thompson est «très consciente du fait que les bélugas ne peuvent être relâchés dans la nature, et elle ne l'a d'ailleurs pas suggéré».

Des interdictions depuis 2019

En 2019, le gouvernement fédéral a interdit la captivité des baleines et des dauphins, avec une exemption limitée pour la recherche scientifique. La loi ne s'appliquait pas aux mammifères marins déjà présents à Marineland.

Les nouvelles lois interdisaient également la reproduction – ce qui a forcé Marineland à séparer ses bélugas mâles et femelles –, interdisaient les spectacles et interdisaient l'importation ou l'exportation de mammifères marins, bien qu'une exception soit prévue pour permettre à un ministre d'exporter les animaux si cela est dans leur intérêt. 

Marineland a demandé que Mme Thompson lui réponde d'ici mardi.

«Si nous ne recevons pas de réponse d'ici cette date, nous ne pourrons que présumer que les réponses à nos demandes sont négatives», a-t-il écrit.

«Dans un tel scénario malheureux, nous informerons toutes les parties prenantes et le public et prendrons les mesures qui découleront directement de la décision de la ministre.»

Le bureau de la ministre Thompson a réitéré vendredi que cette dernière n'a de pouvoir que sur l'approbation ou le rejet des permis d'exportation.

Quatre dauphins, quelques phoques et otaries, ainsi qu'un contingent d'ours et de cerfs se trouvent également à Marineland.

Un jeune béluga est mort en février, tandis qu'un autre béluga et un phoque commun sont morts dans le parc à la mi-août.

Liam Casey

Liam Casey

Journaliste