Début du contenu principal.
Le «Pacte pour l’avenir», un document de 67 pages, met au défi les dirigeants des 193 pays membres de l’ONU de transformer leurs promesses en actions réelles.
L’Assemblée générale des Nations Unies a approuvé dimanche un plan directeur visant à rassembler les nations de plus en plus divisées du monde pour relever les défis du XXIe siècle, des changements climatiques à l’intelligence artificielle, en passant par l’escalade des conflits et l’augmentation des inégalités et de la pauvreté.
Le Pacte pour l’avenir, un document de 67 pages, met au défi les dirigeants des 193 pays membres de l’ONU de transformer leurs promesses en actions réelles qui feront une différence dans la vie des plus de 8 milliards d’habitants de la planète.
Le pacte a été adopté à l’ouverture du «Sommet de l’avenir» de deux jours convoqués par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui a remercié les dirigeants et les diplomates d’avoir fait les premiers pas et d’avoir ouvert la porte vers un avenir meilleur.
Il a indiqué que ces résolutions préservent le multilatéralisme «des affres de l'échec».
M. Guterres a lancé un défi aux dirigeants: mettre en œuvre le pacte, donner la priorité au dialogue et aux négociations, mettre fin aux «guerres qui déchirent le monde» du Moyen-Orient à l’Ukraine et au Soudan. Il les a exhortés à réformer le puissant Conseil de sécurité de l’ONU, à accélérer les réformes du système financier international, à accélérer la transition vers l’abandon des énergies fossiles, à écouter les jeunes et les inclure dans la prise de décision.
Le sort du pacte a été incertain jusqu’au dernier moment. Le suspense était tel que M. Guterres avait préparé trois discours, un pour l’approbation, un pour le rejet et un pour les cas où les choses n’étaient pas claires, a indiqué le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric.
«Personne n’est satisfait de ce pacte», a estimé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Vershinine.
Le sommet s’est ouvert avec une proposition d’amendements de sa part qui auraient considérablement dilué le pacte. S’exprimant au nom des 54 pays africains – qui s’opposaient aux amendements de la Russie – la République du Congo a répliqué par une motion pour ne pas voter sur les amendements. Cette motion a été approuvée avec des applaudissements. La Russie n’a reçu le soutien que de l’Iran, de la Biélorussie, de la Corée du Nord, du Nicaragua, du Soudan et de la Syrie.
Le président de l’Assemblée, Philémon Yang, a ensuite soumis le pacte au vote puis a frappé du marteau, signifiant le consensus des 193 pays membres de l’ONU, ce qui était nécessaire pour son approbation.
La Russie a fait des percées significatives en Afrique – dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la République centrafricaine – le rejet par le continent de ses amendements avec le Mexique, une grande puissance latino-américaine, a été perçue comme un coup porté à Moscou par certains diplomates et observateurs.
M. Yang a annoncé avant les discours des dirigeants mondiaux que ceux-ci seraient mis en sourdine après cinq minutes – un événement rare aux Nations Unies, où la discussion est la colonne vertébrale. Parmi ceux qui ont continué à parler après que leurs micros ont été coupés, on compte le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, l’émir du Koweït Sheikh Meshal Al Ahmad Al Jaber et le président irlandais Michael Higgins.
Le Pacte pour l’avenir indique que les dirigeants mondiaux reconnaissent que le monde vit de profondes transformations. Il met en garde contre «des risques catastrophiques et à des menaces existentielles de plus en plus grandes» qui pourraient faire basculer les peuples du monde entier vers «un avenir fait de crises permanentes et d'effondrements en série».
Pourtant, indique-t-il, les dirigeants se réunissent à l’ONU à un moment d’espoir et d’opportunité «pour protéger les besoins et les intérêts des générations présentes et futures grâce aux mesures prévues dans ce Pacte pour l’avenir».
Le pacte comprend 56 actions sur des questions telles que l’éradication de la pauvreté, l’atténuation du changement climatique, l’égalité des sexes, la promotion de la paix, la protection des civils et la redynamisation du système multilatéral. Le secrétaire général Guterres a souligné un certain nombre de dispositions clés du Pacte pour l’avenir et de deux annexes qui l’accompagnent, un Pacte numérique mondial et une Déclaration sur les générations futures.
Le pacte engage les dirigeants à réformer le Conseil de sécurité composé de 15 membres, afin de le rendre plus représentatif du monde d’aujourd’hui et de remédier «au problème de la sous-représentation dont ont longtemps souffert l'Afrique, l'Asie-Pacifique et l'Amérique latine».
Il représente également «le premier soutien multilatéral convenu en faveur du désarmement nucléaire depuis plus d’une décennie», a déclaré M. Guterres, et il s’engage à prendre des mesures «visant à empêcher la militarisation des nouvelles technologies».
Le Pacte numérique mondial «inclut le premier accord véritablement universel sur la gouvernance internationale de l’intelligence artificielle», a déclaré le chef de l’ONU.
Le pacte engage les dirigeants à créer un groupe scientifique international indépendant au sein des Nations Unies pour promouvoir la compréhension scientifique de l’IA, de ses risques et de ses opportunités. Il engage également l’ONU à démarrer un dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA avec tous les acteurs clés.
Les mesures prévues dans le pacte comprennent également des mesures «visant à mettre en place une riposte immédiate et coordonnée face à ces chocs mondiaux complexes», notamment les pandémies, a ajouté M. Guterres. Il comprend également «un engagement inédit des gouvernements à écouter les jeunes et à les faire participer à la prise de décision». En ce qui concerne les droits de l’homme, M. Guterres a déclaré: «Face à la montée de la misogynie et au recul des droits des femmes en matière de procréation, les gouvernements se sont expressément engagés à lever les obstacles sociaux, économiques et culturels qui empêchent les femmes et les filles de s'épanouir dans tous les domaines».