Santé

L'obésité est en augmentation chez les Canadiens, particulièrement les jeunes adultes

Chez les enfants âgés de 5 à 17 ans, près d'un jeune sur trois était considéré comme étant en situation d'embonpoint ou d'obésité.

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5db98f288064fae09b172068dca691e0e08917c3b2ce48b3156c0719c3043a82.jpg Un homme utilise un ruban pour mesurer son tour de taille en Californie, le 9 janvier 2025. (AP Photo/JoNel Aleccia) (AP Photo)

L'obésité et l'embonpoint sont en croissance dans tous les groupes d'âge parmi les adultes, montrent de nouvelles données publiées jeudi par Statistique Canada. La prévalence de l'obésité augmente en particulier chez les jeunes adultes, tandis qu'elle est stable chez les enfants.  

De manière générale, 68 % des adultes canadiens de 18 à 79 ans avaient un indice de masse corporelle (IMC) les classant en situation d'embonpoint ou d'obésité pour la période de 2022 à 2024. Cette proportion était de 60 % en 2016 à 2019. 

Toujours entre 2022 et 2024, 40 % des hommes et 30 % des femmes faisaient de l'embonpoint. Si l'on combine ces personnes à celles en situation d'obésité, environ les trois quarts des hommes et les deux tiers des femmes présentaient un IMC associé à des risques accrus pour la santé. 

Chez les enfants âgés de 5 à 17 ans, près d'un jeune sur trois était considéré comme étant en situation d'embonpoint ou d'obésité. Cette proportion n'a pas changé de manière significative au fil du temps, indique le rapport de Statistique Canada, spécifiant cependant que cela est préoccupant étant donné qu'il y a «des risques pour la santé à long terme liés à un excès de poids durant l'enfance». 

Le changement le plus marqué a été observé chez les personnes âgées de 18 à 39 ans. Pour les hommes, la prévalence de l'obésité est passée de 22 % pour la période de 2016 à 2019 à 33 % au cours de celle de 2022 à 2024. Chez les femmes, elle a bondi de 17 % à 29 %.

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Kaberi Dasgupta, médecin, chercheuse et professeure de médecine à l'Université McGill, a été surprise par l'ampleur de cette augmentation. 

Elle souligne par ailleurs que c'est plus facile de prévenir une prise de poids que de la perdre après, ce qui lui fait se demander comment on peut aider les gens qui sont désormais aux prises avec un problème de poids. «Parce que c'est sûr qu'on doit toujours parler de prévention et prévenir que les enfants ne développent pas plus tard l'obésité, mais maintenant, on a une grosse tranche de gens qui sont assez jeunes, qui ont déjà l'obésité», soulève-t-elle. 

Dre Dasgupta est d'avis que les conseils diététiques et pour l'exercice devraient être couverts par le régime public afin de prévenir une autre hausse de l'obésité au sein de la population. 

«Il faut que les gouvernements prennent ça sérieux. [...] Ce n'est pas suffisant de faire la collecte de données. Il faut agir sur ça, et ça va prendre des politiques assez importantes», fait valoir la spécialiste. 

La pandémie, un facteur unique 

La pandémie est ciblée comme un facteur ayant contribué à la prise de poids. «Comme chez les adultes, certaines données indiquent que la pandémie a entraîné une hausse du temps passé devant un écran et de la consommation de collations, ce qui pourrait avoir contribué à l'augmentation du surpoids chez les enfants et les jeunes», peut-on lire dans le rapport. 

«L'impact de la COVID était peut-être plus grand que ce qu'on a pensé et ça représente un vrai défi. [...] La COVID a vraiment donné une bonne poussée à la prévalence et là, on doit agir sur ça comme un phénomène un peu unique», soutient Dre Dasgupta, qui est également directrice du Centre de recherche évaluative en santé de l'Institut de recherche du CUSM. 

Les données du rapport proviennent de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé pour lesquelles il y a eu des mesures directes de la taille, du poids et du tour de taille. «La taille et le poids ont servi à calculer l'IMC, l'indicateur le plus couramment utilisé pour évaluer l'embonpoint et l'obésité», selon le rapport. Toutefois, l'IMC est critiqué par plusieurs experts puisqu'il ne fait pas la distinction entre la masse musculaire et la masse graisseuse. 

Les mesures ont également permis de déterminer que près de la moitié des adultes avaient un tour de taille supérieur au seuil pour l'obésité abdominale (plus de 102 cm pour les hommes et plus de 88 cm pour les femmes). On constate d'ailleurs que cette tendance est plus courante chez les femmes. 

La prévalence de l'obésité abdominale croît de façon constante avec l'âge. Elle concerne 31 % des hommes 18-39 ans, contre 55 % des 60-79 ans. Cela touche 39 % des femmes du groupe plus jeune et 66 % du groupe plus âgé. 

«L'embonpoint, l'obésité et l'obésité abdominale sont associés à un risque accru de développer des maladies graves telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et l'hypertension, de même que certains cancers», avertit l'organisme national de statistique. 

La Dre Dasgupta est mitigée par rapport aux médicaments qui agissent sur l'obésité, comme le sémaglutide. «Ça va poser beaucoup de questions pour la santé publique, les médecins, pour décider quoi faire. Parce que ça [concerne] une bonne proportion de la population. On ne veut pas médicamenter tout le monde, mais il faut agir», plaide-t-elle, ajoutant qu'il ne faut pas non plus stigmatiser les patients. 

Katrine Desautels

Katrine Desautels

Journaliste