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Reconduire Sébastien Lecornu? Appeler la gauche à Matignon? Choisir une autre personnalité? Lancer de nouvelles consultations?
La balle est dans le camp du président français: Emmanuel Macron doit nommer un nouveau chef de gouvernement d’ici vendredi soir, avec l’espoir d’éviter une dissolution et de mettre un terme à la crise politique qui ébranle la deuxième économie européenne.
Reconduire Sébastien Lecornu? Appeler la gauche à Matignon? Choisir une autre personnalité? Lancer de nouvelles consultations? Accepter de remettre en débat la réforme des retraites?
Emmanuel Macron, resté dans l’ombre depuis la démission surprise de son premier ministre lundi matin, se retrouve en première ligne désormais, avec plusieurs options entre les mains mais surtout beaucoup de questions. Une certitude cependant: il tranchera d’ici vendredi soir, comme il l’a fait savoir mercredi, après une intervention télévisée de Sébastien Lecornu.
La crise politique heurte de plein fouet un autre évènement politique incontournable pour le chef de l’État: la cérémonie d’entrée au Panthéon de Robert Badinter, l’artisan de l’abolition de la peine de mort en France.
Emmanuel Macron doit présider cette parenthèse mémorielle organisée de longue date à 19h, ce qui l’empêche de parler aux Français lors d’une éventuelle allocution le soir.
Avant cela, le chef de l’État doit s’adresser à 17h aux ministres des Affaires étrangères européens et arabes, réunis à Paris pour discuter des modalités d’un engagement collectif pour l’après-guerre dans la bande de Gaza.
Comme lors de précédents remaniements, le nom de Jean-Louis Borloo — un centriste âgé de 74 ans, ancien ministre sous les présidents de droite Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy — circulait mercredi en coulisses.
Poussée par la droite — Bruno Retailleau, président du parti Les républicains et ministre démissionnaire de l’Intérieur, l’a eu au téléphone dimanche, selon une source LR —, cette forte personnalité n’a cependant pas les meilleures relations avec le chef de l’État.
Interrogé par l’AFP, M. Borloo a démenti la rumeur, assurant n’avoir «aucun» contact avec l’entourage du président.
Mercredi soir, après s’être entretenu avec le président Macron au terme de sa mission de consultations de deux jours, Sébastien Lecornu a estimé que «les perspectives d’une dissolution s’éloignent», affirmant que «la situation permet pour le président de nommer un premier ministre dans les 48 prochaines heures», pour qu’un projet de budget soit déposé lundi au Parlement.
La future équipe gouvernementale devra être «complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027», a-t-il insisté sur la chaîne France 2. Et Sébastien Lecornu de prendre le soin de préciser que lui n’était «pas» candidat à l’Élysée.
Ensuite, il faudra «trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites», alors que la question d’une suspension de cette loi, exigée par les socialistes mais qui fracture le camp présidentiel, coûterait «pas moins de trois milliards d’euros» en 2027 selon lui.
Ce dossier s’annonce extrêmement épineux, notamment car la droite en a fait une ligne rouge, ce qui compromet peut-être sa participation au prochain exécutif. Le parti Horizons (centre-droit), dont le chef Édouard Philippe appelle à une présidentielle anticipée, est également opposée à tout retour en arrière.
Si Sébastien Lecornu assure ne pas «courir après le job» et avoir «terminé» sa «mission», plusieurs responsables politiques prêtaient mercredi à Emmanuel Macron la tentation de reconduire celui qui se décrit comme un «moine soldat», au risque d’ulcérer les oppositions qui ne cessent de fustiger «l’entêtement» du chef de l’État.
Le parti socialiste d’Olivier Faure continue, lui, d’appeler à une cohabitation avec une personnalité de gauche à Matignon. «S’il refuse la cohabitation, il devra partir», ont aussi lancé les écologistes mercredi soir dans un communiqué.
La France insoumise (gauche radicale), qui demande inlassablement la démission d’Emmanuel Macron, promet en tout cas de censurer «tout gouvernement de grande coalition», a dit le coordinateur Manuel Bompard, sans explicitement indiquer ses intentions dans le cas où le Parti socialiste serait nommé à Matignon.
Le Rassemblement national (extrême droite) est catégorique: «Je censurerai tous les gouvernements jusqu’à obtenir la dissolution», a prévenu sa cheffe de file Marine Le Pen.