Économie

L'inflation a ralenti à 1,7% en avril 2025 au Canada

Au Québec, l'inflation s'est établie à 2,2 % en avril, après avoir été de 1,9 % en mars.

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Une station-service au nord de Newcastle, en Ontario, affiche le prix du litre d'essence alors qu'un client termine de faire le plein, le mercredi 1er avril 2025. Une station-service au nord de Newcastle, en Ontario, affiche le prix du litre d'essence alors qu'un client termine de faire le plein, le mercredi 1er avril 2025. (Doug Ives | La Presse canadienne)

L'élimination de la tarification fédérale sur le carbone pour les consommateurs au début du mois d'avril a entraîné un ralentissement de l'inflation dans toutes les provinces canadiennes le mois dernier, à l'exception du Québec. Cependant, les signes de pression s'accumulent à l'épicerie.

À l'échelle nationale, l'inflation annuelle s'est établie à 1,7 % en avril, en baisse par rapport à 2,3 % en mars, a dévoilé Statistique Canada mardi. C'est un peu plus que le niveau de 1,6 % attendu par un groupe d'économistes.

Toutefois, la décision de la Banque du Canada sur les taux d'intérêt étant prévue pour le début du mois de juin, les probabilités du marché se sont inversées en faveur d'un nouveau maintien des taux par la banque centrale en réponse aux données sur l'inflation.

Dans son rapport, l'agence fédérale a souligné que ce recul est en grande partie attribuable à la baisse des prix de l'essence, qui ont diminué de 18,1 % d'une année à l'autre en avril.

«La baisse des prix observée en avril est principalement attribuable à l'élimination de la tarification du carbone», a confirmé l'agence fédérale.

De plus, les prix mondiaux du pétrole ont chuté en raison de la baisse de la demande et de l'augmentation de la production des pays de l'OPEP. Les prix du gaz naturel ont également reculé de 14,1 % en glissement annuel au cours du mois.

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Or, au Québec, l'inflation s'est établie à 2,2 % en avril, après avoir été de 1,9 % en mars.

Statistique Canada a précisé que le Québec est «la seule province où la croissance des prix s'est accélérée», puisque les prix de l'essence y ont diminué «dans une moindre mesure que dans les autres provinces».

L'une des premières mesures prises par le premier ministre Mark Carney lors de son entrée en fonction a été de supprimer la tarification du carbone pour les consommateurs.

«Au Québec, les consommateurs n'ont pas été touchés par l'élimination de la tarification fédérale sur le carbone, en raison du système de plafonnement et d'échange de droits d'émission en vigueur dans la province», a rappelé l'agence fédérale.

Les prix de l'essence ont tout de même diminué au Québec en avril par rapport à la même période l'an dernier, de 12,1 %. Statistique Canada a d'ailleurs noté que la diminution des prix du pétrole brut a aussi contribué au recul global des prix de l'essence.

Hausse du prix du panier d'épicerie

En excluant l'énergie de l'indice des prix à la consommation, l'inflation aurait été de 2,9 % en avril à l'échelle nationale, soit une accélération par rapport à 2,5 % pour le même calcul en mars.

Les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté de 3,8 % sur un an en avril, comparativement à 3,2 % en mars.

Sur une base annuelle, les prix des légumes frais ont augmenté de 3,7 %, ceux du bœuf frais ou surgelé, de 16,2 % et ceux du café et du thé, de 13,4 %.

L'inflation dans les magasins d'alimentation a ainsi dépassé l'indice global des prix à la consommation pendant un troisième mois consécutif.

Les voyageurs canadiens ont également ressenti les effets de la hausse des prix des voyages organisés, qui ont augmenté de 3,7 % en avril, après une baisse de 8 % en mars.

Les données sur l'inflation ont été publiées un peu plus de deux semaines avant la prochaine annonce de la Banque du Canada sur les taux d'intérêt, prévue le 4 juin.

La banque centrale a maintenu son taux directeur à 2,75 % lors de sa décision d'avril, faisant alors valoir qu'elle avait besoin de plus de temps pour évaluer l'impact de la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis.

Selon LSEG Data & Analytics, la probabilité sur les marchés financiers d’une baisse des taux d’intérêt en juin est tombée à un peu moins de 40 % mardi matin, contre environ 64 % à la fin de la semaine dernière.

Alors que les chiffres de l’inflation globale montraient des signes d’atténuation en avril, les mesures privilégiées de l’inflation sous-jacente de la Banque du Canada, qui excluent des facteurs comme la fin de la tarification du carbone, ont accéléré pour dépasser les 3 % au cours du mois.

Une décision difficile

L’économiste principal de la Banque CIBC, Andrew Grantham, a écrit mardi dans une note à ses clients que la banque centrale surveillerait attentivement cette tendance, parallèlement aux indications selon lesquelles le conflit tarifaire commençait à peser sur le marché du travail canadien.

Statistique Canada a rapporté plus tôt ce mois-ci que le taux de chômage national avait atteint 6,9 % en avril, le secteur manufacturier, sensible aux échanges commerciaux, ayant été touché.

«Les signes d’un nouvel affaiblissement de l’économie, comme le montrent les dernières données sur l’emploi, et la hausse de l’inflation sous-jacente, d’autre part, rendent la décision difficile à prendre par la Banque du Canada lors de sa réunion de début juin», a affirmé M. Grantham.

Andrew Hencic, économiste principal à la Banque TD, a indiqué dans une note que les signes d’une résurgence de l’inflation sous-jacente pourraient signifier que l’impact des droits de douane pourrait se manifester plus tôt que prévu dans les données sur les prix.

Comme M. Grantham, M. Hencic a précisé que le rapport d’avril sur l’inflation «compliquait» la prise de décision de la Banque du Canada.

La banque centrale relève généralement son taux directeur pour atténuer les pressions sur les prix et le baisse pour stimuler la croissance économique ; les décideurs ont clairement indiqué qu’ils ne pouvaient pas lutter efficacement contre un ralentissement économique et une résurgence de l’inflation en même temps dans un contexte de guerre commerciale.

Selon M. Hencic, la TD prévoit deux baisses supplémentaires des taux d’intérêt de la Banque du Canada cette année.

Craig Lord

Craig Lord

Journaliste