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Les soins dentaires s'améliorent, mais les fausses idées sur la «gratuité» persistent

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27eb7343b0c3debe611799545ba38800a0e1c66e962ed2095c2ec73084d16007.jpg L'industrie dentaire affirme que, même si elle traverse les premiers problèmes de croissance du programme national de soins dentaires, elle doit encore composer avec des patients qui pensent ne pas avoir à payer pour leurs soins. Le Dr Melvin Lee, à gauche, effectue une extraction dentaire sur le patient Robert McFarlane, avec l'aide de Sofia Christow-Filleul, membre de l'équipe, à sa clinique dentaire d'Ottawa, le mercredi 7 août 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang (Justin Tang | La Presse canadienne)

Le déploiement du programme national de soins dentaires s'améliore, selon des représentants de l'industrie, mais les déclarations politiques continuent d'alimenter l'idée fausse selon laquelle le programme ne coûtera rien aux patients.

«Lorsque le plan a été annoncé initialement, le gouvernement de l'époque n'arrêtait pas de parler de soins dentaires gratuits», a déclaré le Dr Bruce Ward, président de l'Association dentaire canadienne.

L'ancien premier ministre Justin Trudeau et l'ancien ministre de la Santé Mark Holland ont qualifié à plusieurs reprises le Régime canadien de soins dentaires (RCSD) de «soins dentaires gratuits», tout comme les néo-démocrates, qui ont milité pour la création du programme.

En fait, la cotisation des patients peut atteindre 60 %.

Les préoccupations de M. Ward ont été reprises par d'autres acteurs de l'industrie qui disent rencontrer des patients mécontents et en colère à l'idée de recevoir une facture.

«Nous avons insisté auprès du gouvernement : “Vous devez changer le discours et le message que vous donnez au public”», a soutenu David Brown, président de l'Association dentaire de l'Ontario.

 

Le régime a été lancé par phases et a d'abord été ouvert aux enfants et aux aînés en mai 2024.

Il a été élargi en mai dernier pour couvrir les personnes de tous âges dont le revenu familial est inférieur à 90 000 $ et qui n'ont pas d'assurance privée.

Les patients dont le revenu familial est inférieur à 70 000 $ sont entièrement couverts, mais ceux dont le revenu se situe entre 70 000 $ et 90 000 $ paient entre 40 % et 60 % des frais établis.

Les cliniques peuvent également facturer des frais supérieurs à ceux du RCSD, selon les barèmes tarifaires provinciaux.

M. Brown a déclaré que les patients confrontés à des coûts imprévus, ajoutés à des contretemps administratifs au début du programme, ont causé des maux de tête aux cliniques.

«Il y a eu beaucoup de travail supplémentaire, d'embauche de personnel à la réception et de temps passé à expliquer aux patients», a-t-il détaillé.

Plusieurs demandes refusées

Les données fournies au Parlement par Santé Canada indiquent que de nombreuses demandes de remboursement sont refusées.

Les patients qui ont besoin de traitements complexes ou de soins dont le coût est supérieur à celui prévu par le régime doivent obtenir une autorisation préalable auprès de Sun Life, l'administrateur du programme. Les cliniques doivent fournir un plan de traitement et des preuves, comme des radiographies, pour être approuvées.

Ces demandes ont été refusées dans plus de la moitié des cas.

Seuls 29 % des demandes de préautorisation présentées entre le mois de novembre 2024 et le 31 mai ont été acceptées. De plus, 29 % ont été refusées, tandis que 42 % ont été jugées incomplètes.

M. Ward a affirmé que le processus de préautorisation était lent au début, ce qui a entraîné un important retard dans le traitement des demandes. Les cliniques étaient également laissées dans l'ignorance par le gouvernement fédéral quant aux éléments manquants dans les demandes incomplètes, a-t-il ajouté.

Santé Canada a indiqué qu'il offrait désormais aux fournisseurs de soins davantage de rétroaction sur les refus et plus d'informations sur les documents à soumettre.

Plus d'un demi-million de demandes ont été refusées pour des services comme le nettoyage et le détartrage, et 363 000 autres ont été refusées pour des examens et des radiographies.

Les raisons les plus fréquemment invoquées pour justifier un refus étaient l'atteinte des limites de couverture par les patients ou la présentation de demandes de remboursement pour la même intervention à plusieurs reprises.

Donna Wells, gestionnaire de la pratique professionnelle à l'Association canadienne des hygiénistes dentaires, a déclaré que le régime ne couvre que quatre unités de détartrage, soit une heure de travail d'une hygiéniste, «ce qui est insuffisant pour la majorité des patients adultes».

Cela pose problème pour les patients qui n'ont pas consulté de dentiste depuis des années faute d'assurance. Mme Wells a dit que certaines hygiénistes ont tout simplement renoncé à obtenir une autorisation préalable pour un détartrage supplémentaire en raison du temps nécessaire.

«Nous sommes ravis de ce programme, mais nous savons qu'il n'est pas encore suffisant. Il n'est pas encore au niveau où il pourrait être en matière de prévention », a-t-elle soutenu.

Les coûts du programme critiqués

Le porte-parole conservateur en matière de santé, Dan Mazier, qui a demandé des données à Santé Canada, a déclaré que le nombre élevé de demandes refusées prouve que les Canadiens ont été induits en erreur au sujet du programme.

«Il est devenu évident que les libéraux ont vendu aux Canadiens de fausses informations avec leur prétendu régime de soins dentaires», a fait valoir M. Mazier, dans une déclaration.

M. Mazier a également contesté le coût administratif du programme, estimé à 472,9 millions $ en date du 31 mars, selon Santé Canada.

Les libéraux ont prévu un budget de 13 milliards $ pour les cinq premières années de soins dentaires, auquel s'ajoutent 4,4 milliards $ de financement continu.

L'adhésion initiale des dentistes a été lente lors du lancement du programme, mais Santé Canada a indiqué que seuls 17 fournisseurs s'étaient retirés complètement et que plus de 25 000 y participaient encore.

M. Ward a affirmé que l'Association dentaire canadienne entretient de bonnes relations de travail avec Santé Canada, qui a été à l'écoute de leurs préoccupations.

«Je suis ravi de pouvoir enfin traiter certains de mes patients qui, normalement, se feraient seulement extraire une dent si elle leur faisait vraiment mal. Maintenant, ils ont la possibilité de sauver cette dent», a-t-il dit.

Une version précédente de ce texte disait que les libéraux avaient prévu 13 millions $ sur cinq ans. Il s'agit en fait de 13 milliards $.