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Entre autres, les primes de 4% et de 8% qui avaient été instaurées pour compenser le surcroît de travail durant la pandémie devaient être abolies le 16 avril.
Devant la hausse plus ou moins attendue des cas de COVID-19 à travers le Québec, le gouvernement a annoncé mercredi le maintien au moins jusqu’au 14 mai de différentes primes spéciales versées aux travailleurs de la santé en contexte de pandémie. Des organisations syndicales ont été avisées lundi, a appris Noovo Info.
Entre autres, les primes de 4% et de 8% qui avaient été instaurées pour compenser le surcroît de travail durant la pandémie devaient être abolies le 16 avril. Ces primes touchent tant les préposés aux bénéficiaires que les infirmières, par exemple.
Il en est de même pour la «prime escalier», un montant destiné à favoriser l'assiduité au travail et qui peut atteindre 1000 $ par période de quatre semaines.
#COVID19 - Les mesures incitatives pour le personnel du réseau reconduites pour un minimum de quatre semaines ➡️Pour consulter le communiqué complet: https://t.co/4SD0WymElI
— Santé Québec (@sante_qc) March 30, 2022
Mardi, Christian Dubé, ministre de la Santé, présentait son plan de réforme du réseau de la santé, un plan comptant une cinquantaine de points pour un système «plus humain et plus performant».
Les primes seront conservées, mais selon l'information recueillie initialement auprès de la Fédération de la Santé et des Services sociaux (FSSS) — CSN, Noovo Info avait appris que certaines des mesures spéciales ne seraient pas maintenues, contrairement à ce qui était prévu en date du 11 mars. On croyait que ce serait la fin pour la plateforme volontaire Je contribue et les compensations financières en retour de vacances non utilisées, notamment. Or, selon le récent communiqué de Santé Québec, ces mesures semblent demeurer en place.
«Mentionnons que, bien que certaines des mesures devaient être abolies pour le 16 avril, dont les primes COVID-19 de 4 % et de 8 % et la prime d’assiduité pour les activités de vaccination et de dépistage, il était prévu que certaines mesures soient maintenues, notamment l’embauche de personnes salariées temporaires par l’intermédiaire de la plateforme Je Contribue et les mesures encadrant la main-d’œuvre indépendante et les agences de placement de personne», dit-on.
La nouvelle du prolongement des primes «rend les membres quand même heureux», a noté la vice-présidente de la FSSS, Roxanne Brassard dans un entretien avec Noovo Info mais, en date de mardi, la CSN n’avait pas eu vraiment le temps de tâter le pouls des travailleurs.
Car si le maintien des incitatifs est accueilli favorablement, le secteur syndical ressent un profond malaise quant à l'arrêté ministériel compris parmi les mesures spéciales qui autorise les gestionnaires à déposer une demande pour déplacer des employés et annuler des congés; des mesures dites «coercitives» quant à la gestion des horaires.
Comme les incitatifs, cet arrêté est censé être aboli le 14 mai, au plus tôt. Mais du côté de la FSSS, on n'y croit tout simplement pas, puisqu'on dit n'avoir que la parole du gouvernement en ce sens, et non une entente signée.
Rejoint par Noovo Info mercredi, le président de la FSSS, Réjean Leclerc, a reconnu le caractère «porteur» de plusieurs incitatifs inclus dans les arrêtés ministériels qui sont maintenus, mais son inquiétude pour la méthode «un peu, beaucoup anti démocratique» du gouvernement Legault de prendre cette décision au lieu de la négocier dépasse son enthousiasme.
«C'est un précédent. C’est du jamais vu au Québec, a avancé Réjean Leclerc. Et pas seulement en contexte de COVID, mais aussi dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. […] Au début, les gens pouvaient comprendre. Ça ne peut plus s’expliquer deux ans plus tard. C’est un peu, beaucoup anti démocratique. Ça ne marchera pas longtemps, cette façon de gouverner, laissez-moi vous dire.»
Selon M. Leclerc, «on vient d’ouvrir une nouvelle ère où le public semble sympathique que tout se gère d’en haut. Il faut négocier, ce sont des changements de conditions de travail. On prétexte la COVID pour des décisions qui ne sont pas votées.»
Le président de la FSSS voit un «lien direct» entre la gestion de ce dossier et le projet de loi 28 de la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui ne compte que huit articles et prévoit que les décrets et qui sont en vigueur le demeureront jusqu’au 31 décembre 2022. Le projet de loi visant à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire au Québec avait été accueilli avec scepticisme, d'aucuns y voyant une forme de «mascarade» et même de «supercherie». Ce faisant, le ministre de la Santé, Christian Dubé, confirmait en quelque sorte que le gouvernement voulait conserver des pouvoirs extraordinaires jusqu’au 31 décembre 2022.
La FSSS n’a été avisée que lundi du prolongement des mesures spéciales. «Les syndicats sont rarement consultés, a dit Mme Brassard à Noovo Info. C’est une technique qu’on a vu naître en 2020 avec ce gouvernement, on n’est plus étonnés. On apprend toujours tout à la dernière minute.»
Des organisations syndicales avaient fait retentir le même son de cloche à la mi-mars, quand Québec avait leur avait annoncé la fin des primes. À l’époque, Maxime Ste-Marie, président du Conseil provincial des affaires sociales du SCFP, avait exprimé le désir que le gouvernement s'assoie avec les syndicats dans la santé pour mieux gérer la transition.
Voyez les analyses et les réactions du Dr Vadeboncoeur et de Dominic Vallières juste ici: