Les directives du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis publiées jeudi, indiquent que les pièces automobiles conformes à l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) ne seront pas touchées par les droits de douane imposés par le président Donald Trump.
Il s'agit d'un nouveau signe de soulagement pour l'industrie automobile nord-américaine, profondément intégrée et assiégée par de multiples niveaux de droits de douane.
Le mois dernier, Donald Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur toutes les importations de véhicules aux États-Unis, mais a également prévu une exception pour les pièces automobiles fabriquées aux États-Unis et conformes à l'accord commercial continental, également appelé ACEUM.
La Maison-Blanche avait initialement indiqué qu'elle cherchait à élaborer un système similaire pour les importations de pièces automobiles conformes à l'ACEUM, avant l'entrée en vigueur de ces droits le 3 mai.
L'industrie et les experts ont déclaré qu'il serait extrêmement fastidieux et compliqué de trouver un moyen de ne taxer que les composants non américains des pièces automobiles. Les pièces automobiles peuvent traverser la frontière entre le Canada et les États-Unis plusieurs fois avant qu'un véhicule ne soit terminé.
Les directives du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (SDPF) publiées jeudi indiquent que l'exemption ne s'applique pas aux kits de pièces détachées automobiles ni aux assemblages de pièces détachées.
La pression du secteur automobile
Les trois géants du secteur automobile — Ford, General Motors et Stellantis — faisaient pression sur l'administration Trump depuis des mois, affirmant que les droits de douane feraient grimper les prix et dévasteraient l'industrie nord-américaine. La PDG de General Motors, Mary Barra, a averti jeudi que ces droits pourraient coûter jusqu'à 5 milliards $ US à l'entreprise.
Mardi, Donald Trump a accordé un répit à l'industrie automobile, affirmant simplement vouloir «les aider à supporter cette petite transition, à court terme».
Il a signé un décret afin que les entreprises qui paient les droits de douane sur l'automobile ne voient pas d'autres prélèvements, notamment les droits de 25 % sur l'acier et l'aluminium, se cumuler.
Donald Trump a également signé un décret offrant aux constructeurs automobiles qui terminent leurs véhicules aux États-Unis une remise sur les pièces détachées automobiles importées, égale à 15 % du prix de vente au détail du véhicule. Cette remise serait ramenée à 10 % l'année suivante.
Le décret n'indiquait pas clairement ce qu'il adviendrait des pièces conformes à l'ACEUM, mais une fiche d'information de la Maison-Blanche suggérait ultérieurement que les composants automobiles couverts par l'accord commercial bénéficieraient d'un certain répit.
«L'industrie avertit, et je l'avertis, depuis trois mois que les droits de douane sur les pièces automobiles entraîneraient l'arrêt de la production», a affirmé Flavio Volpe, président de l'Association des fabricants de pièces automobiles du Canada.
Six des plus importants groupes de pression de l'industrie automobile aux États-Unis ont adressé une lettre à l'administration Trump la semaine dernière, l'avertissant que les droits de douane sur les pièces automobiles entraîneraient une perturbation de la chaîne d'approvisionnement et une hausse des prix. La lettre précisait que «la plupart des fournisseurs automobiles ne sont pas préparés à une perturbation brutale induite par les droits de douane».
«Beaucoup sont déjà en difficulté et risquent des arrêts de production, des licenciements et la faillite», indiquait la lettre.
M. Volpe a expliqué que l'administration Trump se trouvait face à une «ligne de démarcation claire» avec l'arrivée des droits de douane sur les pièces automobiles. Il a ajouté que «parier contre l'industrie sur sa fermeture serait un risque politique considérable».
Donald Trump a affirmé que ses droits de douane ramèneraient la production automobile aux États-Unis, mais l'industrie canadienne se développe également depuis le début des années 1900. Le Canada et les États-Unis ont officiellement intégré le secteur grâce à l'accord commercial de l'automobile de 1965.
L'ACEUM a été négocié sous la première administration Trump et prévoyait des mesures de soutien renforcées pour l'industrie automobile nord-américaine.
M. Volpe a indiqué que la modification apportée aux pièces conformes à l'ACEUM était une «reconnaissance du bien-fondé de l'argument selon lequel il s'agissait d'un risque terrible» de licenciements imminents dans le secteur automobile.
«On peut faire croire tout ce que l'on veut à cette époque où les effets macroéconomiques se font attendre, mais on ne peut pas mentir sur le fait que des gens sont à la maison», a-t-il déclaré.
Stellantis a confirmé jeudi la fermeture de son usine d'assemblage automobile de Windsor, en Ontario, pour une semaine à compter du 5 mai. L'entreprise a indiqué dans un communiqué envoyé par courriel que cette fermeture était due aux préparatifs du lancement prochain des Chrysler Pacifica, Chrysler Grand Caravan, Chrysler Voyager et Dodge Charger Daytona de l'année-modèle 2026. L'entreprise a déclaré qu'elle «continuerait de surveiller la situation».

