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«Les choses ont empiré maintenant. Et je ne pense pas que les gens arrivent à comprendre à quel point c’est devenu difficile d’être un patient ou une infirmière en ce moment.»
Après deux ans et demi depuis le début de la pandémie de COVID-19, une infirmière en soins de première ligne a expliqué que les urgences sont encore complètement débordées en raison d’une pénurie de main-d’œuvre constante.
«Les choses ont empiré maintenant. Et je ne pense pas que les gens arrivent à comprendre à quel point c’est devenu difficile d’être un patient ou une infirmière en ce moment», a lancé Birgit Umaigba, infirmière travaillant dans une unité de soins intensifs à Toronto, lors d’une entrevue sur les ondes de CTV News, lundi.
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Plusieurs hôpitaux de l’Ontario ont d’ailleurs annoncé ce week-end la fermeture temporaire ou la réduction des services offerts dans leur salle d’urgence en raison d’une pénurie importante de personnel.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Depuis le début de la pandémie, les infirmières du Canada ont fait face à de nombreuses heures supplémentaires et de courtes périodes de vacances.
«C’est difficile pour les patients, qui doivent attendre des heures dans la salle d’urgence simplement pour être évalué, sans parler d’être soigné, a ajouté Mme Umaigba. Les gens souffrent, le personnel ainsi que les patients. C’est vraiment éprouvant en ce moment.»
Crédit photo: Ryan Remiorz | La Presse canadienne
Des témoignages similaires ont été partagés dans les autres provinces canadiennes, alors que quatre salles d’urgence ont fermé temporairement leurs portes en Colombie-Britannique lors du mois de juillet. Des hôpitaux du Nouveau-Brunswick ont également dû réduire les heures d’ouverture de leur salle d’urgence, faute de personnel.
En juin, Statistique Canada a rapporté un sommet record de 136 800 postes vacants dans le secteur de la santé lors du premier trimestre de 2022. Il s’agit pratiquement du double enregistré lors du premier trimestre de 2020. De plus, une infirmière sur quatre a affirmé qu’elle prévoyait de démissionner au cours des trois prochaines années.
Une étude du Syndicat canadien de la fonction publique a remarqué que 87% des 2600 infirmières auxiliaires considèrent quitter leur poste en raison des conditions de travail déplorables et des abus provenant des familles des patients.
«Les infirmières sont vraiment épuisées et disent: ''Vous savez quoi? J’en ai assez'''. Et les conditions de travail ne s’améliorent pas. Elles se sont même détériorées», a avancé Mme Umaigba.
L’infirmière raconte avoir réalisé un quart de 16 heures la semaine dernière, puisqu’il n’y avait pas d’autres infirmières disponibles sur le terrain afin de s’occuper des patients.
«J’ai des collègues qui sont dans leur vingtaine, qui, juste la semaine dernière, parlaient de commencer à prendre des médicaments contre l’anxiété à cause du stress provoqué par leur travail», se souvient-elle.
Le mois dernier, les premiers ministres des provinces canadiennes se sont réunis à Victoria afin de demander davantage de financement en soins de santé de la part du gouvernement fédéral afin de remédier au manque de main-d’œuvre.
Le bureau de la ministre de la Santé de l'Ontario, Sylvia Jones, a déclaré vendredi à La Presse canadienne que la province travaillait les hôpitaux et les syndicats et que l'Ontario avait «un plan ambitieux pour améliorer le recrutement et ainsi que la formation en soins de santé».
Mais Mme Umaigba demeure sceptique face au plan de la province, déplorant que le salaire des infirmières a plafonné depuis 2019.
«Où vont-ils trouver ces infirmières? Quelles infirmières seront en mesure d’encaisser ce rythme de travail sans vouloir démissionner? Les conditions de travail ont empiré et les salaires n’augmentent que d’1% par année», a-t-elle conclu tout en affirmant que le gouvernement de Doug Ford devra remédier à cette situation.