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Les fraudes liées à l’emploi en forte hausse au Canada

On a tous déjà reçu des offres d'emploi bidons par texto.

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Avec l'IA, les techniques utilisées par les fraudeurs sont de plus en plus «sophistiquées». Avec l'IA, les techniques utilisées par les fraudeurs sont de plus en plus «sophistiquées». (Montage Ahlyssa-Eve Dulay/Noovo Info)

Les fraudes liées aux offres d’emploi en ligne continuent de croître au Canada. Selon les données du Centre antifraude du Canada (CAFC), les pertes financières déclarées par les victimes atteignent près de 35 millions de dollars pour la première moitié de l’année 2025.

À titre de comparaison, l’organisme avait recensé 48,9 millions de dollars en pertes pour toute l’année 2024, 31,1 millions en 2023 et 7,2 millions en 2022. 

Le nombre de victimes suit la même tendance: plus de 1 000 personnes ont déjà déclaré avoir été touchées depuis janvier 2025.

Les fraudes liées aux emplois, qui se classaient au dixième rang en 2022, occupent désormais la troisième place du palmarès des fraudes les plus coûteuses pour les Canadiens.

Des stratagèmes de plus en plus «sophistiqués»

Ces fraudes prennent souvent la forme de messages textes ou courriels envoyés au hasard, décrit Jeff Horncastle, porte-parole du CAFC. Les fraudeurs dirigent ensuite la victime vers un site web, parfois calqué sur celui d’une véritable entreprise, l'incitant à effectuer de petites tâches rémunérées.

«Après un certain temps, ils vont demander à la victime de mettre un peu de son propre argent en cryptomonnaie pour monter un niveau», explique M. Horncastle. 

«Dans bien des cas, c’est une fraude d’emploi qui se transforme en fraude de crypto-placement», ajoute-t-il.

Le spécialiste souligne également l’usage croissant de la technologie et de l’intelligence artificielle dans ces stratagèmes. 

«On pense communiquer avec une personne, mais en réalité, c’est peut-être un robot», observe M. Horncastle.

En entrevue à CTV News, Carmi Levy, analyste technique, expliquait récemment que ces messages, connus sous le nom de «smishing», ciblent actuellement les emplois car «chaque fois que nous nous inscrivons à quelque chose, nous fournissons souvent des informations personnelles, y compris nos numéros de téléphone, qui sont récupérées par des cybercriminels».

Il précise que cette collecte de données peut aussi provenir des réseaux sociaux ou de brèches de sécurité dans des organisations. 

«Nous avons une empreinte de données assez grande, et malheureusement, les criminels y prêtent attention», souligne M. Levy.

«Nous vivons actuellement dans une période économiquement difficile, et les fraudeurs ciblent ce qui est important pour nous. En ce moment, ce sont les emplois», remarque-t-il.

Le taux de chômage a augmenté de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 7,1 % en août au pays, selon Statistique Canada, alors que l'économie canadienne a perdu 66 000 emplois. Il s'agit du plus haut taux de chômage en neuf ans.

Repérer et signaler les arnaques 

Le Centre antifraude du Canada rappelle qu’il est crucial de vérifier attentivement les adresses courriel, numéros de téléphone et sites web des entreprises, et de ne jamais transférer d’argent à un inconnu.

«Si vous recevez un message texte par hasard, c’est un signe que c’est probablement de la fraude. Et si on vous demande de déposer un chèque ou d’envoyer de l’argent dans une machine Bitcoin, c’est 100 % une fraude», avertit Jeff Horncastle.

Il ajoute aussi qu’«il est important de signaler toute tentative de fraude, même lorsqu’aucune perte n’est subie, à la police ou au Centre antifraude».

Mehdi Bouhadjeb-Hamdani

Mehdi Bouhadjeb-Hamdani

Journaliste