Politique

Les francophones hors Québec s'inquiètent du silence du gouvernement Carney

«Cinq mois se sont écoulés depuis l'élection fédérale.»

Mis à jour

Publié

0cf22ae9804bdee59a3949e5365832acf38cb7f64f6299e0c071120d7552076a.jpg De nouvelles données sur les collectes de fonds politiques révèlent que les donateurs partisans ont réduit leurs contributions durant l'été après avoir généreusement alimenté les caisses électorales des partis en vue des élections printanières. Photo de l'édifice du Parlement, à Ottawa, le 27 novembre 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld (Adrian Wyld / La Presse Canadienne)

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) se dit inquiète pour plusieurs raisons et demande au gouvernement Carney de clarifier sa vision en matière de langues officielles.

La présidente de la FCFA, Liane Roy, qui représente 25 organisations francophones hors Québec, appréhende «avec une certaine méfiance le prochain budget fédéral» et les compressions budgétaires qui pourraient l’accompagner. 

«On sait qu'il faut s'attendre à des compressions de 15 % dans les dépenses des institutions fédérales au cours des trois prochaines années. Est-ce que des instructions ont été données aux ministères et aux agences de faire attention à l'impact sur la capacité globale du gouvernement en matière de langues officielles? Est-ce qu'on a prévu d'éviter des impacts négatifs sur nos communautés?», a indiqué Mme Roy lors d’une conférence de presse à Ottawa, mercredi matin.

La présidente de la FCFA soutient vouloir poser ces questions au président du Conseil du Trésor, Shafqat Ali, «mais nos demandes de rencontre n'ont pas encore donné de résultat».

Plusieurs préoccupations

Liane Roy a fait part d’une série d’autres inquiétudes qui préoccupent les communautés francophones minoritaires au pays.

«Cinq mois se sont écoulés depuis l'élection fédérale. Alors que le premier ministre Carney avait déclaré pendant la campagne que le français ne serait jamais sur la table de négociation, la lettre de mandat des ministres est muette sur les priorités du gouvernement pour mettre de l'avant nos deux langues officielles», a indiqué la présidente de la FCFA, en déplorant que les ministres que son organisation a rencontrés «n'aient pu fournir de clarté à ce sujet».

En juin 2023, le projet de loi C-13 du gouvernement de Justin Trudeau permettait d’adopter la refonte de la Loi sur les langues officielles.

Mais cette réforme, qui consacre notamment un nouveau droit de travailler et d'être servi en français dans des régions francophones, doit être accompagnée de règlements pour être appliquée.

«Nous avons passé plusieurs années à travailler d'arrache-pied pour moderniser la Loi sur les langues officielles, parce que le français est en déclin au pays», mais «les institutions fédérales n'agiront pas pour l'appliquer tant que le gouvernement n'aura pas adopté des règlements qui leur disent comment le faire. On attend toujours ces règlements», a déploré Liane Roy.

La Fédération s'inquiète également de l’absence d’explications du gouvernement fédéral sur la façon dont il atteindra les cibles en matière d’immigration francophone.

«En matière d'immigration francophone, le premier ministre s'était personnellement engagé pendant la campagne à une cible de 12 %. C'est important pour freiner la chute du poids démographique des communautés francophones en situation minoritaire, causée par deux décennies où elles n'ont pas eu leur juste part de l'immigration au pays. La Loi sur les langues officielles de 2023 oblige d'ailleurs le gouvernement à agir en ce sens. Mais depuis l'élection, il n’y a eu aucune indication de la part du gouvernement», a fait valoir Liane Roy.

«Quel est le plan précis pour atteindre cette cible? Parle-t-on toujours de créer un programme d’immigration économique spécifique à la francophonie?», a demandé la présidente de la FCFA.

Guilbeault promet de déposer les règlements avant Noël

Dans un échange de courriels avec La Presse Canadienne, l'attachée de presse du ministre Steven Guilbeault, notamment responsable des Langues officielles, a écrit que «les langues officielles sont une priorité du ministre» et de «notre nouveau gouvernement».

L'attachée de presse Hermine Landry a écrit que celui-ci «a rencontré personnellement Mme Roy en marge de la rencontre annuelle du Conseil des ministres sur la francophonie canadienne le 26 juin dernier, en plus des rencontres et communications régulières entre le bureau du ministre et la Fédération».

Steven Guilbeault s'est aussi engagé «à plusieurs reprises» à déposer les règlements concernant la refonte de la Loi sur les langues officielles avant la fin de cette session parlementaire, selon l'attachée de presse.

«Il convient de rappeler que le dépôt de ces règlements nécessite que le Parlement soit en séance» et «tout au long de l’élaboration de ces règlements, le gouvernement a travaillé étroitement avec la FCFA et d’autres intervenants clés afin de s’assurer que leurs perspectives et réalités se reflètent dans les règlements.»

Mercredi après-midi, La Presse Canadienne a demandé à l'équipe média du bureau du Conseil du trésor si celui-ci pouvait garantir qu'il n'y aura pas de compressions budgétaires dans les services aux francophones hors Québec, mais l'agence de presse n'avait pas encore reçu de réponse au moment d'écrire ces lignes.