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Les États-Unis veulent créer une «Force de répression des gangs» de l'ONU en Haïti

Dorothy Shea a exhorté les membres du Conseil de sécurité à soutenir cette «nouvelle voie vers la paix et la sécurité».

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f2ee2e4942d5fa3cd84a80b7c333ed26a6a8f676deabfa8f03ab2d354a76cfa5.jpg Des agents de police font une ronde dans le quartier de Kenscoff à Port-au-Prince, en Haïti, le 4 août 2025. (Photo AP/Odelyn Joseph)

Les États-Unis ont annoncé jeudi qu'ils sollicitaient l'autorisation de l'ONU pour la création d'une nouvelle «Force de répression des gangs» afin de lutter contre l'escalade de la violence en Haïti, où les groupes armés ont étendu leur pouvoir de la capitale à la campagne.

L'ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea, a fait cette annonce lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. On ignore en quoi ce groupe serait différent de la Mission multinationale de soutien à la sécurité dirigée par le Kenya, qui est actuellement déployée dans ce pays pour aider la police à lutter contre la violence des gangs.

Mme Shea a remercié le Kenya d'avoir répondu à l'appel d'Haïti «à un moment critique» et d'avoir dirigé la force multinationale pendant plus d'un an. Elle affirme que, sans cela, «les gangs auraient été encore plus enhardis dans leurs ambitions et leurs atrocités éhontées contre les civils en Haïti».

Elle a indiqué que les États-Unis et le Panama soumettraient un projet de résolution au Conseil de sécurité visant à créer la Force de répression des gangs et un bureau de soutien de l'ONU pour lui apporter un soutien logistique. En février, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a proposé l'ouverture d'un bureau qui fournirait des drones, du carburant, des transports terrestres et aériens et d'autres moyens de soutien non létaux à la mission dirigée par le Kenya.

Mme Shea n'a pas indiqué si les États-Unis fourniraient un soutien militaire ou policier à la nouvelle force ni si le Kenya et les autres pays contributeurs – les Bahamas, le Salvador, le Belize, le Guatemala et la Jamaïque – en resteraient membres.

Un diplomate du Conseil de sécurité a indiqué avoir été informé que la force dirigée par le Kenya serait rebaptisée pour devenir la Force de répression des gangs, avec une augmentation significative de ses effectifs et un soutien logistique de l'ONU. Le diplomate n'était pas autorisé à s'exprimer publiquement, les discussions étant privées.

Les premiers policiers kenyans sont arrivés en Haïti en juin 2024 et la force devait compter 2500 hommes; ses effectifs actuels sont finalement inférieurs à 1000.

Mme Shea a exhorté les membres du Conseil de sécurité à soutenir cette «nouvelle voie vers la paix et la sécurité». Elle a demandé à la communauté internationale de se joindre «aux États-Unis, au Panama et à d'autres pays qui ont démontré leur engagement envers la sécurité d'Haïti pour un partage significatif des responsabilités afin de contribuer à la stabilité du pays».

D'autres efforts

L'annonce américaine fait suite à un rapport sorti plus tôt ce mois-ci qui indiquait que l'entreprise de sécurité privée de l'ancien soldat de la marine américaine Erik Prince déploierait bientôt près de 200 agents de divers pays en Haïti dans le cadre d'un accord d'un an visant à réprimer la violence des gangs.

Le déploiement de Vectus Global vise à aider le gouvernement haïtien à reconquérir de vastes étendues de territoire saisies l'année dernière et désormais contrôlées par des gangs lourdement armés, a déclaré sous couvert d'anonymat à l'Associated Press une personne au courant du dossier.

L'entreprise, qui fournit des services de logistique, d'infrastructure, de sécurité et de défense, est dirigée par M. Prince, qui a également fondé l'entreprise de sécurité controversée Blackwater.

Sept pays, dont les États-Unis, ont informé António Guterres dans une lettre mercredi qu'ils mettaient en œuvre une autre de ses recommandations de février: former un «Groupe permanent de partenaires» chargé de fournir «une orientation stratégique, une supervision et un processus décisionnel politique de haut niveau pour toute force de sécurité remaniée».

Le groupe, qui comprend également le Canada, le Salvador, le Guatemala, la Jamaïque, les Bahamas et le Kenya, a indiqué qu'il s'efforcerait d'obtenir des contributions financières volontaires pour les coûts non couverts par le bureau d'appui des Nations Unies, de faciliter l'augmentation des effectifs et d'assurer la coordination d'une force remaniée, notamment en déployant un représentant spécial à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti.

M. Guterres s'est adressé au Conseil de sécurité avant Mme Shea, saluant les efforts de certains membres du Conseil pour faire avancer ses propositions de février visant à renforcer la mission multinationale avec le soutien logistique et opérationnel des Nations Unies. Il a exhorté le Conseil à «agir sans délai et à autoriser une force internationale, soutenue par les Nations Unies grâce à un support logistique et opérationnel, ainsi qu'un financement prévisible».

Le secrétaire général de l'ONU a averti le Conseil de sécurité que les Haïtiens «se trouvent dans une situation de souffrance extrême», nommant entre autres l'effondrement de l'autorité de l'État, la propagation de la violence des gangs au-delà de la capitale, forçant les familles à fuir, et les attaques répétées contre les hôpitaux et les écoles.

«Le bilan humanitaire est alarmant: 1,3 million de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont fui leur foyer, a-t-il indiqué. Six millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire.»

Pourtant, a-t-il ajouté, l'appel de fonds de l'ONU, qui vise à rassembler 908 millions $ US pour aider 3,9 millions de personnes cette année, est financé à moins de 10 %, «faisant d'Haïti l'appel humanitaire le moins financé au monde».

M. Guterres a qualifié la situation d'«urgence vitale», avertissant que 1,7 million d'Haïtiens risquent de ne recevoir aucune aide si les donateurs n'agissent pas maintenant.