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Les autorités américaines redoutent un appel d'air sur leur frontière sud cette semaine, avec la fin programmée d'une mesure prise pendant la pandémie, qui permettait d'expulser sans délai les migrants au Mexique, au nom de la lutte contre la COVID-19.
Les autorités américaines redoutent un appel d'air sur leur frontière sud cette semaine, avec la fin programmée d'une mesure prise pendant la pandémie, qui permettait d'expulser sans délai les migrants au Mexique, au nom de la lutte contre la COVID-19.
Sauf ultime rebondissement, ce dispositif connu sous le nom de «Titre 42» doit prendre fin jeudi à 23H59, heure de Washington.
Le gouvernement de Joe Biden redoute un afflux de milliers de migrants et les villes frontalières sont sous pression.
Au Texas, les municipalités d'El Paso, Brownsville et Laredo ont déclaré l'état d'urgence pour fluidifier la prise en charge des nombreux candidats à l'exil - venus principalement d'Amérique latine, mais aussi de Chine, de Russie ou de Turquie - déjà sur place.
À El Paso, des centaines de personnes dorment dans les rues, protégées du soleil par des draps ou allongées sur des cartons, pendant que des enfants mendient.
Le maire, Oscar Leeser, s'attend à devoir faire face à une vague de «12 000 à 15 000 personnes» en fin de semaine: jusqu'à 10 000 migrants patientent dans la ville mexicaine voisine de Ciudad Juarez, selon un récent comptage de ses services, et d'autres doivent encore gagner la frontière dans les prochains jours.
Le «Titre 42» avait été activé en 2020 par l'administration de l'ex-président Donald Trump, au nom de la lutte contre la pandémie de COVID-19. Son successeur, Joe Biden, en avait prolongé la validité.
Dans la pratique, cette mesure a surtout empêché l'accès au système d'asile américain: les migrants dépourvus de visa étaient refoulés, sans pouvoir déposer de demande.
À partir de vendredi, cela sera de nouveau possible et les candidats à l'exil pourront voir leur dossier traité par la justice. Un processus qui peut prendre des années.
La fin de ce dispositif d'exception suscite l'ire des conservateurs américains. Les républicains promettent un véritable «chaos» migratoire et certains d'entre eux considèrent que les États-Unis sont désormais en «état de siège».
L'administration Biden «déroule le tapis rouge aux gens du monde entier», a fustigé lundi le gouverneur du Texas, Greg Abbott, en annonçant mobiliser la garde nationale de son État pour surveiller la frontière.
Le dossier est épineux pour le président Joe Biden, qui vient d'annoncer sa candidature pour un second mandat en 2024. Si la droite lui fait un procès en laxisme, les associations de défense des migrants l'accusent de mener une politique migratoire pas si différente de celle de Donald Trump.
Entre message d'humanité et discours ferme, le président livre un numéro d'équilibriste.
Avec l'expiration du «Titre 42», son administration a décidé d'envoyer 1500 soldats supplémentaires à la frontière des États-Unis avec le Mexique, pour épauler les 2500 soldats assistant déjà la police aux frontières.
Le gouvernement insiste sur les voies légales d'immigration.
Selon les nouvelles règles qui s'appliqueront à partir de vendredi, les migrants entrés clandestinement aux États-Unis pourront demander l'asile, mais il leur sera plus difficile de prouver le bien-fondé de leur demande. Les personnes déboutées seront expulsées vers leur pays d'origine ou vers le Mexique, et il leur sera interdit de déposer une nouvelle demande pendant plusieurs années.
Les candidats doivent aussi se soumettre à un système de rendez-vous aux postes-frontières, via une application en ligne de la police aux frontières. Mais les dysfonctionnements répétés du système frustrent de nombreux demandeurs d'asile: certains tentent simplement leur chance en faisant la queue à la frontière.
«Ils nous disent de rester calmes, d'attendre ici, mais ils ne viennent jamais. Nous ne savons pas pourquoi», s'agaçait lundi Marjorie, une Vénézuélienne mère de deux enfants, présente à Ciudad Juarez et qui ne souhaite pas donner son patronyme.
La tension a encore augmenté au Texas, depuis que huit migrants ont été tués dimanche à Brownsville par un conducteur qui leur a foncé dessus à un arrêt de bus. Selon la police, le suspect a brûlé un feu rouge. Il a été inculpé pour homicide involontaire.
À El Paso, la municipalité prévoit des bus pour aider les migrants à se rendre ailleurs aux États-Unis. Un pis-aller défendu par M. Leeser, le maire.
La législation américaine sur l'immigration «est cassée depuis un certain temps», bien avant l'ère Biden ou Trump, estime l'édile. «Tout cela est sans fin et nous avons vraiment besoin de déterminer quelle direction prendre.»