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Les États-Unis ont averti jeudi que leur frontière avec le Mexique n'était pas «grande ouverte», avant la levée à 23H59 d'une mesure verrouillant l'accès à leur territoire depuis le début de la pandémie.
Les États-Unis ont averti jeudi que leur frontière avec le Mexique n'était pas «grande ouverte», avant la levée à 23H59 d'une mesure verrouillant l'accès à leur territoire depuis le début de la pandémie, un changement qui sème la confusion chez de nombreux migrants et pourrait selon les autorités provoquer une situation «chaotique».
Y aura-t-il un afflux? Face aux républicains qui l'accablent et exigent le maintien de cette mesure, le «Titre 42», le gouvernement du démocrate Joe Biden rappelle notamment que de nouvelles restrictions au droit d'asile ont été adoptées.
«Je veux être très clair: notre frontière n'est pas grande ouverte. Les personnes traversant notre frontière illégalement et sans fondement légal pour rester seront immédiatement (...) expulsées», a dit le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche.
Toutefois, «nous sommes lucides sur les défis auxquels nous allons probablement faire face dans les jours et semaines à venir et nous sommes prêts à y répondre», a-t-il ajouté, notant qu'«un nombre élevé d'arrivées» avait déjà été observé «dans certains secteurs».
Le président Biden lui-même a récemment affirmé que la situation serait «chaotique pendant un moment».
Une image aérienne montre des migrants attendant le long du mur frontalier pour se rendre aux États-Unis pour le traitement des demandes d'immigration et d'asile après avoir traversé le fleuve Rio Grande aux États-Unis | Crédit image - Patrick T. Fallon / AFP
Pour se préparer, l'État fédéral a mobilisé «plus de 24 000 agents et forces de l'ordre» à la frontière, en plus de 4000 militaires.
Jeudi, dans la ville frontalière de Brownsville, au Texas, des migrants passaient sporadiquement la frontière par groupes de 20, selon un journaliste de l'AFP sur place.
La levée du «Titre 42» est prévue à 23H59 heure de Washington, mais certains migrants se dépêchent de passer la frontière de quelque 3000 km avant cette échéance pour demander l'asile, de crainte que le changement de règles ne les empêche de le faire pendant cinq ans.
Le «Titre 42», censé limiter la propagation de la COVID-19, conférait la possibilité aux autorités américaines de refouler immédiatement tous les migrants entrés dans le pays, y compris les demandeurs d'asile. En trois ans, il a été utilisé à 2,8 millions de reprises.
Crédit image - Patrick T. Fallon / AFP
De nouvelles restrictions au droit d'asile, finalisées par les ministères américains de la Justice et de la Sécurité intérieure, entreront en vigueur jeudi soir.
Avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, à l'exception des mineurs isolés, devront désormais avoir obtenu un rendez-vous sur une application téléphonique mise en place par les gardes-frontières, ou s'être vu refuser l'asile dans un des pays traversés lors de leur périple migratoire.
Dans le cas contraire, leur demande sera présumée illégitime et ils pourront faire l'objet d'une procédure d'expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l'entrée sur le sol américain.
Confrontés aux changements des dispositifs migratoires, aux rumeurs propagées par les passeurs et à une procédure en ligne complexe, les migrants qui s'entassent dans le nord du Mexique témoignent d'un casse-tête.
L'application «CBP One», conçue pour centraliser les demandes d'asile aux États-Unis, est au coeur des frustrations des migrants à la frontière, où téléphones, wifi et électricité sont un luxe.
À cause de ses bogues fréquents, «c'est un cauchemar, un véritable supplice. Cette application nous mine émotionnellement et psychologiquement», dit Juan Pavon, un commerçant qui a fui le Venezuela avec sa famille, tandis que sa fille Ana Paola, 14 ans, pleure à chaudes larmes: une actualisation de l'application a effacé toutes ses données.
Les migrants viennent principalement d'Amérique latine mais aussi de Chine, de Russie ou de Turquie.
Crédit image - Patrick T. Fallon / AFP
Rencontré dans le centre-ville d'El Paso, Luis Rodriguez, 24 ans, venu du Venezuela, explique ne pas avoir assez d'argent pour se payer le transport jusqu'à Washington, où il veut rejoindre des amis.
«Je vais chez le coiffeur pour voir s'ils me laissent travailler» pour rassembler la somme, dit-il.
L'exécutif démocrate tient, sur le sujet brûlant de l'immigration, à afficher une politique équilibrée, tandis que les républicains accusent Joe Biden, à nouveau candidat pour 2024, d'avoir transformé la frontière en «passoire».
Ainsi pour l'ex-président républicain Donald Trump, «Joe Biden a officiellement aboli ce qu'il restait des frontières de l'Amérique».
Afin d'encourager les voies légales d'immigration, Washington a prévu d'ouvrir à terme une centaine de centres à l'étranger pour étudier les dossiers sur place. Les premiers sont prévus en Colombie et au Guatemala.
Avec des informations de Valentin Diaz, Agence France-Presse