Début du contenu principal.
La mission était déjà aux prises avec un manque de financement et de personnel.
Les États-Unis ont notifié aux Nations Unies qu’ils gelaient leur financement de la mission onusienne chargée de lutter contre les gangs en Haïti, a affirmé l’ONU mardi.
Les États-Unis étaient les plus grands contributeurs à la mission lancée l’année dernière et dirigée par la police kenyane. La mission était déjà aux prises avec un manque de financement et de personnel. L’arrêt aura un impact immédiat sur la mission, a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.
Cette décision entre dans le cadre d'un gel radical de l'aide étrangère ordonné par le président américain Donald Trump. Ce gel a aussi entraîné le licenciement de milliers d’employés et de sous-traitants d’agences d’aide américaines, en plus de la fermeture de programmes dans le monde entier.
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a proposé une dérogation pour les programmes de sauvetage, mais la confusion plane sur ce qui est éligible pour une exception au gel.
Les États-Unis ont engagé 15 millions $ US pour le fonds qui aide à financer la force multinationale en Haïti, a déclaré M. Dujarric. Sur ce montant, 1,7 million $ US ont déjà été dépensés et 13,3 millions $ US sont désormais gelés, a indiqué le porte-parole. Il a ajouté que l'ONU attendrait les prochaines directives des États-Unis concernant leur contribution.
Le fonds, qui dispose désormais de moins de 100 millions $ US sur les 600 millions $ US estimés nécessaires chaque année, n’est pas le seul soutien à la mission. Il existe également des contributions bilatérales et d’autres types de contributions que l’ONU ne note pas.
L’arrêt du financement semble avoir pris par surprise les responsables de la mission kenyane. Interrogé sur le sujet, le porte-parole de la mission, Jack Mbaka, a refusé de donner une réaction immédiate.
La mission travaille aux côtés de la police nationale d’Haïti, qui est gravement sous-financée et en sous-effectif. Elle aussi a reçu des millions de dollars du gouvernement américain ces dernières années pour l’aider à lutter contre les gangs. Actuellement, il n’y a qu’environ 4000 policiers haïtiens en service dans ce pays de plus de 11 millions d’habitants.
L’annonce a été faite quelques heures seulement après l’arrivée en Haïti d’un contingent militaire de 70 soldats du Salvador, rejoignant plus de 600 policiers kenyans déjà sur le terrain, soutenu par des policiers et des soldats d’autres pays, dont la Jamaïque et le Guatemala.
On ne sait pas quel impact l’arrêt du financement américain de la mission pourrait avoir sur les efforts visant à la transformer en mission de maintien de la paix de l’ONU.
L’arrêt du financement américain de la mission multinationale pourrait forcer les autorités à trouver une solution locale pour lutter contre l’insécurité actuelle, a déclaré Jake Johnston, directeur de recherche internationale au Center for Economic and Policy Research, basé à Washington.
«L’absence de financement américain ne doit pas signifier la fin de quoi que ce soit», a-t-il déclaré, ajoutant que cela forcerait le gouvernement haïtien à assumer sa responsabilité, même si l’on ne sait pas s’il serait disposé ou capable de le faire.
M. Johnston a déclaré lors d’une entrevue téléphonique qu’il était difficile de déterminer l’impact immédiat du gel du financement sur la mission.
«C’était une préoccupation depuis le tout début, créer cette multinationale qui serait uniquement financée par les États-Unis, c’était mettre énormément d’œufs dans le même panier, a-t-il déclaré. Le défaut de cette stratégie devient de plus en plus évident.»
Haïti a déjà été touché d’autres manières par le gel, qui a interrompu quelque 330 millions $ US d’engagements pour une série de programmes à travers le pays, y compris un programme qui offre un traitement contre le VIH, a indiqué M. Johnston.
«Peu de pays dans le monde dépendent autant de l’aide étrangère américaine qu’Haïti», a-t-il écrit dans un essai publié mardi.