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«Nous devons sortir des sentiers battus.»
Les liens étroits entre la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean au Québec et le secteur de l'aluminium remontent à plus d'un siècle, mais beaucoup dans ce qu'on appelle la «vallée de l'aluminium» se tournent désormais vers le budget d'Ottawa pour trouver des solutions face à la guerre tarifaire.
Les droits de douane américains de 50 % ont bouleversé les chaînes d'approvisionnement en métaux hautement intégrées et porté un coup dur au secteur.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Je connais l'aluminium, et l'aluminium me connaît», a déclaré André Poulin, PDG de Remac. «Mon père a travaillé pendant 40 ans à la fonderie qui s'appelait alors Alcan. J'ai entendu parler d'aluminium toute ma vie.»
Il a fondé Remac avec son frère il y a 40 ans, alors qu'il n'avait que 21 ans. L'entreprise transforme l'aluminium en une large gamme de structures, notamment des quais et des pylônes. Il développait de nouveaux marchés au sud de la frontière pour ses tours de télécommunications assemblées brevetées, mais les droits de douane de 50 % sont alors entrés en vigueur.
«Nous ne pouvons donc pas être compétitifs sur ce marché», explique M. Poulin.
«Nous avons reçu une subvention d'EDC, mais nous leur avons dit que nous ne prendrions pas l'argent, car nous ne pourrions plus vendre les tours aux États-Unis.»
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M. Poulin affirme que la large gamme de produits et les marchés hors Amérique du Nord de Remac permettent à l'entreprise de rester active, mais il souhaite qu'Ottawa trouve des solutions créatives.
Il estime que tous les niveaux de gouvernement devraient envisager d'utiliser l'aluminium dans une plus grande variété de projets, citant l'exemple du pont en aluminium d'Arvida qui enjambe la rivière Saguenay depuis 1950. Il s'agit du plus long pont en aluminium au monde.
«Nous devons être notre propre patron», a soutenu M. Poulin. «Nous devons sortir des sentiers battus.»
L'association représentant les principaux producteurs d'aluminium estime que le secteur a perdu 500 millions de dollars à cause des droits de douane.
«Nous expédions 52 000 tonnes de métal par semaine aux États-Unis avec des droits de douane de 50 %», a indiqué Jean Simard, président et directeur général de l'Association de l'aluminium du Canada.
«L'impact est donc considérable. Avant de pouvoir mettre fin à cette situation et détourner une partie de ce métal vers d'autres marchés, il faut plusieurs semaines.»
Le géant multinational Rio Tinto, qui est un employeur important dans la région du Saguenay, poursuit son projet de modernisation d'une fonderie. Cependant, les employés restent inquiets.
«Tout le monde est toujours au travail», a affirmé Donat Pearson, représentant syndical d'Unifor. «Mais nous ne savons jamais ce qui va se passer ensuite, si par exemple, il y aura d'autres droits de douane le mois prochain.»
Après l'entrevue de M. Pearson avec CTV News, le président américain Donald Trump a promis d'imposer des droits de douane supplémentaires de 10 % au Canada, mais sans donner de détails.
Le gouvernement libéral a déjà dévoilé certaines mesures d'allègement prévues dans le budget qui pourraient aider le secteur de l'aluminium, notamment un fonds de 5 milliards de dollars pour les industries touchées par les droits de douane et une politique d'approvisionnement « Achetez canadien ». Mais l'industrie compte également sur Ottawa pour négocier un accord.
«Au-delà de ce que disent les États-Unis, ou certaines personnes aux États-Unis, ils ont besoin de notre métal. Nous représentons 70 % de leurs importations d'aluminium», a affirmé M. Simard.
«Ils consomment cinq millions de tonnes et en produisent 670 000. Cela équivaut à une seule fonderie sur la rive nord du Québec. Ils ont donc le choix. Soit ils s'approvisionnent en métal au Moyen-Orient, en Russie, en Chine ou en Inde, soit ils s'approvisionnent au Canada.»
M. Simard estime qu'un accord avantageux pour le secteur de l'aluminium serait celui qui accorderait une exemption tarifaire totale, mais il concède que nous ne vivons plus dans un monde sans droits de douane, que cela appartient au passé. Il estime donc que le Canada devrait au moins obtenir le statut de nation la plus favorisée et bénéficier d'un accord nettement plus avantageux que n'importe quel autre pays au monde.