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«En raison de leur grave déformation des faits et de leur attitude hostile, j'augmente les droits de douane imposés au Canada de 10 %.»
Le président américain Donald Trump a annoncé samedi sur sa plateforme Truth Social qu'il augmentera de 10 % les droits de douane touchant le Canada.
Dans un long message publié à 16h30 samedi, Donald Trump a fait référence à la campagne publicitaire de l'Ontario contenant un extrait d'un discours de Ronald Reagan. Il qualifie la publicité comme étant «frauduleuse».
Il a également affirmé dans sa missive que l'objectif du Canada dans cette «fraude» était «que la Cour suprême des États-Unis vienne à son "secours" concernant les droits de douane qu'il utilise depuis des années pour nuire aux États-Unis».
Depuis l'arrêt des négociations annoncé par Donald Trump, il a été annoncé que la campagne publicitaire serait suspendue dès le lundi 27 octobre. Toutefois, elle a été diffusée lors du premier match de la série mondiale de baseball mettant en vedette les Blue Jays de Toronto et les Dodgers de Los Angeles. Le président croit que celle-ci aurait dû être retirée plus tôt.
Le premier ministre ontarien Doug Ford a décidé de mettre fin à la campagne après s'être entretenu avec le premier ministre Mark Carney.
Mais M. Ford a également précisé qu'il ne mettrait fin à la campagne qu'après la fin de semaine, afin que les publicités puissent être diffusées pendant les deux premiers matchs de la Série mondiale et atteindre un large public américain.
Une porte-parole de M. Ford a déclaré dans un courriel, à la suite de l'annonce par Trump de la nouvelle taxe de 10 %, que la déclaration faite vendredi par le premier ministre restait valable.
«En raison de leur grave déformation des faits et de leur attitude hostile, j'augmente les droits de douane imposés au Canada de 10 % par rapport à ce qu'ils paient actuellement», a conclu M. Trump dans son message.
Il n'était pas encore clair sur quelle base juridique M. Trump fonderait l'imposition de ces droits de douane supplémentaires. La Maison-Blanche n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires concernant la date d'entrée en vigueur de la hausse de 10 % et son éventuelle application à tous les produits canadiens.
En soirée samedi, CTV News a rapporté que le premier ministre canadien n'avait pas été mis au courant à l'avance par les États-Unis de cette hausse de 10 %. C'est ce qu'a a affirmé un haut fonctionnaire du gouvernement.
En date de 21h00, M. Carney assistait à la soirée d'ouverture de la conférence de l'APEC et n'avait pas réagi sur les récents développements dans la guerre commerciale entre le Canada et son voisin du sud.
Le cabinet du premier ministre a également déclaré aux journalistes qui accompagnent M. Carney que le premier ministre n'avait pas parlé à M. Trump depuis qu'il avait suspendu les négociations commerciales.
Cette rupture constituait déjà un coup dur pour le Canada au moment où un accord commercial entre les deux pays - portant sur l'acier, l'aluminium et l'énergie - semblait pouvoir être conclu, selon le Globe and Mail.
Avant la diffusion de cette publicité, une rencontre entre Mark Carney et Donald Trump était prévue lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) qui se tient la semaine prochaine en Corée du Sud.
Mais depuis, le milliardaire américain a affirmé n'avoir aucune intention de discuter avec Mark Carney ni de le rencontrer.
Il a imposé, depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, des surtaxes sur les importations du monde entier et a négocié - et obtenu avec un certain nombre de pays - des accords bilatéraux. En sus, il a décidé d'appliquer des droits de douane sur certains produits spécifiques (acier et aluminium, en particulier).
Le Canada est le deuxième partenaire commercial des États-Unis et un fournisseur majeur d'acier et d'aluminium pour les entreprises américaines, notamment la construction automobile.
Avant l'annonce de samedi, une partie des importations canadiennes subissaient des droits de douane maximum de 25% (10% pour l'énergie et la potasse) mais en sont exemptées toutes les marchandises entrant dans le cadre de l'accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique (ACEUM).
Ces surtaxes ont durement touché Ottawa, entraînant des pertes d'emploi et mettant les entreprises sous pression.
S'exprimant vendredi avant, lui aussi, de s'envoler pour l'Asie, M. Carney n'avait pas directement mentionné le revirement de M. Trump, mais avait déclaré que les discussions bilatérales avaient montré des «progrès (...) et nous sommes prêts à poursuivre sur cette lancée et à tirer parti de ces progrès lorsque les Américains seront prêts».
«Nous ne pouvons pas contrôler la politique commerciale des États-Unis», avait-il relevé, soulignant son désir d'approfondir les relations commerciales avec d'autres pays.
En date de samedi soir, le cabinet de M. Carney n'avait pas répondu à une demande de commentaires faite par La Presse canadienne.
Dans une déclaration écrite transmise par son cabinet à Noovo Info, Dominic LeBlanc dont le portefeuille ministériel inclut le commerce entre le Canada et les États-Unis, a affirmé que la priorité du gouvernement est «l'obtention de résultats qui profitent aux travailleurs et aux familles tant aux États-Unis qu'au Canada [...] nous estimons que le meilleur moyen d'y parvenir est de collaborer directement avec l'administration américaine».
Il a également réitéré la déclaration de Mark Carney faite vendredi selon laquelle le gouvernement fédéral souhaite «bâtir sur les progrès réalisés» au cours de récentes discussions à Washington.
- Avec des informations de La Presse canadienne, de l'Agence France-Presse et de CTV News.