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«Il ne devrait pas pouvoir se qualifier de prince.»
Il ne se qualifie plus de duc, mais cela ne suffit pas à nombre de ses détracteurs.
Le palais de Buckingham et le gouvernement britannique faisaient l'objet de pressions, lundi, pour déchoir officiellement le prince Andrew de son titre princier et de sa somptueuse demeure, après de nouvelles révélations sur sa relation avec Jeffrey Epstein, condamné pour agression sexuelle.
Après des discussions avec son frère aîné, le roi Charles III, Andrew a accepté vendredi dernier de cesser d'utiliser des titres tels que celui de duc d'York. Il s'agissait de la dernière tentative en date pour protéger la monarchie d'années de manchettes sordides concernant les transactions commerciales suspectes, le comportement inapproprié et les amitiés controversées d'Andrew.
Mais il détient toujours techniquement le titre de duc, conféré par sa défunte mère, la reine Élisabeth II. Et en tant que fils de monarque, il demeure prince.
La déclaration d'Andrew, renonçant à certains de ses titres royaux, est intervenue après la publication de courriels montrant qu'il était resté en contact avec Epstein plus longtemps qu'il ne l'avait admis, et quelques jours avant la publication des mémoires posthumes de Virginia Roberts Giuffre, une accusatrice d'Epstein, qui affirmait avoir eu des relations sexuelles avec Andrew à l'âge de 17 ans.
Le frère de Mme Giuffre, Sky Roberts, a exhorté le roi à aller plus loin et à «lui retirer également le titre de prince».
«Il ne devrait pas pouvoir se qualifier de prince», a déclaré M. Roberts au journal londonien «The Times».
Andrew, âgé de 65 ans, a longtemps nié les allégations de Mme Giuffre, mais a démissionné de ses fonctions royales après une entrevue désastreuse sur la BBC en novembre 2019, au cours de laquelle il a tenté de réfuter ses allégations.
De nombreux téléspectateurs ont vu un prince tout-puissant, manquant d'empathie pour les victimes d'Epstein et fournissant des explications invraisemblables quant à son amitié avec le défunt délinquant sexuel.
Andrew a versé des millions de dollars dans le cadre d'un accord à l'amiable en 2022, après que Mme Giuffre a déposé une plainte. Une action civile a été intentée contre lui à New York.
S'il n'a pas admis ses torts, il a reconnu les souffrances de Virginia Giuffre, victime de trafic sexuel.
Certains politiciens de l'opposition ont plaidé qu'Andrew devrait être officiellement déchu de son titre de duc par une loi du Parlement.
Stephen Flynn, député du Parti national écossais, soutient que le gouvernement devrait recourir à la loi pour retirer leurs titres à Andrew et à Peter Mandelson, membre de la Chambre des Lords, limogé de son poste d'ambassadeur britannique à Washington en septembre en raison de son amitié passée avec Epstein.
«La famille de Virginia Giuffre, dont la vie a été détruite, est en colère et atterrée, a déploré le député. Le public (de partout) est en colère et atterré, et il mérite de savoir que certains (députés) partagent son indignation.»
Le gouvernement a déclaré soutenir la décision du palais concernant les titres d'Andrew, mais ne devrait pas agir unilatéralement. Sous la monarchie constitutionnelle britannique, la Couronne n'interfère pas en politique et les responsables politiques se tiennent à l'écart des questions liées à la famille royale.
«Nos pensées doivent aller aux victimes de Jeffrey Epstein, celles qui ont souffert et continuent de souffrir des abus qu'il leur a infligés, mais ces questions concernent la famille royale», a déclaré la ministre de l'Éducation, Bridget Phillipson, à la BBC.
Certains souhaitent également l'expulsion d'Andrew de la Royal Lodge, la demeure de 30 pièces située près du château de Windsor, où il vit aux côtés de son ex-femme Sarah Ferguson, qui ne sera plus connue sous le nom de duchesse d'York.
Des questions ont été soulevées quant au mode de financement de la maison d'Andrew, qu'il loue à long terme au Crown Estate, un portefeuille de propriétés appartenant nominalement au monarque, mais non contrôlé par celui-ci.
Le palais se prépare à de nouvelles révélations embarrassantes, alors que le roi s'apprête à faire une visite d'État au Vatican. Il doit prier aux côtés du pape Léon XIV.
Le livre de Mme Giuffre, «Nobody’s Girl», paraîtra mardi et détaille trois relations sexuelles présumées avec Andrew. La dame s'est enlevé la vie en avril à l’âge de 41 ans.
Dans un extrait publié en avance, Mme Giuffre affirme que le prince a agi comme s’il croyait qu'«avoir des relations sexuelles avec moi était son droit de naissance».
Mme Giuffre affirme également dans le livre que l’équipe d’Andrew a tenté «d’embaucher des trolls sur Internet pour me harceler». Elle a déclaré qu'Andrew avait insisté pour que l'accord à l'amiable comprenne une ordonnance de non-publication d'un an afin d'éviter que les allégations ne ternissent le jubilé de platine de la défunte reine en 2022.
Par ailleurs, la police métropolitaine de Londres affirme enquêter activement sur les informations relayées par la presse selon lesquelles Andrew aurait cherché en 2011 des informations pour diffamer Mme Giuffre en demandant à l'un de ses gardes du corps de vérifier si elle avait un casier judiciaire.