Les mémoires posthumes de Virginia Roberts Giuffre offrent un récit détaillé, mais peu de nouvelles révélations sur ses allégations de longue date selon lesquelles elle aurait été victime de trafic sexuel aux mains de Jeffrey Epstein au profit de milliardaires, de politiciens et du prince Andrew d'Angleterre.
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Intitulé Nobody's Girl: A Memoir of Surviving Abuse and Fighting for Justice (La fille de personne: mémoires d'une survivante d'abus et de lutte pour la justice), le livre doit sortir mardi. Il a été coécrit par l'auteure et journaliste Amy Wallace et achevé avant le suicide de Giuffre en avril.
Virginia Roberts Giuffre a raconté son histoire dans des entrevues et des procès pendant 16 ans. Le livre qui, selon elle, lui a permis de raconter toute son histoire et de «fournir un contexte qui faisait cruellement défaut», revient sur ses accusations impliquant les hommes qui fréquentaient Epstein, mais avec prudence. Dans de nombreux cas, elle a omis leurs noms, écrivant qu'elle ne les connaissait pas ou qu'elle craignait des représailles.
«J'avais besoin que [Jeffrey Epstein] ne soit pas un pédophile égoïste et cruel. Alors je me suis dit qu'il n'en était pas un.»
Giuffre a toutefois ajouté des détails et des descriptions sur la façon dont ses expériences présumées avec Epstein — après ce qu'elle décrit comme une enfance traumatisante et d'autres cas d'abus sexuels — l'ont affectée psychologiquement et l'ont laissée en proie à des difficultés pour s'en remettre. Elle cherche également à expliquer comment elle a pu se convaincre de rester pendant près de deux ans dans ce qu'elle appelle «le monde écœurant d'Epstein».
Giuffre a rencontré Epstein pour la première fois à l'été 2000, quelques semaines avant ses 17 ans, alors qu'elle travaillait au spa du club Mar-a-Lago du président américain Donald Trump à Palm Beach, en Floride. Dans le livre, elle raconte comment elle a été embauchée par la compagne de longue date d'Epstein, Ghislaine Maxwell, pour travailler comme «masseuse» pour Epstein.
Elle affirme qu'Epstein et Maxwell l'ont incitée à se livrer à des actes sexuels pendant les massages, puis ont commencé à l'emmener dans ses luxueuses résidences à New York, aux Îles vierges américaines et au Nouveau-Mexique, où elle dit avoir rencontré — et parfois été contrainte d'avoir des relations sexuelles avec — de nombreux amis et connaissances célèbres d'Epstein.
Maxwell a nié avoir participé à des abus sexuels et a qualifié de mensonge le récit de Giuffre selon lequel elle aurait été victime de traite, tout comme l'ont fait tous les hommes qu'elle a publiquement accusés.
Le cas du prince Andrew
Dans son livre, Virginia Roberts Giuffre détaille ses rencontres présumées avec le prince Andrew, qu'elle a poursuivi en justice en 2021, affirmant qu'ils avaient eu des relations sexuelles lorsqu'elle avait 17 ans. Andrew a nié ses accusations et les deux parties ont réglé le litige à l'amiable en 2022.
Les spéculations selon lesquelles Epstein était impliqué dans un réseau mondial de trafic sexuel continuent de causer des maux de tête à l'administration Trump, qui subit des pressions pour rendre publics davantage de documents liés aux enquêtes du FBI sur Epstein et Maxwell.
Même Giuffre, dans les dernières pages du livre, demande: «Où sont les cassettes vidéo que le FBI a confisquées dans les maisons d'Epstein? Et pourquoi n'ont-elles pas conduit à la poursuite d'autres agresseurs?»
Dans le livre, elle décrit avoir rencontré Trump une fois à Mar-a-Lago, où travaillait son père, mais n'accuse pas Trump d'avoir commis des actes répréhensibles. Trump «n'aurait pas pu être plus aimable», a-t-elle lancé, ajoutant qu'il lui avait proposé de l'aider à trouver un emploi de gardienne d'enfants.
Giuffre mentionne également qu'elle a assisté à des dîners organisés par Epstein avec l'ancien président américain Bill Clinton et l'ancien vice-président Al Gore et son épouse, Tipper, mais elle ne les accuse pas non plus d'actes répréhensibles.
Giuffre a rompu tout contact avec Epstein en 2002. Trois ans plus tard, la police de Palm Beach a ouvert une enquête sur Epstein après que les parents d'une autre adolescente aient signalé que leur fille avait également été payée pour un acte sexuel. La police a identifié plusieurs mineures ayant raconté des histoires similaires, selon lesquelles elles avaient été engagées pour prodiguer des massages à caractère sexuel, mais l'enquête a pris fin en 2008 lorsque Epstein a plaidé coupable d'avoir procuré une personne de moins de 18 ans à des fins de prostitution. Il a purgé 13 mois d'une peine de prison de 18 mois.
Dans son livre, Virginia Roberts Giuffre écrit qu'Epstein et Maxwell l'ont persuadée de devenir recruteuse afin de trouver d'autres filles qui pratiqueraient des massages à caractère sexuel sur Epstein, ce qu'elle qualifie de «pire chose qu'elle ait jamais faite dans sa vie».
«Les visages des filles que j'ai recrutées me hanteront toujours.»
Les procureurs fédéraux de New York ont porté de nouvelles accusations contre Epstein en 2019, mais celui-ci s'est suicidé en prison alors qu'il attendait son procès. Maxwell a été condamnée en 2021 pour des chefs d'accusation incluant le trafic sexuel et purge actuellement une peine de 20 ans de prison. Giuffre n'était impliquée dans aucune de ces deux affaires.
De nombreuses victimes d'Epstein ont raconté leur histoire publiquement au fil des ans, mais Giuffre s'est toujours démarquée en affirmant avoir été «prêtée» aux amis et connaissances riches et puissants d'Epstein.
L'Associated Press ne nomme généralement pas les personnes qui se disent victimes d'abus sexuels, à moins qu'elles n'aient rendu leur histoire publique, comme l'a fait Virginia Roberts Giuffre.
