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«C'est inquiétant.»
Les demandes d’aide alimentaire continueront d’augmenter dans les trois prochaines années, selon le réseau des Banques alimentaires du Québec (BAQ), qui a dévoilé jeudi une première étude économique afin d’établir des prévisions sur l’ampleur de la demande à venir dans la province et mieux comprendre les principaux facteurs qui y contribuent.
«L’étude vient confirmer la tendance inquiétante qu’observe BAQ, soit que le nombre de demandes d’aide alimentaire auquel le réseau répond augmentera», indique-t-il dans un communiqué de presse, soulignant que «les organismes membres de BAQ sur le terrain font face à une pression accrue depuis déjà plusieurs années».
En 2024, BAQ a répondu à 2,9 millions de demandes par mois. Selon l’étude réalisée par Aviseo, ce chiffre grimpera à 3,22 millions en 2027, soit une hausse de plus de 320 000 demandes d’ici trois ans. Elle prévoit une augmentation de 5,19 % en 2026 et de 4,23 % en 2027.
Pour y faire face, BAQ réclame au gouvernement «un financement conséquent qui permettra de répondre aux besoins du réseau et d’aider les plus vulnérables». Le réseau fixe ses exigences à 38 millions $ en 2025-2026, à 36 millions $ en 2026-2027 et à 34 millions $ en 2027-2028.
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«Dans les dernières années, le financement gouvernemental dédié aux achats de denrées a été essentiel pour combler le manque à gagner et acheter suffisamment de denrées pour répondre à la demande croissante. Alors que les résultats de l’étude démontrent que le fossé continuera de se creuser, exacerbant les besoins d’aide alimentaire, BAQ souhaite obtenir un financement prévisible plutôt que de continuellement cogner à la porte du gouvernement», affirme-t-il dans le communiqué.
La porte-parole de l’opposition officielle en matière de solidarité sociale et d’action communautaire, Désirée McGraw, a critiqué «la désinvolture du premier ministre et de son gouvernement, qui prévoient réduire l’aide aux banques alimentaires en 2025».
«Les Banques alimentaires du Québec demandent un financement prévisible pour les trois prochaines années, à la hausse et non à la baisse. Il faut cesser d'être en mode réaction», a déclaré la députée libérale de Notre-Dame-de-Grâce dans un communiqué.
«Au Québec, un gouvernement responsable ne peut demeurer les bras croisés et abandonner les précieux organismes communautaires, comme les banques alimentaires, qui font un travail remarquable et essentiel pour des milliers de familles, dans toutes les régions», a-t-elle ajouté.
BAQ a identifié les quatre principaux facteurs qui influencent le niveau des demandes: la pauvreté et la dépendance des ménages aux mesures d’aide gouvernementale, le marché de l’emploi moins favorable au travail à temps plein, l’augmentation du coût des loyers et le statut précaire des nouveaux arrivants. À eux seuls, ils sont responsables de 71 % de la demande, révèle l’étude.
Plus un ménage dépend des transferts gouvernementaux, moins il est susceptible d’être en mesure de s’adapter à un changement de situation, comme une croissance du coût du logement ou des prix des aliments, rappelle BAQ.
À propos du deuxième élément soulevé par le réseau, il explique que le ratio des emplois à temps partiel comparativement à ceux à temps plein est un indicateur probant de l’état du marché du travail et que le Québec est la province canadienne où le nombre d’heures travaillées par semaine par emploi est le plus bas.
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Quant à la hausse du prix des loyers, celle-ci porte à accroître la demande d’aide alimentaire, «surtout lorsque les revenus d’emploi ne croissent pas à la même vitesse que les principaux postes de dépenses des ménages», souligne BAQ.
Enfin, le réseau rapporte qu’une étude de Statistique Canada a conclu qu’une famille sur quatre (26 %) ayant immigré au pays entre 2013 et 2022 se trouve en situation d’insécurité alimentaire. Il s’agit d’une proportion similaire à celle observée dans le «Bilan-Faim» de 2024 de BAQ, qui constatait que près du quart des demandeurs étaient de nouveaux arrivants (24,7 %).
Le directeur général de BAQ, Martin Munger, croit que les résultats du travail de la firme de services-conseils prouvent «la nécessité de mettre en place des politiques publiques fortes en matière de lutte contre la pauvreté».
«Tant que des mesures et des actions structurantes qui s’attaquent aux racines de la pauvreté et des inégalités sociales ne seront pas implantées, nous serons confrontés à cette hausse, soutient-il. Nous souhaitons pouvoir établir une entente constante et prévisible avec le gouvernement du Québec afin d’assurer une aide aux plus vulnérables.»
Le réseau de BAQ est composé de 34 membres régionaux, souvent appelés Moisson. Ceux-ci assurent un approvisionnement en denrées à 1300 organismes communautaires aux quatre coins de la province.