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Les conservateurs se rallient au chef; Poilievre maintient ses propos

Le chef conservateur avait accusé la GRC d'avoir couvert l'ancien premier ministre libéral Justin Trudeau.

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a7171013d4345ca20cd48699ffccea730676647eac628251909288c6828cfdc5.jpg Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, prend la parole lors de la période des questions à la Chambre des communes, sur la colline du Parlement, à Ottawa, le lundi 20 octobre 2025. (Spencer Colby | La Presse canadienne)

Plusieurs députés conservateurs se sont rangés derrière leur chef Pierre Poilievre, mercredi, malgré des propos controversés sur la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et l'ex-premier ministre Justin Trudeau. Quant au principal intéressé, il n'a pas reculé sur ses déclarations, malgré des divisions apparentes dans ses rangs. 

Le caucus conservateur était réuni pour la première fois en matinée depuis l'apparition de M. Poilievre dans une chaîne YouTube, où il avait accusé la GRC d'avoir couvert l'ancien premier ministre libéral Justin Trudeau. 

Dans cette entrevue pour la chaîne Northern Perspective, M. Poilievre a souligné que M. Trudeau avait «probablement» enfreint le Code criminel lors de l'affaire SNC-Lavalin et que la GRC avait «étouffé» l'affaire. Selon le chef conservateur, l'ex-premier ministre aurait aussi violé la loi avec ses vacances sur l'île privée de l'Aga Khan. 

De telles déclarations ont suscité un malaise chez certains conservateurs, dont un ex-attaché de presse du premier ministre Stephen Harper, Dimitri Soudas.

En mêlée de presse au foyer de la Chambre des communes, le chef conservateur a maintenu qu'il n'avait «aucune tolérance» pour la «corruption», et qu'il blâmait l'ancienne dirigeante de la police fédérale, Brenda Lucki, dans ce dossier. 

«Que ce soit le scandale Aga Khan, où sa force a dit ne pas pouvoir enquêter pour les raisons "d'intérêt public" malgré le fait qu'un crime aurait eu lieu ou que ce soit dans SNC-Lavalin, où ils n'ont pas fait une seule entrevue», a-t-il soutenu. 

Il ne s'est pas dit inquiet de perdre l'appui de ses collègues. «Tous les conservateurs s'entendent sur une chose: les gens doivent être tenus responsables», a-t-il tranché.

Les députés se rallient

Plusieurs conservateurs qui ont été interrogés sur le sujet mercredi matin ont choisi de passer leur chemin sans commenter, mais quelques-uns d'entre eux ont tenu à exprimer leur confiance en la GRC, et en leur chef. 

«La GRC, honnêtement, nous aimons le travail qu'elle fait, c'est une grande institution canadienne», a indiqué le député albertain Greg Mclean. 

Sans reprendre les propos de son chef, M. Mclean a dit croire qu'une enquête devrait être ouverte sur la façon dont la GRC avait géré les dossiers de l'ex-premier ministre Justin Trudeau.

Son collègue ontarien Michael Barrett a lui aussi témoigné sa confiance envers la GRC, mais a soulevé également la possibilité qu'il reste des zones d'ombre sur l'implication de M. Trudeau dans les controverses sur SNC-Lavalin et l'Aga Khan.

«Il y a eu et il y a des critiques, avec raison, sur comment les choses ont évolué dans les dernières années», a-t-il plaidé.

Garnett Genuis a ajouté que les conservateurs «n'avaient pas de leçons à recevoir» des libéraux concernant le traitement des forces de l'ordre.

Agacement et divisions

Plusieurs députés n'ont d'ailleurs pas caché leur agacement d'avoir des questions sur le sujet. 

«Parlez-moi de la crise des opioïdes, de comment c'est la première cause de décès pour les jeunes», a lancé le député britanno-colombien Todd Doherty, qui s'est fermement rangé derrière son chef.

«Notre chef a fait une déclaration, je n'ai rien à ajouter», a affirmé l'ancien chef conservateur et député de la Saskatchewan Andrew Scheer.

«Il y a un incendie de cinq alarmes qui arrive dans ce pays avec les emplois, l'inflation. (...) C'est ce dont nous allons parler aujourd'hui», a-t-il ajouté avant de s'engouffrer dans la salle.

Après avoir essuyé une défaite aux dernières élections fédérales, le chef conservateur Pierre Poilievre devra se soumettre à un vote de confiance en janvier et ses propos ont suscité des divisions au sein des rangs conservateurs.

Dimitri Soudas, devenu commentateur politique, a notamment critiqué M. Poilievre, lui reprochant ses propos «irresponsables».

«Dans une démocratie fondée sur l'État de droit, aucun chef de l'opposition ne devrait jamais réclamer l'emprisonnement d'un premier ministre ou de tout rival politique, a-t-il écrit dans une lettre ouverte. Cela sape la confiance dans notre système judiciaire, notre police fédérale et, en fin de compte, dans la Couronne.»

Poilievre dément des informations

En mêlée de presse, M. Poilievre a fermement nié avoir dit qu'il souhaitait voir le premier ministre en prison. «Ce n'est pas ce que j'ai dit», a-t-il insisté.

Dans l'émission, apparemment enregistrée le 3 octobre, le chef conservateur n'a pas parlé nommément de l'ex-premier ministre lorsqu'il était question de prison.

«Plusieurs des scandales de l'ère Trudeau auraient dû impliquer du temps de prison», a-t-il déclaré, avant d'ajouter: «Trudeau a enfreint le Code criminel lorsqu'il a pris des vacances gratuites de quelqu'un avec qui il avait des affaires gouvernementales.»

«Si la GRC avait fait son travail et ne l'avait pas couvert pour lui, il aurait été accusé criminellement, a-t-il ajouté. Et il a probablement violé le Code criminel dans le scandale SNC-Lavalin.»

Vicky Fragasso-Marquis

Vicky Fragasso-Marquis

Journaliste