Santé

Les compétences des infirmières sous-utilisées dans le réseau, dénonce l'OIIQ

«Si on veut entre autres améliorer l'accès, qui est le talon d'Achille de notre réseau, il faut maximiser ce potentiel.»

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276fc4864ff52888a99e15edfe6c78e11cb4e11e72d2825485de4f4cefc6c122.jpg Luc Mathieu, président de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse, le jeudi 11 mai 2023, à Montréal. LA PRESSE CANADIENNE/Ryan Remiorz (Ryan Remiorz | La Presse canadienne (archives))

Les compétences des infirmières sont sous-utilisées dans le réseau de la santé, dénonce jeudi l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Ce n'est pas normal que les infirmières de nuit soient utilisées davantage à leur plein potentiel que celles de jour dans un même établissement, fait valoir l'Ordre.  

En moyenne, 40 % des activités exercées par les 86 000 infirmières qui pratiquent au Québec pourraient être effectuées par un autre professionnel, comme une infirmière auxiliaire ou un préposé aux bénéficiaires.

«Si on veut entre autres améliorer l'accès, qui est le talon d'Achille de notre réseau, il faut maximiser ce potentiel», mentionne en entrevue le président de l'OIIQ, Luc Mathieu.

On observe des variations par rapport à la pratique infirmière un peu partout sur le territoire. Par exemple, deux hôpitaux comparables ne permettront pas aux infirmières d’exercer leur travail de la même façon et avec la même autonomie professionnelle.

«Il y a une réalité aussi dans les hôpitaux: les infirmières de jour, elles peuvent faire certaines affaires, celles de soir, elles peuvent en faire un peu plus, puis celles en nuit, encore plus. Mais qu'est-ce qui se passe entre ces quarts de travail? C'est que de soir, il y a un peu moins d'intervenants et encore moins la nuit. Pourtant, ce sont les mêmes infirmières, les mêmes compétences avec les mêmes patients. Alors, comment ça se fait que l'organisation du travail fasse en sorte qu'on ne leur permet pas de mettre à contribution tout le potentiel qu'elles ont?» soulève M. Mathieu.

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Il y a «des blocages à la collaboration» et autant Santé Québec que les établissements pourraient mieux répartir les activités exercées par les différents professionnels de la santé.

L'OIIQ appelle à une révision majeure de la collaboration interprofessionnelle afin d'améliorer l’efficacité de la première ligne. «On ne veut pas faire ça tout seul, on veut faire ça avec les autres intervenants, les autres professionnels de la santé. On n'est pas dans un discours corporatif, on est vraiment dans la perspective d'améliorer l'accès», précise M. Mathieu.

Les infirmières en rôle élargi 

Dans certaines régions éloignées du Québec, notamment le Grand Nord, les infirmières vont évaluer les patients, poser des diagnostics et elles peuvent faire des ordonnances. On appelle ces infirmières «en rôle élargi», mais selon M. Mathieu, elles font tout simplement leur travail avec leur pleine autonomie. 

«Ce n'est pas tant qu'elles ont un rôle élargi, c'est qu'elles occupent pleinement... elles mettent à contribution tout le potentiel de ce qu'elles ont appris sur les bancs d'école», soutient le président de l'OIIQ. 

Il était de passage sur la Côte-Nord tout récemment et ce qui l'a frappé, c'est que loin des grands centres, on mise sur une utilisation optimale des compétences infirmières. Cela devrait inspirer toute la province, dit-il. 

Dans un éditorial publié jeudi par l'OIIQ, M. Mathieu s'adresse aux infirmières en leur demandant de poser des questions à leur gestionnaire si elles constatent qu'il y a un écart entre leur champ d’exercice et ce qu'on leur autorise à faire. «Le champ d’exercice de la profession est défini par la Loi sur les infirmières et les infirmiers. C’est un cadre légal qui précise notre terrain de jeu et établit 17 activités réservées. Avec un rôle aussi étendu, pourquoi nous limiter autant?», conclut M. Mathieu dans sa lettre. 

Katrine Desautels

Katrine Desautels

Journaliste