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Les cardinaux recherchent un pape capable d'unir l'Église et de prêcher la paix

Le pape François a nommé 108 des 133 électeurs et choisi des cardinaux à son image.

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La Conférence des évêques catholiques du Canada, qui organise la visite au pays du pape François, sollicite des dons de ceux qui espèrent le voir. Le pape François. (Alessandra Tarantino | The Associated Press)

Les cardinaux ont conclu leurs réunions préconclave mardi, cherchant à identifier un éventuel nouveau pape, capable de succéder au pape François et de rendre l'Église catholique, vieille de 2000 ans, crédible et pertinente aujourd'hui, notamment auprès des jeunes.

Bien qu'ils soient originaires de 70 pays différents, les 133 cardinaux électeurs semblent fondamentalement unis pour insister sur le fait que la question qui se pose à eux n'est pas tant de savoir si l'Église aura son premier pontife asiatique ou africain, ou encore un conservateur ou un progressiste. Ils affirment plutôt que la tâche principale qui les attend, à l'ouverture du conclave mercredi, est de trouver un pape qui sache être à la fois pasteur et enseignant, un pont capable d'unir l'Église et de prêcher la paix.

«Nous avons besoin d'un surhomme!»
- Cardinal William Seng Chye Goh, archevêque de Singapour, 67 ans

C'est en effet une tâche ardue, compte tenu des abus sexuels et des scandales financiers qui ont terni la réputation de l'Église, ainsi que des tendances sécularisantes qui, dans de nombreuses régions du monde, détournent les gens des religions organisées. Si l'on ajoute à cela la situation financière désastreuse du Saint-Siège et une bureaucratie souvent dysfonctionnelle, la tâche d'être pape au XXIe siècle paraît presque impossible.

Le pape François a nommé 108 des 133 électeurs et choisi des cardinaux à son image. Mais l'élection est entourée d'une certaine incertitude, car nombre d'entre eux ne se connaissaient pas avant la semaine dernière, ce qui signifie qu'ils n'ont pas eu beaucoup de temps pour déterminer lequel d'entre eux est le plus apte à diriger l'Église forte de 1,4 milliard de fidèles.

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Les cardinaux ont tenu leur dernière journée de réunions préconclave mardi matin, au cours de laquelle l'anneau de pêcheur et le sceau officiel de François ont été détruits lors de l'un des derniers rites officiels de la transition de son pontificat au suivant. Les cardinaux commenceront à chercher le nouveau pape mercredi après-midi, lorsque ces «princes de l'Église» entreront solennellement dans la chapelle Sixtine au son du chant méditatif des «Litanies des Saints». Ils prêteront serment de discrétion sous la vision intimidante du paradis et de l'enfer du «Jugement dernier» de Michel-Ange, écouteront la méditation d'un cardinal de haut rang, puis voteront pour la première fois.

Si aucun candidat n'obtient la majorité des deux tiers requise, soit 89 voix, les cardinaux se retireront pour la journée et reviendront jeudi. Ils procéderont à deux tours de scrutin le matin, puis à deux tours l'après-midi, jusqu'à ce qu'un vainqueur soit désigné.

Un pape pour l'avenir

Interrogé sur les priorités des cardinaux électeurs, Monseigneur Goh a déclaré aux journalistes cette semaine que la priorité était que le nouveau pape soit capable de diffuser la foi catholique et de «rendre l'Église pertinente à notre époque. Comment atteindre les jeunes, comment montrer un visage empreint d'amour, de joie et d'espoir?» 

Mais au-delà de cela, il faut prendre en compte certaines préoccupations géopolitiques concrètes. L'Église catholique se développe en Afrique et en Asie, tant en nombre de fidèles baptisés que de vocations au sacerdoce et aux ordres religieux féminins. A contrario, elle recule dans les bastions traditionnellement catholiques d'Europe, avec des églises vides et des fidèles quittant officiellement l'Église dans des pays comme l'Allemagne, beaucoup invoquant les scandales d'abus sexuels.

Mais le pape doit-il nécessairement refléter le nouveau visage de l'Église catholique et inspirer les fidèles, en particulier dans les régions du monde où la dynamique de croissance est déjà amorcée?

L'Asie en force

Le pape François a été le premier pape latino-américain et cette région compte encore la majorité des catholiques du monde. Le cardinal indien Oswald Gracias, archevêque retraité de Mumbai, a affirmé que l'Église devait devenir plus asiatique, culturellement et spirituellement.

Le «centre de gravité du monde se déplace vers l'Asie», a-t-il soutenu. «L'Église asiatique a beaucoup à apporter au monde.»

À 80 ans, Mgr Gracias ne participera pas au conclave, mais l'Inde compte quatre cardinaux électeurs parmi les 23 que compte l'Asie au total. Le continent asiatique constitue le deuxième bloc électoral le plus important après l'Europe, qui compte 53 cardinaux électeurs (ou probablement 52, étant donné que l'un d'entre eux ne devrait pas participer pour des raisons de santé).

L'un des grands enjeux géopolitiques auxquels sont confrontés les cardinaux est la Chine et la situation critique des quelque 12 millions de catholiques chinois qui y vivent.

Sous François, le Vatican a signé en 2018 un accord controversé avec Pékin concernant la nomination des évêques, que de nombreux conservateurs ont dénoncé comme une trahison des catholiques chinois clandestins, restés fidèles à Rome pendant des décennies de persécution communiste. Le Vatican a défendu l'accord comme étant le meilleur accord possible, mais il reste à voir si le successeur de François maintiendra cette politique.

Selon les statistiques du Vatican, les catholiques représentent 3,3 % de la population en Asie, mais leur nombre est en augmentation, notamment parmi les séminaristes, comme en Afrique, où les catholiques représentent environ 20 % de la population.

En collaboration avec Jim Gomez, Silvia Stellacci, Trisha Thomas et Giovanna Dell'Orto.

Nicole Winfield

Nicole Winfield

Journaliste