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Les Bédouins armés de Syrie se retirent de Soueida, une ville à majorité druze

Le retrait des Bédouins a apporté un calme prudent dans la région et des convois humanitaires sont en route.

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Des combattants bédouins passent devant des véhicules brûlés dans le village de Mazraa, à la périphérie de la ville de Soueida, dans le sud de la Syrie, le 19 juillet 2025. Les clans bédouins armés de Syrie ont annoncé dimanche leur retrait de la vil... Des combattants bédouins passent devant des véhicules brûlés dans le village de Mazraa, à la périphérie de la ville de Soueida, dans le sud de la Syrie, le 19 juillet 2025. Les clans bédouins armés de Syrie ont annoncé dimanche leur retrait de la ville de Soueida. (Ghaith Alsayed/Associated Press)

Les clans bédouins armés de Syrie ont annoncé dimanche leur retrait de la ville de Soueida, dans le sud du pays, après plus d'une semaine d'affrontements et un cessez-le-feu négocié par les États-Unis. Des convois d'aide humanitaire ont commencé à entrer dans la ville ravagée.

Les affrontements entre les milices de la minorité religieuse druze et les clans musulmans sunnites ont fait des centaines de morts et menacé de compromettre la transition d'après-guerre déjà fragile en Syrie. Israël a également lancé des dizaines de frappes aériennes dans la province de Soueida, à majorité druze, ciblant les forces gouvernementales qui s'étaient de facto rangées du côté des Bédouins.

Une série d'enlèvements en représailles a déclenché des affrontements dans plusieurs villages de la province, qui se sont ensuite étendus à la ville de Soueida. Les forces gouvernementales ont été redéployées pour mettre fin aux nouveaux combats qui ont éclaté jeudi, avant de se retirer à nouveau.

Le président par intérim de la Syrie, Ahmad al-Charaa, plus favorable aux Bédouins, avait tenté de séduire la communauté druze tout en restant critique à l'égard des milices. Il a ensuite exhorté les Bédouins à quitter la ville, affirmant qu'ils «ne peuvent se substituer à l'État dans la gestion des affaires du pays et le rétablissement de la sécurité».

«Nous remercions les Bédouins pour leur héroïsme, mais nous exigeons qu'ils s'engagent pleinement à respecter le cessez-le-feu et à se conformer aux ordres de l'État», a-t-il déclaré dans un discours diffusé samedi.

Appel au calme 

Le retrait des Bédouins a apporté un calme prudent dans la région et des convois humanitaires sont en route. Le Croissant-Rouge syrien a annoncé dimanche avoir envoyé 32 camions chargés de nourriture, de médicaments, d'eau, de carburant et d'autres denrées, après que les combats ont laissé la province avec des coupures et des pénuries d'électricité.

L'agence de presse officielle syrienne, SANA, a rapporté que le convoi était entré à Soueida dimanche, mais a accusé le chef spirituel druze, Cheikh Hikmat al-Hijri, et ses partisans armés d'avoir refoulé une délégation gouvernementale qui accompagnait un autre convoi.

Dans un communiqué, M. Al-Hijri n'a pas répondu directement aux accusations, mais il a déclaré accueillir favorablement toute aide à Soueida et a vivement dénoncé ce qu'il affirme être des campagnes médiatiques déformées à son endroit.  

«Nous réaffirmons que nous n'avons aucun différend avec quiconque, quelle que soit sa religion ou son origine ethnique, peut-on lire dans le communiqué. Honte et déshonneur à tous ceux qui cherchent à semer la discorde et la haine dans l'esprit des jeunes.»

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué que 128 571 personnes avaient été déplacées lors des affrontements, dont 43 000 pour la seule journée de samedi.

L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, Tom Barrack, a déclaré que les affrontements et les atrocités avaient «éclipsé» un optimisme initial prudent quant à la transition d'après-guerre du pays et à la levée des sanctions par la communauté internationale.

«Toutes les factions doivent immédiatement déposer les armes, cesser les hostilités et abandonner les cycles de vengeance, a écrit M. Barrack sur X. La Syrie se trouve à un tournant critique: la paix et le dialogue doivent prévaloir, et ce, dès maintenant.»

Des dizaines de civils druzes ont été tués dans la ville lors d'une série d'attaques ciblées perpétrées par des combattants bédouins et les forces gouvernementales. Des vidéos qui ont circulé en ligne ont également montré des combattants détruisant des portraits de dignitaires et de notables druzes dans des maisons, et rasant la moustache de Druzes âgés, ce qui est perçu comme une insulte à la culture et aux traditions.

En retour, les milices druzes ont attaqué des zones à majorité bédouine à la périphérie de la province, forçant des familles à fuir vers la province voisine de Deraa.

Plus de la moitié du million de Druzes dans le monde vit en Syrie. La plupart des autres Druzes vivent au Liban et en Israël, notamment sur le plateau du Golan, conquis par Israël à la Syrie lors de la guerre de 1967 et annexé en 1981.

Les Druzes de Syrie ont largement célébré la chute de la famille Assad, qui a mis fin à des décennies de régime tyrannique. Malgré leurs inquiétudes quant au régime islamiste d'Ahmad al-Charaa, nombre d'entre eux souhaitaient aborder la question par la voie diplomatique. Cependant, les récents affrontements ont rendu un nombre croissant de Druzes de la région plus sceptiques quant au nouveau leadership de Damas et à une coexistence pacifique. 

Ghaith Alsayed

Journaliste

Kareem Chehayeb

Kareem Chehayeb

Journaliste