Environnement

Les agriculteurs de maïs peinent face aux changements climatiques

Dans l'ensemble, les producteurs de maïs ont eu de la chance cette année.

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2c5f92d5659eae94f89ed7b0c99bad902d8f7c5bb5ed1c21d7e66de97b359be1.jpg Gary Rynd montre un épi de maïs dont la croissance a été mauvaise, probablement en raison de problèmes de pollinisation, le 18 août 2025 à Paw Paw, au Michigan. (AP Photo)

Robb Rynd et son frère ont grandi dans l'agriculture et souhaitaient s'adonner à cette activité en dehors de leur travail quotidien. Ils se sont donc lancés ensemble dans la culture de ce qui représente aujourd'hui un peu plus de 80 hectares de maïs, de soja, de blé et de sorgho. L'année dernière a été une bonne année, mais cette année, tout a changé. 

Tout l'été, il a récolté des feuilles brunes et fanées ou des épis de maïs sans grains, et il devient maintenant évident que chaque grain comptera pour cette récolte. «C'est presque déprimant d'aller voir la récolte pour encore se dire: "Oh oui, ça a l'air vraiment mauvais"», a-t-il déclaré.

Dans les principaux États producteurs de maïs aux États-Unis, le changement climatique crée des conditions qui rendent la croissance du maïs un véritable casse-tête pour les agriculteurs. Des facteurs, tels que des températures nocturnes estivales constamment élevées, des sécheresses et des pluies plus abondantes que d'habitude au mauvais moment, peuvent perturber la pollinisation des plantes.

Dans l'ensemble, les producteurs de maïs ont eu de la chance cette année, avec des conditions météorologiques tardives qui ont contribué à ce qui s'annonce désormais comme une récolte record. Mais les experts affirment que les épisodes météorologiques extrêmes intensifient l'attente pendant une période critique de l'année, celle entre les semis et la récolte.

Chaleur et précipitations excessives

Les changements climatiques ont aggravé plusieurs épisodes de chaleur extrême aux États-Unis cette année, augmentant également la probabilité de températures nocturnes plus élevées depuis 1970, selon Climate Central, un groupe indépendant de scientifiques qui diffuse des données et des analyses climatiques au public.

Lorsqu'un plant de maïs pousse, les feuilles se déroulent pour révéler la panicule, la partie qui libère le pollen, explique Mark Licht, professeur agrégé d'agronomie et spécialiste des systèmes de culture à l'Université d'État de l'Iowa. Si la plante pousse trop vite, ce qui peut se produire lorsqu'il fait constamment très chaud, la panicule peut être trop serrée par la feuille, ce qui réduit la libération de pollen.

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Cela peut entraîner des épis de maïs inégaux. Des cas d'enroulement serré de la panicule ont été signalés dans certaines régions des États-Unis, selon certaines publications agricoles spécialisées. M. Licht a indiqué n'avoir constaté de problèmes d'enroulement de la panicule qu'une seule fois en 20 ans de carrière en tant qu'agronome.

Les températures élevées peuvent stresser le maïs d'autres manières, en diminuant la production de pollen, en réduisant sa viabilité ou en desséchant d'autres parties de la plante, réduisant ainsi sa fertilité. «Les problèmes de pollinisation ont tendance à être plus problématiques en cas de températures élevées et de sécheresse, ou de manque de précipitations», a ajouté M. Licht. L'Iowa a pourtant bénéficié de pluies abondantes et a tout de même connu des problèmes de pollinisation. Une humidité excessive peut provoquer le charbon du maïs, un champignon qui se développe sur les épis.

Il a souligné que les agriculteurs doivent y prêter davantage attention, car «la météo est plus variable».

Cet hiver, l'organisme américain de surveillance de la sécheresse a signalé une sécheresse dans près de 60 % des zones de production de maïs du Midwest. Mais des précipitations proches ou supérieures à la normale presque partout à l'est des Rocheuses cet été ont ramené ce taux à seulement 3 % début août, a indiqué Brad Rippey, météorologue au ministère de l'Agriculture des États-Unis. Ceci, combiné à une chaleur constante, signifie qu'il faut s'attendre «à une récolte de maïs monstrueuse aux États-Unis en 2025», a selon M. Rippey.

Stress climatique

La fin de l'été est une période décisive pour les agriculteurs: ils essaient d'évaluer leurs revenus annuels et de planifier la suite des choses. Une pollinisation inégale ne les aide pas.

Lorsque la pollinisation est à son plus bas, avec 15 % à 25 % de chaque épi de maïs qui ne contient pas de grains, cela peut entraîner une perte de rendement importante sur un grand champ, a expliqué Nicolle Ritchie, agente de vulgarisation à l'Université d'État du Michigan. Elle aide M. Rynd à surveiller ses cultures. Jason Cope a cofondé PowerPollen, une entreprise de technologie agricole dont les équipements permettent de collecter mécaniquement le pollen et de polliniser les futures cultures. Il explique qu'en raison de phénomènes météorologiques extrêmes, le nombre de missions de pollinisation de «sauvetage» réalisées pour ses clients – afin de sauver des champs dont la pollinisation naturelle était insuffisante – a presque doublé depuis leur création en 2018.

M. Walton affirme pouvoir faire avec la situation tant que les problèmes de pollinisation ne s'aggravent pas trop.

«On apprend à gérer le stress, car la plupart de ces facteurs sont hors de notre contrôle».