L'économie canadienne s'est contractée pour un deuxième mois consécutif en mai, même si certains secteurs ont tenu bon face aux droits de douane américains.
Le produit intérieur brut réel a reculé de 0,1 % en mai, a annoncé jeudi Statistique Canada, soit une baisse identique à celle d'avril.
L'organisme fédéral a indiqué que les secteurs de la production de biens étaient responsables de cette baisse, notamment ceux des mines, des carrières et de l'extraction pétrolière et gazière. RBC a souligné que les incendies de forêt dans les Prairies ont temporairement freiné l'activité pétrolière et gazière.
Marc Ercolao, économiste à la Banque TD, a relevé en entrevue que le secteur des services canadien résiste relativement bien, même si les industries exposées aux échanges commerciaux ressentent les effets des droits de douane américains.
«Nous n'en sommes qu'aux prémices, mais nous constatons que l'impact des tarifs se répercute sur certaines de ces industries», a-t-il déclaré.
Le secteur de la fabrication, l'un des secteurs les plus exposés aux droits de douane, continue de faire face à des difficultés. Bien que le secteur ait progressé de 0,7 % en mai, cela n'a pas suffi à compenser entièrement la baisse de 1,8 % enregistrée en avril. Les premières estimations de Statistique Canada prévoient également une nouvelle contraction du secteur en juin.
Le transport et l'entreposage ont rebondi après une baisse en avril.
«La bonne nouvelle, c'est que l'économie canadienne semble avoir traversé la période d'incertitude commerciale maximale avec moins de dommages que prévu initialement», a écrit Doug Porter, économiste en chef de BMO, dans une note à ses clients jeudi.
Les premières estimations de Statistique Canada pour juin indiquent un rebond attendu de 0,1 % du PIB réel. L'organisme a souligné que la vigueur du commerce de détail et de gros serait à l'origine de la croissance, tandis que le secteur de la fabrication devrait avoir reculé le mois dernier.
Dans l'ensemble, Statistique Canada a indiqué que les données préliminaires pour le deuxième trimestre de l'année montrent que l'économie est restée essentiellement inchangée. Les premières estimations de l'organisme seront mises à jour lors de la publication des chiffres du PIB de juin, le mois prochain.
M. Ercolao a dit s'attendre à ce que ces conditions persistent dans l'ensemble jusqu'à ce que le Canada parvienne à conclure un accord commercial avec les États-Unis.
«Tant que cette incertitude persistera, elle aura des répercussions sur l'activité économique dans tous les secteurs et sur les décisions d'investissement, ce qui entraînera probablement un troisième trimestre plus faible», a-t-il déclaré.
La Banque du Canada a indiqué mercredi dans son rapport sur la politique monétaire qu'elle s'attendait à une baisse du PIB réel de 1,5 % sur une base annuelle au deuxième trimestre, dans un contexte d'incertitude considérable liée aux droits de douane américains.
M. Porter a souligné que les chiffres mensuels du PIB de Statistique Canada mesurent la production par industrie, tandis que les estimations de la Banque du Canada suivront les dépenses réelles dans l'économie.
«Les estimations de la production et des dépenses ne concordent pas toujours, surtout en cas de variation importante des exportations et des importations, comme ce fut certainement le cas au cours de chacun des deux derniers trimestres», a-t-il écrit.
M. Porter a déclaré qu'une forte baisse des volumes d'exportations canadiennes liée aux perturbations commerciales avec les États-Unis entraînera probablement un recul du PIB du deuxième trimestre, selon les dépenses – les chiffres que Statistique Canada publiera à la fin du mois d'août.
Les chiffres de l'inflation
La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 2,75 % pour la troisième fois consécutive mercredi, en raison de ce qu'elle a qualifié de signes de résilience de l'économie canadienne.
M. Ercolao a affirmé que, puisque les chiffres du PIB de mai étaient globalement conformes aux attentes, la Banque du Canada ne sera probablement pas influencée par les dernières données.
«La Banque du Canada s'est réunie hier (mercredi) et elle semble satisfaite de la situation économique», a-t-il noté.
La banque centrale examinera à deux reprises l'inflation avant sa prochaine décision sur les taux d'intérêt, le 17 septembre. M. Ercolao estime que ces relevés sur les prix auront une plus grande influence sur l'évolution future des taux d'intérêt.
La probabilité d'une baisse des taux d'intérêt lors de la réunion de septembre sur les marchés financiers était globalement inchangée, autour de 14 % jeudi midi, selon LSEG Data & Analytics.
Statistique Canada a indiqué qu'un mois plus chargé pour la revente de logements, particulièrement à Toronto, a entraîné une légère reprise de l'activité dans le secteur de l'immobilier et de la location. Selon M. Ercolao, il est trop tôt pour dire s'il s'agit du début d'une nouvelle tendance sur le marché immobilier ou d'un simple sursaut, «mais certains signes avant-coureurs laissent entrevoir une certaine reprise».
Avec la qualification de trois équipes canadiennes pour la deuxième ronde des séries éliminatoires de la LNH, Statistique Canada a indiqué que le secteur des arts, des spectacles et des loisirs était également en hausse en mai.
Le secteur public, quant à lui, a enregistré des baisses après une hausse d'activité liée aux élections fédérales d'avril.
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