Le produit intérieur brut (PIB) réel a reculé de 0,3 % en août et les premiers indicateurs laissent présager une croissance quasi nulle au troisième trimestre, a indiqué vendredi Statistique Canada.
Les industries productrices de biens ont enregistré une baisse en août pour la cinquième fois cette année, tandis que le secteur des services s’est contracté pour la première fois en six mois, a précisé Statistique Canada.
L’organisme a indiqué que le recul d’août compense en grande partie la hausse de 0,3 % du PIB réel en juillet, un chiffre légèrement révisé à la hausse par rapport aux estimations précédentes. Statistique Canada prévoyait initialement une croissance nulle pour août dans sa première estimation.
L'agence fédérale a expliqué que l'arrêt de travail chez les agents de bord d’Air Canada avait freiné l’activité du transport aérien en août. Ce sous-secteur a reculé de 4,6 % au cours du mois, soit sa plus forte baisse depuis le début de la pandémie de COVID-19.
La sécheresse a limité la production d'hydroélectricité en août, a aussi précisé l'organisme, ce qui a freiné la production globale du secteur des services publics.
Le commerce de gros et les sous-secteurs de l'extraction minière et l'exploitation en carrière ont également affiché des baisses en août, compensées par la croissance du commerce de détail.
Le secteur de la fabrication, sensible aux droits de douane, a enregistré un recul de 0,5 % en août, mais une première analyse des chiffres du PIB réel de septembre indique que le secteur pourrait avoir rebondi le mois dernier.
Les estimations préliminaires de Statistique Canada pour septembre prévoient une hausse de 0,1 % du PIB réel, alimentée par la croissance des secteurs de la finance et des assurances, de l'extraction minière, de l'exploitation en carrière, de l'extraction de pétrole et de gaz et de la fabrication. L'organisme s'attend à ce que de nouvelles pertes dans le commerce de gros et un recul du commerce de détail aient freiné la croissance le mois dernier.
Selon ces premières estimations, Statistique Canada prévoit une croissance annualisée de 0,4 % pour le troisième trimestre. Ce chiffre est légèrement inférieur aux prévisions de la Banque du Canada pour le trimestre, publiées en même temps que sa baisse de taux d'un quart de point plus tôt cette semaine.
Statistique Canada a indiqué que l'économie canadienne s'est contractée de 1,6 % en rythme annualisé au deuxième trimestre, les droits de douane américains ayant entraîné une forte baisse des exportations.
Peu de probabilité d'une baisse des taux
Dans une note publiée vendredi, Michael Davenport, économiste principal chez Oxford Economics, a indiqué que l'économie canadienne est au bord d'une récession technique, avec une croissance quasi nulle prévue pour le troisième trimestre.
Que les données économiques correspondent ou non à la définition traditionnelle d'une récession, soit deux trimestres consécutifs de baisse du PIB réel, M. Davenport prévoit que l'économie «aura du mal à croître à court terme et restera vulnérable à de nouvelles perturbations liées au commerce».
La Banque du Canada a laissé entendre qu'elle pourrait mettre fin à ses baisses de taux après sa réduction d'un quart de point mercredi, qui a ramené le taux directeur à 2,25 %. Le gouverneur Tiff Macklem a déclaré qu'il faudrait un changement significatif de la conjoncture économique par rapport aux prévisions de base de la banque centrale pour justifier un nouvel assouplissement.
Benjamin Reitzes, directeur général des taux canadiens et stratège macroéconomique chez BMO, a mentionné vendredi dans une note à ses clients que des facteurs ponctuels, comme la sécheresse et le conflit de travail chez Air Canada, s'estomperont à l'avenir.
Le parcours des Blue Jays de Toronto en séries éliminatoires devrait également stimuler la croissance du PIB en octobre, a-t-il indiqué, tout comme le budget fédéral de la semaine prochaine, qui devrait aussi apporter un soutien budgétaire à l'économie.
«Il faudrait observer une faiblesse plus marquée pour inquiéter la Banque du Canada, après les déclarations de cette semaine selon lesquelles elle préfère rester en retrait tant que l'économie évolue conformément à ses prévisions», a souligné M. Reitzes.
Par ailleurs, M. Davenport a rappelé que de nombreuses autres données seront publiées avant la prochaine décision de la Banque du Canada concernant les taux d'intérêt, prévue le 10 décembre.
Il a ajouté qu'il existe une «faible probabilité» d'une ou deux baisses de taux supplémentaires si les chiffres du marché du travail et du PIB sont inférieurs aux attentes de la banque centrale.

