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«Si 42% des gens ressentent une forme d’épuisement professionnel, c’est un signal d’alarme immédiat.»
Jana Cook a souffert d'épuisement professionnel à deux reprises au cours de sa carrière.
Les deux épisodes ont commencé par une apparition progressive de signes et de symptômes, notamment des troubles du sommeil, une fatigue extrême et des difficultés à accomplir des tâches de base, qui ont abouti à une absence de six mois de son travail pour se rétablir.
«Dans les deux cas, il y a eu un point de bascule, un moment où j'ai eu l'impression de craquer. Je suis passée de tout faire à ne rien faire», a déclaré Mme Cook, qui vit actuellement à Claresholm, en Alberta.
Elle a fini par se rétablir, ce qui lui a permis d'apprendre d'importantes leçons sur le ralentissement et la gestion du stress. Elle s'appuie désormais sur ses propres expériences pour aider les autres, se présentant comme une «"coach" en prévention et en rétablissement de l'épuisement professionnel».
Les «coachs en épuisement professionnel» et les «spécialistes en rétablissement» font de plus en plus leur apparition au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Europe. Ce sont rarement des thérapeutes ou des psychologues agréés. Il s’agit généralement de personnes qui, comme Mme Cook, ont obtenu une certification de la Fédération internationale de coaching et ont passé beaucoup de temps à faire des recherches sur l’épuisement professionnel et ses causes.
D’autres «coachs en épuisement professionnel» ont suivi des cours sur les techniques de réduction du stress et la pleine conscience, voire l’hypnose.
Même si leurs antécédents peuvent varier, ils s’adressent tous au nombre croissant de travailleurs qui se disent stressés, dépassés et qui ont du mal à y faire face.
Une enquête menée en novembre 2023 auprès de 765 professionnels canadiens par le cabinet de conseil en ressources humaines Robert Half a révélé que 42 % des répondants se sentaient épuisés au travail, et 36 % d’entre eux ont déclaré qu’ils étaient plus épuisés qu’il y a un an.
Cal Jungwirth, expert en milieu de travail et directeur chez Robert Half, souligne qu’un certain nombre de facteurs contribuent à l’augmentation des taux d’épuisement professionnel, notamment le stress associé au retour au bureau à la suite de la pandémie de COVID-19 ainsi que les pressions économiques qui obligent les lieux de travail du monde entier à en faire plus avec moins.
«Les organisations font preuve d’une grande prudence financière, mais cela a un coût, et ce coût est payé par leurs employés», a déclaré M. Jungwirth.
«Si 42 % des gens ressentent une forme d’épuisement professionnel, c’est un signal d’alarme immédiat», a-t-il ajouté.
L’épuisement professionnel n’est pas un état médical formel, mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le reconnaît comme un «phénomène professionnel» résultant d’un stress chronique au travail.
Selon l’OMS, l’épuisement professionnel se caractérise par des sentiments d’épuisement ou de manque d’énergie, de négativité ou de cynisme liés à son travail et d’efficacité professionnelle réduite.
Christy Nichol, qui habite à Nelson, en Colombie-Britannique, a lancé son entreprise de «coaching» en épuisement professionnel après que le volume de travail incessant dans son cabinet privé de thérapie sportive l’a poussée au bord du gouffre.
Dans son cas, l’épuisement professionnel s’est manifesté par un épuisement extrême associé à des crises de panique.
«Je me souviens d’être entrée dans le cabinet du médecin en disant que j'ai un problème cardiaque. Les gens commencent à souffrir de maladies liées au stress. Mais beaucoup de gens ne veulent pas en parler parce qu’ils pensent que tout le monde les perçoit comme ayant tout en main pour y faire face.»
Mme Nichol utilise diverses stratégies pour aider ses clients épuisés à calmer leur système nerveux, ce qui implique des exercices de respiration profonde et des relâchements des points de déclenchement.
Le sommeil est un autre facteur important, selon Jenn Bruer, une facilitatrice en prévention et rétablissement de l’épuisement professionnel établie à Toronto.
«Je dis toujours de commencer par le sommeil, car c’est probablement le meilleur rapport qualité-prix. Aucun soin personnel ne nous aidera si on est éveillé toute la nuit, toutes les nuits», a-t-elle soutenu.
Au-delà des symptômes physiques, les «coachs» en épuisement professionnel guident souvent leurs clients vers des changements de style de vie, comme limiter les courriels le soir et apprendre à dire non. Ils peuvent également aider les personnes souffrant d’épuisement professionnel à planifier un retour au travail après un congé ou les aider à planifier un changement de carrière.
Bien que travailler avec un «coach» en épuisement professionnel puisse être utile pour certains, il est important de reconnaître qu'il s'agit d'un secteur nouveau et non réglementé, croit Houyuan Luo, psychologue agréée auprès de MindPeace Psychology à Toronto.
«Le plus gros problème avec les professionnels non réglementés est qu'ils ne peuvent pas être tenus responsables si quelque chose se passe mal. Les gens devraient savoir qu'ils ont également la possibilité de travailler avec des professionnels réglementés comme des psychologues, des psychothérapeutes et des travailleurs sociaux — des personnes adéquatement formées et pour lesquelles il existe un organisme de réglementation», a-t-elle indiqué.
L'essor du «coaching» en épuisement professionnel montre une prise de conscience croissante de la société quant aux conséquences de l'épuisement professionnel — tant au niveau personnel qu'au niveau de l'entreprise, où les gestionnaires devraient se préoccuper des coûts pour l'organisation lorsque les employés épuisés démissionnent ou doivent prendre des congés prolongés pour se rétablir, selon Mme Cook.
«Il peut falloir des années à une personne pour arriver à cet état d'épuisement. Cela ne se produit pas du jour au lendemain. La guérison ne se produit pas non plus du jour au lendemain. On peut facilement compter de six à douze mois», a-t-elle avancé.
Mais Mme Cook a ajouté que son expérience et celle de beaucoup d'autres prouvent qu'il est possible de rebondir.
«Si on a l'impression d'être épuisé, ce n'est pas forcément pour toujours. Mais on doit être capable d'avoir le courage de faire des changements pour s'en sortir parce que les choses qu'on fait pour en arriver jusqu'à aujourd'hui ne permettront pas de se sentir différent demain.»