Le nouveau haut-commissaire de l'Inde au Canada, Dinesh Patnaik, a officiellement pris ses fonctions mercredi lors d'une cérémonie à Rideau Hall, à Ottawa, après une série de visites de hauts fonctionnaires canadiens.
Lui et les cinq autres nouveaux envoyés indiens ont présenté leurs lettres de créance à la gouverneure générale Mary Simon, marquant ainsi le début officiel de leur mandat.
Lors de la cérémonie, Mme Simon a souligné que, si la diplomatie a évolué depuis son poste d'ambassadrice au Danemark au début des années 2000, les éléments fondamentaux demeurent inchangés.
«Il s'agit toujours de construire des ponts entre les nations ou, si nécessaire, de les rétablir par le dialogue.»
«L'Inde nous indique qu'elle est très intéressée par la reconstruction de cette relation, mais il faudra du temps pour rétablir la confiance mutuelle. Il faudra du temps pour trouver une solution aux difficiles préoccupations en matière de sécurité nationale», a souligné Vina Nadjibulla, de la Fondation Asie-Pacifique.
Les relations entre le Canada et l'Inde sont tendues depuis que la GRC a accusé New Delhi, en octobre 2024, d'avoir joué un rôle dans l'assassinat d'un militant sikh près de Vancouver en juin 2023.
La GRC disait détenir des preuves solides reliant une campagne de violence et d'intimidation contre des Canadiens aux «plus hauts niveaux» de la part du gouvernement indien.
À la suite de cette révélation, le Canada a expulsé six diplomates indiens, dont le haut-commissaire, et l'Inde a réagi en expulsant le même nombre de Canadiens.
Le climat s'est légèrement dissipé en juin lorsque le premier ministre Mark Carney a invité le premier ministre indien, Narendra Modi, au Sommet du G7 en Alberta et que les deux pays ont convenu de rétablir leurs hauts diplomates.
Le sous-ministre d'Affaires mondiales Canada, David Morrison, était à New Delhi plus tôt ce mois-ci pour ce que l'Inde a qualifié de consultation préalable du ministère des Affaires étrangères avec de hauts fonctionnaires.
«Cela signifie qu'un mécanisme a été mis en place entre les ministères des Affaires étrangères, mais il n'est plus actif depuis la crise politique. Il s'agit d'une réunion préparatoire avant la réactivation complète de ce mécanisme de dialogue», a déclaré Mme Najibulla.
Ces consultations préalables ont souvent précédé les visites de hauts fonctionnaires du service extérieur indien.
Le ministère indien des Affaires étrangères a laissé entendre qu'il pourrait rétablir l'effectif complet du personnel diplomatique canadien dans le pays, ce qui constitue une priorité majeure pour le Canada.
En octobre 2023, New Delhi a retiré la protection diplomatique des deux tiers des envoyés canadiens dans le pays, entraînant le départ de 41 d'entre eux. Certains responsables, dont le consul général d'Ottawa à Mumbai, ont depuis vu leur protection rétablie.
Un résumé de la visite de M. Morrison, publié vendredi dernier par le ministère indien des Affaires étrangères, indique que les deux pays ont «décidé de régler de manière constructive les problèmes de capacité dans leurs missions et consulats respectifs».
Il précise que MM. Carney et Modi sont déterminés à rétablir la «stabilité dans la relation» et à poursuivre «un partenariat constructif et équilibré». À cette fin, les deux pays «réactiveront» les discussions sur «le commerce, la défense, l'énergie, le nucléaire civil, la sécurité et le maintien de l'ordre, les minéraux critiques, l'espace, les sciences et les technologies, et l'agriculture».
Reconstruire «sur des bases solides»
La semaine dernière, la conseillère à la sécurité nationale du Canada, Nathalie Drouin, a rencontré son homologue indien, Ajit Doval, à New Delhi, où le plus haut fonctionnaire du service extérieur canadien a également rencontré des responsables indiens.
Dans un communiqué publié vendredi dernier, Mme Drouin a déclaré que les deux responsables «s'engageaient à la non-ingérence, notamment en s'abstenant de toute répression transnationale».
Les deux pays ont convenu d'un «échange réciproque d'informations et d'une réactivité mutuelle», a écrit Mme Drouin.
«Nous promouvons une relation fondée sur le respect mutuel, l'État de droit et un engagement envers le principe de souveraineté et d'intégrité territoriales.»
Mme Nadjibulla a affirmé que la déclaration de Mme Drouin utilisait un langage «très calibré» concernant la répression transnationale et l'ingérence étrangère afin de reconstruire les relations «sur des bases solides».
La déclaration de l'Inde à l'issue de la réunion avec Mme Drouin n'a pas mentionné la répression transnationale. Les discussions sur la sécurité ont porté sur la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le crime organisé transnational et les échanges de renseignements.
Les deux pays constatent une nette dynamique de rétablissement de la confiance et d'élargissement de la coopération au plus haut niveau, et ont discuté des domaines prioritaires de coopération future.
Mme Nadjibulla a indiqué que les analystes suivent la situation de près pour savoir si la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, rencontrera son homologue indien cette semaine en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, à New York.
Elle a également indiqué qu'elle guette les signes de reprise des négociations sur un accord commercial bilatéral, entamées en 2010, et si des ministres canadiens se rendent en Inde cet automne.

