Les Canadiens évitent peut-être les voyages aux États-Unis alors que la guerre tarifaire fait rage, mais les Américains continuent de migrer vers le nord, à tel point que juillet a marqué un tournant.
Statistique Canada indique mardi que davantage de résidents américains sont venus au Canada ce mois-là que de résidents canadiens n’en sont revenus. Cet exploit ne s’est produit qu’une seule fois au cours des deux dernières décennies environ, si l’on exclut les cas exceptionnels d’août et de septembre 2021 liés à la pandémie de COVID-19.
Le même déséquilibre s’est produit en juin de cette année, mais, auparavant, il ne s’était pas produit depuis juin 2006.
Le changement le plus récent est survenu lorsque les Canadiens ont redoublé de patriotisme, renonçant à se rendre aux États-Unis, car le président Donald Trump continue d’imposer des droits de douane sur les marchandises traversant la frontière.
En juillet, des droits de douane plus élevés étaient en vigueur pour les marchandises qui n’étaient pas exemptées en vertu de l’accord Canada–États-Unis–Mexique.
Mais ce n’était pas le seul facteur en jeu, selon Wayne Smith, directeur de l’Institut de recherche sur l’hôtellerie et le tourisme de l’Université métropolitaine de Toronto.
Les Canadiens surveillaient également avec inquiétude l’économie de leur pays, les arrestations de migrants sans papiers par les agents d’immigration américains et la faiblesse des taux de change.
«Si l’on met tout cela ensemble (…) on constate une forte baisse du tourisme», observe M. Smith.
En juillet, le nombre de voyages de retour des États-Unis par des résidents du Canada a diminué de 32,4 % sur un an, pour atteindre près de 2,6 millions, selon Statistique Canada.
M. Smith pense que ceux qui ont évité les États-Unis ont probablement plutôt exploré le Canada.
«Lorsque les gens sont nerveux, ils ont tendance à rester plus près de chez eux, indique-t-il. Ils ont tendance à faire plus de trajets en voiture. Ils ont tendance à rester davantage dans leur province et à faire des voyages plus courts.»
Du pareil au même pour les Américains
Les chiffres montrent que les Américains n’adhèrent probablement pas à la même école de pensée. Le nombre de voyages au Canada effectués par des résidents américains a reculé de 3,0 % par rapport à l’année précédente, pour totaliser près de 3,3 millions.
Certains d’entre eux ont traversé la frontière parce qu’ils estimaient que le Canada avait besoin de soutien, tandis que d’autres n’ont pas réfléchi à deux fois à la tourmente géopolitique, selon M. Smith.
«Pour la plupart des Américains, la situation est normale», ajoute-t-il.
Les autres pays ont largement compensé la baisse des voyages des résidents américains.
Statistique Canada indique que le nombre de voyages au Canada effectués par des résidents de pays d’outre-mer en juillet a grimpé de 10,3 % par rapport au même mois l’an dernier. Les arrivées en provenance d’Europe et d’Asie ont toutes deux enregistré une hausse de 10,3 % en juillet comparativement à l’année précédente.
Les trois principaux pays de résidence des visiteurs d’outre-mer étaient le Royaume-Uni, suivi de la France et de l’Inde.
Le nombre de voyages de retour de résidents canadiens en provenance de pays d’outre-mer en juillet a augmenté de 8,3 % par rapport à l’année précédente.
M. Smith s’attend à ce que les tendances de juillet se maintiennent lors de la publication des chiffres d’août. Il souligne que le test le plus important se produira pendant les mois les plus frais, lorsque les snowbirds canadiens se rendent généralement en Floride et dans d’autres régions chaudes des États-Unis.
«Ces personnes dépensent des dizaines de milliers de dollars pour visiter les États-Unis et effectuent des tâches quotidiennes, comme faire l’épicerie, magasiner et consulter un médecin, ce qui a un impact économique considérable», rappelle-t-il.
«Si les snowbirds décident de ne pas y retourner (…) ils vont le ressentir très fortement.»
