Après des années de recherches scientifiques, des chercheurs de la Harvard Medical School estiment avoir découvert l'élément clef qui pourrait permettre de faire la lumière de nombreux aspects de la maladie d'Alzheimer et du vieillissement cérébral. Il s'agirait du lithium, un métal plutôt commun, a rapporté le média américain CNN.
On connaît jusqu'à maintenant le lithium comme agent stabilisateur de l'humeur, souvent prescrit aux personnes souffrant de troubles bipolaires et de dépression. Il a été approuvé par la Food and Drug Administration américaine il y a 50 ans, mais il était déjà utilisé par les médecins pour traiter les troubles de l'humeur depuis au moins 100 ans.
Comme le rapporte le réseau CNN, l'étude a permis de confirmer que le lithium est naturellement présent en infimes quantités dans l'organisme et que les cellules en ont besoin pour fonctionner adéquatement. Il semble également jouer un rôle primordial dans le maintien de la santé du cerveau.
Dans une série d'expériences rendues publiques mercredi dans la revue Nature, des chercheurs des universités de Harvard et de Rush ont exposé que le retrait du lithium dans l'alimentation de souris entraînait chez l'animal une inflammation du cerveau ainsi que des changements associés à un vieillissement accéléré.
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Chez des souris spécialement élevées pour développer les mêmes types de changements cérébraux que les humains atteints de la maladie d'Alzheimer, un régime pauvre en lithium a accéléré l'accumulation de protéines qui forment des plaques et des enchevêtrements dans le cerveau, caractéristiques de la maladie. Il a également accéléré la perte de mémoire.
L'étude tend surtout à démontrer qu'un taux normal de lithium chez les souris vieillissantes les auraient protégées des effets qui sont liés à la maladie d'Alzheimer. Cette découverte pourrait être la base pour la création d'un traitement ainsi que de meilleurs examens pour diagnostiquer la maladie.
Cette nouvelle étude est une candidate potentielle qui permettrait de relier les pièces du casse-tête qu'est la maladie d'Alzheimer, a expliqué le Dr Bruce Yankner, professeur de génétique à la Harvard Medical School, qui a dirigé l'étude au réseau CNN.
«Il faudra beaucoup plus de recherches scientifiques pour déterminer s'il s'agit d'une voie commune... ou d'une voie parmi plusieurs autres menant à la maladie d'Alzheimer», a-t-il ajouté. «Les données sont très intrigantes.»
Malgré les résultats encourageants, le Dr Yankner rappelle que les gens doivent essayer de prendre des compléments de lithium de leur propre chef.
«Une souris n'est pas un être humain. Personne ne devrait prendre quoi que ce soit sur la base d'études menées uniquement sur des souris», a précisé M. Yankner. «Les données dont nous disposons sur le traitement au lithium concernent des souris et doivent être reproduites chez l'homme. Nous devons trouver la dose appropriée chez l'homme», a-t-il dit.
Cette nouvelle étude donne du poids à d'autres études sur le sujet qui auraient, elles aussi, démontré que le lithium aurait un rôle majeur dans la maladie d'Alzheimer. En 2017, une étude danoise a révélé que les personnes dont l'eau potable contenait des niveaux élevés de lithium étaient moins susceptibles d'être diagnostiquées avec une démence que celles dont l'eau du robinet contenait naturellement des niveaux plus faibles de lithium. Une autre grande étude publiée en 2022 au Royaume-Uni a révélé que les personnes à qui l'on prescrivait du lithium avaient environ deux fois moins de risques d'être diagnostiquées avec la maladie d'Alzheimer que celles du groupe témoin.
D'après le reportage de Brenda Goodman, CNN
