Début du contenu principal.
«Nous ne voulons pas être Américains et nous ne voulons pas être Danois. Nous voulons être Groenlandais.»
Le nouveau premier ministre du Groenland a rejeté mercredi la tentative du président américain Donald Trump de prendre le contrôle de l'île, affirmant que les Groenlandais décideront eux-mêmes de leur avenir, alors que le pays s'oriente vers l'indépendance vis-à-vis du Danemark.
Le parti Demokraatit de Jens-Frederik Nielsen, favorable aux entreprises et à une indépendance progressive, a remporté une victoire surprise aux élections législatives de mardi, devançant les deux partis de gauche qui formaient le dernier gouvernement.
La plupart des Groenlandais étant opposés au projet du président Trump, la campagne électorale s'est davantage concentrée sur des questions comme la santé et l'éducation que sur la géopolitique.
Mais mercredi, M. Nielsen s'est empressé de riposter à M. Trump, qui a déclaré la semaine dernière au Congrès que les États-Unis avaient besoin du Groenland pour protéger leurs propres intérêts en matière de sécurité nationale et qu'il espérait l'obtenir «d'une manière ou d'une autre».
«Nous ne voulons pas être Américains et nous ne voulons pas être Danois. Nous voulons être Groenlandais et aspirer à notre propre indépendance. Nous voulons construire notre propre pays par nous-mêmes», a déclaré M. Nielsen à la chaîne britannique Sky News.
Le Groenland, région autonome du Danemark, est sur la voie de l'indépendance depuis au moins 2009, date à laquelle le gouvernement de Copenhague a reconnu son droit à l'autodétermination en vertu du droit international.
Quatre des cinq principaux partis en lice ont soutenu l'indépendance, bien qu'ils soient en désaccord sur le moment et les modalités de son obtention.
L'île de 56 000 habitants, principalement d'origine inuite, a attiré l'attention internationale depuis que Donald Trump a annoncé ses ambitions peu après son retour à la Maison-Blanche en janvier.
Le président américain s'intéresse au Groenland, car il est situé à cheval sur des routes aériennes et maritimes stratégiques dans l'Atlantique Nord et abrite la base spatiale américaine de Pituffik, qui soutient les opérations d'alerte aux missiles et de surveillance spatiale.
Le Groenland possède également d'importants gisements de terres rares nécessaires à la fabrication de nombreux produits, comme les téléphones cellulaires et les technologies d'énergie renouvelable.
Mais les propositions de Donald Trump n'étaient pas au programme.
Les 31 hommes et femmes élus au Parlement mardi devront fixer des priorités sur des questions telles que la diversification de l'économie du Groenland, la construction d'infrastructures et l'amélioration des soins de santé, ainsi que définir la stratégie du pays pour contrer le programme «America First» du président américain.
Demokraatit a remporté 29,9 % des voix en faisant campagne pour l'amélioration des conditions de logement et d'éducation, tout en proposant de retarder l'indépendance jusqu'à ce que le Groenland soit autosuffisant. Il y a quatre ans, le parti avait terminé quatrième avec 9,1 % des votes.
Carina Ren, responsable du programme d'études sur l'Arctique à l'Université d'Aalborg de Copenhague, a déclaré que les résultats montrent que les Groenlandais ont tenté d'ignorer Donald Trump et de se concentrer sur les questions qui leur tenaient à cœur.
Demokraatit doit maintenant former une coalition gouvernementale.
Naleraq, le parti le plus indépendantiste, a terminé deuxième avec 24,5 % des voix. Il a été suivi par Inuit Ataqatigiit, qui dirigeait le dernier gouvernement, avec 21,4 % des suffrages.
«L'approche indépendantiste qui l'emportera dépendra de la décision de Demokraatit de former un gouvernement de coalition et, si oui, avec quel parti», a déclaré Dwayne Menezes, directeur général de la Polar Research and Policy Initiative.
M. Nielsen a semblé surpris par la victoire de Demokraatit. Il a ensuite annoncé qu’il contacterait tous les autres partis afin de négocier l'avenir politique du Groenland.
Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen, a félicité Demokraatit et a averti que le nouveau gouvernement groenlandais devrait probablement «faire face à une pression massive» de la part de Donald Trump.
«On ne peut pas simplement prendre une partie du Royaume du Danemark. L'avenir du Groenland repose sur les souhaits du peuple et du gouvernement groenlandais», a-t-il dit à la chaîne de télévision danoise DR.
Le mois dernier, le premier ministre sortant, Mute Bourup Egede, a convoqué des élections anticipées, affirmant que le pays devait être uni en cette «période difficile» sans précédent pour le Groenland.
Mercredi, après l'annonce des résultats, M. Egede a remercié les électeurs sur Facebook et a déclaré que les partis étaient prêts à entamer des négociations pour former un nouveau gouvernement.