Le premier ministre Mark Carney n'a pas voulu dire lundi si le Canada atteindrait ses objectifs climatiques prévus par l'Accord de Paris d'ici 2030, son gouvernement étant critiqué pour ses plans de réduction des émissions.
De passage lundi à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, pour annoncer des mesures d'allègement tarifaire pour les entreprises du Canada atlantique, M. Carney a été interrogé par des journalistes sur la manière dont le Canada comptait ajuster ses objectifs climatiques, après que de récentes annonces politiques ont réduit certaines initiatives climatiques du gouvernement Trudeau.
Dès son entrée en fonction en mars, M. Carney a supprimé la tarification du carbone à la consommation. Vendredi, il a reporté d'au moins un an l'obligation de ventes de véhicules électriques. Le premier ministre a assuré qu'il prévoyait de renforcer le système de tarification du carbone industriel, mais n'a pas encore expliqué comment.
M. Carney n'a pas répondu directement à la question concernant les objectifs climatiques du Canada, s'attardant plutôt aux avantages concurrentiels d'une économie sobre en carbone.
«Nous considérons que la sobriété en carbone, quel que soit le secteur, est un facteur clé de compétitivité», a déclaré M. Carney, ajoutant qu'il aurait davantage à dire dans les semaines à venir.
«Il est donc crucial de se concentrer sur les mesures à prendre pour réduire les émissions et accroître la compétitivité du pays.»
Il a souligné que l'exploitation pétrolière et gazière au large constitue une alternative sobre en carbone à l'extraction conventionnelle et a suggéré que les efforts de son gouvernement pour doubler la construction de logements au cours de la prochaine décennie se traduiront par des logements plus écoénergétiques.
«Tout cela permettra de réduire nos émissions et d'accroître notre compétitivité. C'est donc l'objectif du gouvernement», a déclaré M. Carney, sans préciser comment ces émissions plus faibles se compareraient aux objectifs du Canada.
«Le gouvernement se concentre sur les résultats.»
Le Canada est légalement tenu d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050, après avoir légiféré à ce sujet en 2021. Pour y parvenir, il s'appuie notamment sur un plan visant à réduire les émissions de 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030, un engagement inscrit dans l'Accord de Paris.
Mais si le gouvernement n'a pas encore précisé s'il manquera son objectif ou s'il s'efforce toujours de l'atteindre, des observateurs ont exprimé des doutes.
Un rapport publié l'an dernier par le commissaire fédéral à l’environnement et au développement durable indiquait que le Canada n'était pas en voie d'atteindre son objectif de 2030. Jerry DeMarco estimait que les émissions canadiennes n'avaient baissé que de 7 % par rapport aux niveaux de 2005.
Vendredi, après que M. Carney eut retardé d'un an la mise en œuvre de l'obligation de véhicules électriques afin de donner des liquidités aux constructeurs automobiles canadiens, la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a remis en question ses intentions en matière de climat.
«Les cent premiers jours de Carney démontrent clairement qu’il fait reculer l’action climatique à chaque tournant. Supprimer la tarification carbone, démanteler les lois, annuler l'exigence sur les VE, ce ne sont pas les décisions d’un dirigeant sérieux face à l’urgence climatique», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
La ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, a également éludé lundi la question de savoir si le gouvernement était déterminé à atteindre son objectif de 2030, laissant la ministre de l'Environnement, Julie Dabrusin, répondre.
«Nous voulons nous assurer de trouver des moyens d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050», a dit Mme Joly.
La Presse Canadienne a demandé au bureau de la ministre Dabrusin de commenter les objectifs du Canada pour 2030, mais n'a pas encore reçu de réponse.

