International

Le FBI veut interroger des démocrates ayant appelé les troupes à désobéir aux ordres

Ces enquêtes marquent une escalade sans précédent pour les forces de l'ordre fédérales et les institutions militaires, traditionnellement à l'écart des conflits partisans.

Publié

9133e238617b2264d81e63c1ffd54a3a0dd9fd7793fd4390de8d602fbd0a8fc2.jpg Le secrétaire à la Défense des États-Unis, Pete Hegseth, s'exprime lors du 4e Sommet annuel sur la défense du nord-est de l'Indiana, à l'Université Purdue, le mercredi 12 novembre 2025, à Fort Wayne, dans l'Indiana. (The Associated Press)

Des élus démocrates, apparus dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux où ils exhortent les troupes américaines à désobéir à des «ordres illégaux», affirment avoir été contactés par la police fédérale (FBI) pour programmer des entretiens, laissant présager une possible enquête.

Il s'agirait de la deuxième enquête liée à cette vidéo, intervenant au lendemain de l'annonce par le Pentagone de l'examen du cas du sénateur démocrate Mark Kelly (Arizona) pour d'éventuelles violations du droit militaire. Ces actions du FBI et du Pentagone font suite aux accusations de sédition portées contre les élus par le président Donald Trump, qui a déclaré sur les réseaux sociaux que ce crime était «passible de la peine de mort».

Ces enquêtes marquent une escalade sans précédent pour les forces de l'ordre fédérales et les institutions militaires, traditionnellement à l'écart des conflits partisans. Elles soulignent également la volonté de l'administration Trump de repousser les limites légales contre ses détracteurs, même lorsqu'ils sont membres du Congrès. Dans la vidéo, des parlementaires exhortent les troupes à refuser tout ordre illégal de leurs supérieurs, ce qu'elles sont déjà tenues de faire.

«Le président Trump instrumentalise le FBI pour intimider et harceler les membres du Congrès», ont dénoncé mardi quatre membres démocrates de la Chambre des représentants dans un communiqué.

«Hier (lundi), le FBI a contacté les sergents d'armes de la Chambre et du Sénat pour solliciter des entretiens», ont-ils ajouté.

Les démocrates dénoncent une «manœuvre d'intimidation»

La sénatrice du Michigan, Elissa Slotkin, l'une des six parlementaires démocrates présentes dans la vidéo, a dit mardi aux journalistes : «Hier soir (lundi), la division antiterroriste du FBI a adressé une note aux membres du Congrès, indiquant qu'elle ouvrait ce qui semble être une enquête à notre encontre.» Mme Slotkin a qualifié cette démarche de «manœuvre d'intimidation» de la part de M. Trump.

«Que l'on soit d'accord ou non avec le contenu de la vidéo, la question que je me pose est la suivante : est-ce là la réaction appropriée pour un président des États-Unis que de s'en prendre à ceux qui ne partagent pas ses idées et de chercher à instrumentaliser le gouvernement fédéral ?» a soulevé Mme Slotkin.

Dans un communiqué, un groupe de quatre membres démocrates de la Chambre des représentants a affirmé : «Aucune intimidation ni aucun harcèlement ne nous empêchera jamais de faire notre travail et d’honorer notre Constitution.»

Les six élus démocrates présents dans la vidéo ont tous servi dans l’armée ou les services de renseignement.

Le FBI n’a fourni aucune explication concernant les demandes d’entretien.

Le FBI a sollicité des entretiens avec chacun des six élus auprès des plus hauts responsables de la sécurité de la Chambre et du Sénat. 

Le FBI a refusé de commenter la situation mardi, mais son directeur, Kash Patel, a expliqué à la journaliste Catherine Herridge qu’il s’agissait d’une «affaire en cours», justifiant ainsi son refus de donner plus de détails.

Interrogé sur sa réaction à la vidéo, M. Patel a commenté: «Ma question est la même que dans tous les cas : existe-t-il un fondement légal pour ouvrir une enquête ? Cette décision sera prise par les agents et analystes de carrière du FBI.» 

La vidéo au cœur des enquêtes

Dans cette vidéo, des parlementaires affirmaient avoir besoin de troupes pour «défendre nos lois… notre Constitution». Mark Kelly, ancien pilote de chasse devenu astronaute puis capitaine de vaisseau, déclarait aux troupes : «Vous pouvez refuser les ordres illégaux.»

Les parlementaires n'ont pas mentionné de circonstances précises dans la vidéo. Cependant, lors d'un événement dans le Michigan mardi, Mme Slotkin a montré du doigt des ordres de l'administration Trump à l'armée de faire sauter de petites embarcations dans la mer des Caraïbes et l'est du Pacifique, accusées de transporter de la drogue, ainsi que des tentatives persistantes de déployer des troupes de la Garde nationale dans les villes américaines malgré certains revers juridiques.

«Il ne s'agissait pas d'un incident isolé, mais du nombre considérable de personnes qui venaient nous voir en disant : "Je suis inquiet. On m'envoie à Washington, à Los Angeles, à Chicago, en Caroline du Nord maintenant, et je crains qu'on me demande de faire quelque chose que je ne sais pas si je dois faire", a dévoilé Mme Slotkin. Voilà d'où vient le problème.» 

Les troupes, et notamment les commandants en uniforme, ont l'obligation de refuser les ordres illégaux, s'ils les jugent de cette nature.

Une jurisprudence constante établit également que le simple fait d'obéir aux ordres – communément appelé «défense de Nuremberg», car invoquée sans succès par de hauts responsables nazis pour justifier leurs actions sous Adolf Hitler – n'exonère pas les troupes de leur responsabilité.