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La guerre en Ukraine influence la sécurité de l'Arctique canadien, dit Anand

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4c519c84a71cd5ed47300ef2f31d00da6a6a8e3bc161bdaf0e38bf90651923c1.jpg La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, affirme que le Canada tente de convaincre les autres pays que le droit international est fondamental pour la paix en Ukraine et dans le monde. Mme Anand fait une déclaration à Bruxelles, en Belgique, le dimanche 22 juin 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick (LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick)

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a affirmé que le gouvernement ne ménageait aucun effort pour défendre le Nord canadien, car les changements survenus dans l'ordre mondial ces dernières années ont des répercussions directes sur la souveraineté du Canada dans l'Arctique. 

Un expert en relations internationales affirme toutefois que le Canada est tenu à l'écart de discussions cruciales, le premier ministre Mark Carney ne figurant pas parmi les dirigeants réunis lundi à la Maison-Blanche pour discuter de l'avenir de l'Ukraine.

La ministre a affirmé que les pays de l'OTAN se concentraient auparavant généralement sur le renforcement de la sécurité sur le flanc oriental de l'Europe.

Mme Anand était à Helsinki pour rencontrer ses homologues des pays nordiques afin de discuter de la sécurité dans l'Arctique, un enjeu qui, selon elle, est devenu plus crucial depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022. 

La ministre a affirmé que les pays de l'OTAN se concentraient auparavant généralement sur le renforcement de la sécurité sur le flanc oriental de l'Europe.

«Le regard de l'OTAN doit également se porter vers l'ouest et le nord en raison de l'évolution du paysage géopolitique, notamment après le 24 février 2022», a-t-elle expliqué lors d'un appel téléphonique avec des journalistes depuis la Finlande.

«Nous constatons une activité accrue, par exemple dans le passage du Nord-Ouest, et le déplacement d'infrastructures russes de plus en plus au nord, de l'autre côté du cercle polaire arctique. Notre priorité, en matière de politique étrangère du Canada dans l'Arctique, est donc de veiller à ne rien négliger pour protéger et défendre la souveraineté du Canada, en particulier dans l'Arctique», a-t-elle ajouté.

Les réunions de Mme Anand lundi ont eu lieu le jour même où les dirigeants européens, le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, étaient à la Maison-Blanche pour discuter avec le président américain Donald Trump des moyens de mettre fin à la guerre en Ukraine. 

Ce conflit dure depuis plus de dix ans, la Russie ayant annexé la Crimée en 2014, avant de déclencher une guerre plus vaste en 2022.

La semaine dernière, le premier ministre Mark Carney a participé virtuellement à des discussions avec M. Zelensky et les dirigeants européens en prévision du sommet entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine. 

M. Carney n'a pas participé aux discussions de lundi à la Maison-Blanche et Mme Anand n'a pas précisé s'il avait été invité, lorsqu'elle s'est fait poser la question lundi.

Fen Hampson, professeur principal d'affaires internationales à l'Université Carleton, a qualifié cette absence de «flagrante». 

 

Une analyse de l'Institut Kiel montre que le Canada a contribué davantage à l'aide à l'Ukraine — par habitant et en dollars — que la France et l'Italie, dont les chefs de gouvernement étaient tous deux présents.

«Nous ne sommes qu'à un peu plus d'une heure de vol de Washington. Pourquoi Mark Carney n'est-il pas à cette table ?» a demandé M. Hampson.

Il soupçonne que «l'aversion particulière de Donald Trump pour le Canada» explique l'absence de M. Carney, bien que le Canada soit directement concerné par la situation.

Si les États-Unis retirent leur soutien, Ottawa devra probablement fournir une aide supplémentaire à l'Ukraine, a-t-il précisé. S'il existe une garantie de sécurité collective, Ottawa pourrait envoyer des troupes. Et si M. Trump force l'Ukraine à accepter les conditions de M. Poutine, «ce sera le début de la fin de l'alliance» de l'OTAN, estime M. Hampson.

«Ces réunions décisives sur l'avenir de l'Ukraine ont d'énormes implications pour l'OTAN dans son ensemble.»

Lors des discussions à Washington, Donald Trump a évoqué l'échange de territoires entre les zones occupées par la Russie et le territoire ukrainien, mais de nombreux dirigeants mondiaux affirment que cela porterait atteinte à l'intégrité des frontières et inciterait Vladimir Poutine à déstabiliser davantage l'Europe.

Le président Zelensky a affirmé que Kyiv avait besoin de garanties de sécurité, impliquant des engagements militaires significatifs de la part de pays plus puissants si la Russie procédait à de nouvelles incursions en Ukraine, dans le cadre de tout cessez-le-feu ou accord de paix.

Certains ont appelé l'Ukraine à rejoindre l'alliance militaire de l'OTAN, que Vladimir Poutine a maintes fois qualifiée de menace pour la sécurité de la Russie. Interrogée sur l'adhésion de l'Ukraine à l'alliance, Mme Anand a encore une fois lancé la balle dans le camp de l'Ukraine.

Rencontre avec le président finlandais

La ministre des Affaires étrangères rencontrera le président finlandais Alexander Stubb mardi, après son retour à Helsinki à la suite de sa visite à Washington.

Parmi les sujets de discussion avec ses homologues figurera la manière dont le Canada peut convaincre les autres pays du caractère fondamental du droit international, non seulement pour la paix en Ukraine, mais aussi dans le monde entier.

Son rôle est de «veiller à ce que ses homologues du monde entier soient au courant de la position du Canada et de jeter les ponts nécessaires pour que les autres pays considèrent également le droit international, l'intégrité territoriale et l'ordre international fondé sur des règles comme des institutions fondamentales qui doivent être protégées et respectées», a-t-elle souligné.

Les politiciens aborderont également le lien entre les minéraux critiques et la sécurité, a-t-elle ajouté.

En règle générale, a expliqué Mme Anand, «on distingue les projets axés sur l'économie de ceux axés sur la défense et la sécurité».

Aujourd’hui, a-t-elle fait savoir, «penser en vase clos n’est plus approprié, car la sécurité économique du Canada est profondément liée à notre souveraineté globale et, en fait, à la protection et à la défense de notre pays».

Dylan Robertson

Dylan Robertson

Journaliste