Société

Le drapeau israélien de l'hôtel de ville de Hampstead suscite un débat local

Le drapeau a remplacé la bannière municipale de Hampstead, prenant place aux côtés des drapeaux canadien et québécois.

Publié

(Laurence Brisson Dubreuil/CTV News)

Le drapeau israélien flotte devant l'hôtel de ville de Hampstead depuis octobre 2023, suscitant des réactions mitigées parmi les habitants de cette banlieue de Montréal.

Parmi eux, Adam Ben David, 25 ans, estime que ce drapeau n'a pas sa place sur un bâtiment municipal.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News

«Je trouve provocateur d'arborer un drapeau étranger qui ne représente pas tous les membres de cette communauté très diversifiée», a-t-il indiqué lors d'une entrevue.

Le drapeau a remplacé la bannière municipale de Hampstead, prenant place aux côtés des drapeaux canadien et québécois.

Le maire Jeremy Levi a affirmé à CTV News que cette initiative avait été suggérée par le directeur général de la ville à l'époque et soutenue par le conseil municipal.

«Tous les autres gouvernements du monde l'ont fait », a déclaré M. Levi.

«Nous n'avons jamais dit au directeur général comment faire ni de retirer le drapeau de Hampstead.»
- Jeremy Levi, maire de la Ville de Hampstead

«Si les habitants de Hampstead se sentent si patriotes envers le drapeau de Hampstead, nous pouvons toujours installer un quatrième mât. Je ne pense simplement pas que ce soit une bonne utilisation des ressources.»

Les habitants divisés sur la question

Pour certains habitants, le drapeau est un symbole de solidarité, mais pour d'autres, il s'agit d'une déclaration politique inappropriée sur le territoire municipal.

CTV News a interrogé plusieurs personnes devant la mairie et dans un parc voisin, mais la grande majorité a refusé de s'exprimer publiquement. Parmi ceux qui ont accepté, les opinions étaient partagées.

Une femme, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré qu'elle était favorable au maintien du drapeau. Elle l'a décrit comme un signe de soutien, reconnaissant que de nombreuses communautés au Moyen-Orient traversent une période tragique.

«Je ne vois rien de mal à l'accrocher, car il reflète le fait qu'il se passe quelque chose de terrible en Israël et que nous sommes tous en deuil pour cette situation, collectivement», a-t-elle déclaré.

Les sœurs Keren et Bénédicte Paka, qui vivent à Hampstead depuis deux ans, ont un avis différent.

«C'est problématique parce qu'il y a beaucoup d'étudiants internationaux ici, des travailleurs internationaux, des Québécois et d'autres personnes — je ne pense pas que ce drapeau ait sa place ici», a affirmé Keren.

Bénédicte a ajouté: «Je pense que pour que tout le monde se sente à l'aise, le drapeau devrait être retiré, afin que chacun se sente libre et ne se sente pas opprimé par une communauté ou une autre.»

Malgré cette division, M. Levi a clairement indiqué qu'il ne retirerait pas le drapeau.

«Peu m'importe qu'il y ait deux signatures ou 2 000 signatures», a-t-il écrit dans une déclaration à CTV News.

«Ma position ne changera pas.»

Il a également déclaré n'avoir jamais reçu de plainte officielle de la part des habitants à ce sujet et avoir au contraire reçu « de nombreux compliments ».

Pétition pour le retrait du drapeau

Ben David a commencé à faire du porte-à-porte cet été afin de rallier des soutiens en faveur du retrait du drapeau. Il a recueilli environ 40 signatures jusqu'à présent et a déclaré qu'il comptait poursuivre sa campagne lorsque le temps se rafraîchirait.

«Le drapeau israélien représente toute une série de choses: sur le plan politique, religieux, ethnique», a soutenu M. Ben David. « À mon avis, il est injuste que le maire le hisse au nom de 7 000 personnes, car un drapeau peut susciter toutes sortes de sentiments : la joie et le bonheur, mais aussi la peur et le désespoir. »

M. Ben David a affirmé à CTV News que certains habitants qui partageaient son avis avaient refusé de signer publiquement. «Ils ont peur d'être réprimandés par le maire ou d'autres membres de notre communauté», a-t-il dit, soulignant que «c'est une période extrêmement difficile pour les Juifs».

Il s'est également interrogé sur la nécessité de laisser le drapeau en place de manière permanente. « Je ne comprends pas pourquoi il doit être permanent, étant donné que nous sommes une communauté pluraliste », a-t-il déclaré.

Pour sa part, M. Levi a rejeté l'allégation selon laquelle les habitants craignaient des actes de harcèlement.

«Je n'ai jamais harcelé ni humilié un habitant et je ne le ferais jamais», a écrit M. Levi, ajoutant qu'il pensait que la pétition était motivée par des considérations politiques à moins de trois mois des élections municipales.

Il a déclaré que les habitants qui souhaitent que le drapeau soit retiré devraient s'adresser au conseil municipal, qui est chargé de voter. Il a insisté sur le fait qu'il « ne renoncerait jamais à soutenir Israël et la communauté juive », ajoutant : « Si les habitants ne sont pas satisfaits de cette position, le 2 novembre 2025 sera leur chance de changer les choses. »

C'est une position que M. Levi a également clairement exprimée dans un message publié fin juillet sur X, dans lequel il a écrit : «Je ne retirerai jamais le drapeau israélien. Si cela vous pose problème, ne votez pas pour moi lors des prochaines élections.»

Malgré sa fermeté, d'autres, comme Ben David, affirment leur intention de maintenir leur demande de retrait du drapeau. Ben David a exprimé qu'il comptait porter l'affaire devant le conseil municipal la semaine prochaine.

Selon les derniers recensements, environ 40 % des habitants de Hampstead ne sont pas juifs, et le drapeau reste un sujet brûlant dans cette petite banlieue à majorité juive.