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Maïté Blanchette Vézina quitte la CAQ et invite Legault à partir

Elle siègera comme députée indépendante.

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Maïté Blanchette Vézina quitte la CAQ et invite Legault à partir La députée de Rimouski et ancienne ministre Maïté Blanchette Vézina a annoncé jeudi qu'elle quitte la Coalition avenir Québec.

La députée de Rimouski, Maïté Blanchette Vézina, déchue de son poste de ministre la semaine dernière, a annoncé jeudi qu'elle quitte la Coalition avenir Québec (CAQ) et a invité son chef François Legault à partir.

Elle avait exprimé sa déception la semaine dernière après avoir perdu son portefeuille de ministre des Ressources naturelles et des Forêts. Elle avait alors déclaré: «c'est certain que ma confiance envers le premier ministre et son équipe rapprochée est ébranlée en ce moment».

Mais du même souffle, elle affirmait qu'elle avait encore foi en la CAQ et souhaitait encore se présenter sous cette bannière au scrutin de 2026.

Jeudi toutefois, le divorce était consommé. Après avoir participé au caucus des élus de la CAQ en après-midi, elle a fait savoir en point de presse qu'elle allait siéger à titre de députée indépendante et a indiqué qu'elle voulait se représenter en 2026. 

«Pas confiance en M. Legault»

«Je ne peux plus endosser des décisions prises sur le dos des régions», a-t-elle déclaré en évoquant notamment le projet du troisième lien entre Québec et Lévis.  

«Je n'ai pas confiance en M. Legault. (...) Un chef doit reconnaître le moment de préparer la relève. J'invite le premier ministre à réfléchir sérieusement.» 

En outre, elle déplore aussi que «la place des femmes n'ait pas été plus affirmée» dans le nouveau cabinet. 

Fidèle à la CAQ

Et malgré tout, elle demeure convaincue de la «pertinence d’une troisième voie, inspirante et pragmatique» et que la CAQ est une «belle et grande équipe», ajoutant même qu'elle allait garer sa carte de membre de la CAQ. 

Des élus caquistes ont par la suite orchestré une sortie en catastrophe pour limiter les dommages infligés à l'équipe gouvernementale, qui tente de retrouver un second souffle après une suite de déboires, de mauvais sondages et de départs. 

Il y avait notamment le président du caucus et député de René-Lévesque, Yves Montigny, mais aussi l'ex-ministre Suzanne Roy et le whip en chef, François Jacques. 

 

Ils ont tous assuré en choeur qu'il y avait de la place pour les régions et pour les femmes au sein de la CAQ.

«En tant que femme et députée des régions, j'ai l'écoute de mon premier ministre, j'ai l'écoute de l'ensemble de l'équipe de la Coalition avenir Québec», a assuré la députée de Bonaventure, Catherine Blouin, en exprimant son désaccord sur des opinions de Mme Blanchette Vézina.

En matinée, juste avant la réunion du caucus, des élus caquistes assuraient que la concorde est déjà revenue dans leur groupe parlementaire, malgré les dissensions exprimées au cours de la dernière semaine. 

Les députés du gouvernement Legault étaient d'ailleurs réunis au parlement pour faire le point après le remaniement de la semaine dernière, qui a fait des mécontents.

Il y avait toutefois un grand absent: le député de Granby, François Bonnardel, un vétéran qui a perdu son poste de ministre de la Sécurité publique et qui a fait connaître son insatisfaction.

Néanmoins, des élus ont assuré que les troupes sont unies et que le gouvernement allait rebondir.

«Si je me fie à l'atmosphère d'hier, l'harmonie est revenue», avait soutenu le député de Beauce-Nord, Luc Provençal, en mêlée de presse.

«Ce n'est pas parce qu'on n'a pas la même opinion qu'on n'est pas uni», a argué la députée Verchères, Suzanne Roy, qui a été exclue du nouveau conseil des ministres la semaine dernière, après avoir été pendant près de deux ans titulaire à la Famille. 

«J'ai dit ce que j'avais à dire», a lâché laconiquement le député de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix, qui la semaine dernière avait manifesté sa déception à la radio parce qu'il n'y a pas de ministre issu de la Gaspésie dans le nouveau cabinet. 

«Déjà, j'ai eu plusieurs téléphones, plusieurs discussions avec des députés hier, dans les derniers jours, le caucus est uni», a plaidé le nouveau président du caucus, Yves Montigny, le député de René-Lévesque. 

Le caucus est «très uni, vraiment», a lancé le député de Maskinongé, Simon Allaire, avant de se rendre à la réunion. 

«Oui, solide, oh que si, et on le va le voir encore ce matin!» a renchéri le député de Rouyn-Noranda, Daniel Bernard. 

Son collègue député d'Abibiti-Est, Pierre Dufour, a pourtant été expulsé du caucus caquiste prestement par François Legault pour avoir menacé de démissionner si on ne nommait aucun ministre issu de sa région. 

C'est plutôt M. Legault lui-même qui s'est autodésigné ministre responsable de l'Abitibi-Témiscamingue. 

«C'est une super belle occasion d'avoir le premier ministre à titre de ministre responsable, les gens accueillent bien ça», a assuré M. Bernard. 

Le passage de Mme Blanchette Vézina aux Ressources naturelles a été marqué par quelques tempêtes. Elle avait laissé entendre d'ailleurs qu'elle avait accepté de défendre des projets controversés à la demande du gouvernement.   

Au printemps dernier, c'est elle qui avait dû faire adopter un projet de loi sous bâillon afin d'agrandir un site d'enfouissement de déchets dangereux à Blainville, malgré l'opposition de la Ville et des autres formations politiques.

Également, son projet de loi 67, qui vise à réformer le régime forestier au Québec, a été critiqué de toutes parts. 

On ne sait toujours pas clairement d'ailleurs si avec la prorogation de la session, le gouvernement poursuivra l'étude du projet de 67 en le modifiant ou va le retirer. 

Le successeur de Mme Blanchette Vézina, Jean-François Simard, a indiqué qu'il voulait entreprendre de nouvelles consultations. 

Mme Blanchette Vézina a été élue pour la première fois à l'Assemblée nationale au scrutin général de 2022. Elle a été mairesse de Sainte-Luce de 2017 à 2021. 

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste