Le premier ministre Mark Carney a annoncé ce dimanche la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par le Canada. Cette déclaration intervient à l'approche de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Mark Carney a justifié cette décision par la situation humanitaire dramatique à Gaza, dénonçant une «constante agression» de la part d’Israël.
Il a souligné que ces attaques ont entraîné «des dizaines de morts civils, forcé le déplacement de plus d’un million de personnes et causé une famine dévastatrice qui aurait pu être évitée et constitue une violation du droit international.»
«C'est dans ce contexte que le Canada reconnaît l'État de Palestine et offre de travailler en partenariat afin de porter la promesse d'un avenir pacifique pour l'État de Palestine et l'État d'Israël.»
Tout en condamnant fermement les actions militaires israéliennes, le premier ministre a également tenu à rappeler que le Hamas devait «impérativement libérer tous les otages, se désarmer complètement et ne jouer aucun rôle dans la gouvernance future de la Palestine.»
Mark Carney avait annoncé en juillet que le Canada reconnaîtrait officiellement l'État de Palestine si l'Autorité palestinienne respectait certaines conditions. Sa déclaration écrite de dimanche matin intervient alors que les dirigeants du monde entier se rassembleront au sein de l'Organisation des Nations unies pour discuter des troubles qui sévissent au Moyen-Orient.
D'autres alliés internationaux majeurs, comme l'Australie et le Royaume-Uni, ont aussi annoncé qu'ils reconnaissaient l'État de Palestine, malgré la vive opposition d'Israël et des États-Unis.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a critiqué la décision, affirmant qu'elle encourage le Hamas -- le groupe qui a dirigé les attaques du 7 octobre 2023 en Israël-- et rend plus difficile la négociation d'un accord de cessez-le-feu et la libération des otages.
De hauts responsables canadiens, autorisés à parler aux médias sur la condition qu'ils ne soient pas nommés, ont déclaré vendredi que l'Autorité palestinienne a doublé ses engagements, selon ce qui a été communiqué au premier ministre Carney et à la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand. Cela inclut la tenue d'une élection en 2026 à laquelle le Hamas ne peut pas participer.
Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Varsen Aghabekian, a mis ces engagements par écrit et fourni des mises à jour sur les actions prises à court terme, telles que la réforme du programme éducatif en raison de préoccupations sur le contenu contre les Juifs et la fin de la politique offrant une compensation financière aux familles des personnes tuées ou emprisonnées lors d'attaques contre des Israéliens.
Les responsables canadiens ont noté que certains des engagements ne seront réalisés qu'à long terme, mais ils ont déclaré que le Canada considère l'Autorité palestinienne comme l'entité appropriée pour faire avancer ces questions.
L'Autorité palestinienne contrôle actuellement des parties de la Cisjordanie par le biais du parti Fatah. Le Hamas a un contrôle total sur Gaza. Le Hamas a violemment expulsé le Fatah de Gaza en 2007 et a déclaré jeudi qu'il «ne reconnaîtra pas Israël».
Le Canada demande depuis longtemps une «solution à deux États»: un État palestinien existant en paix aux côtés d'Israël. Pendant des années, Ottawa a suggéré que la reconnaissance n'interviendrait qu'à la fin des pourparlers de paix entre les dirigeants palestiniens et israéliens.
Avec la propagation des colonies israéliennes en Cisjordanie et le lourd bilan humain du bombardement israélien à Gaza, condamné dans le monde entier, le Canada et d'autres pays ont commencé à annoncer leur intention de reconnaître l'État palestinien plus tôt.
Les responsables ont indiqué que les diplomates canadiens et israéliens sont en communication régulière. Ils ont précisé que M. Carney n'a pas parlé au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou depuis sa prise de fonction en mars, mais qu'il y a eu des tentatives infructueuses d'organiser une rencontre par téléphone.
Ils ont dit que Mark Carney avait brièvement rencontré le président israélien Isaac Herzog en mai lors de l'investiture du pape Léon XIV à Rome.
Bien qu'Ottawa espère que la décision n'entraînera pas de représailles, les responsables ont déclaré que préserver une solution à deux États est important pour les intérêts du Canada.
En réaction, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a dit vouloir étendre la colonisation en Cisjordanie occupée et affirmé qu'il n'y aura pas d'État palestinien. «Cela n'arrivera pas. Aucun État palestinien ne verra le jour à l'ouest du Jourdain», a-t-il dit dans une vidéo diffusée par son bureau.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a fustigé dans un communiqué une décision «qui ne favorise pas la paix, mais au contraire déstabilise davantage la région et compromet les chances de parvenir à une solution pacifique dans l'avenir».
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a proposé de répondre par l'annexion «immédiate» de la Cisjordanie.
Carney a rencontré dimanche à New York des PDG, la présidente namibienne Netumbo Nandi-Ndaitwah et le secrétaire général des Nations unies António Guterres. Le Premier ministre a laissé un message dans le livre d'or destiné à Guterres, rédigé en français : «Quel honneur d'être ici avec mon ami, mon patron et mon héros de toujours !».
Guterres a nommé Carney envoyé spécial pour l'action climatique et le financement en 2019.
- Avec des informations de l'Agence France-Presse

