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Le gouvernement Trudeau expulse le diplomate chinois Zhao Wei, que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) soupçonne d'avoir participé à un complot visant à intimider le député conservateur Michael Chong et ses proches à Hong Kong.
Le gouvernement de Justin Trudeau a décidé d'expulser le diplomate chinois Zhao Wei qui aurait tenté d'intimider le député conservateur Michael Chong et ses proches à Hong Kong.
Le Canada a décidé de déclarer M. Zhao Wei persona non grata. pic.twitter.com/TrBaqKcA32
— Mélanie Joly (@melaniejoly) May 8, 2023
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en a fait l'annonce lundi dans une déclaration écrite.
«Le Canada a décidé de déclarer M. Zhao Wei persona non grata», a-t-elle fait savoir.
Elle a assuré que la décision a été prise «en considérant attentivement tous les facteurs en jeu». Elle avait souligné, la semaine dernière, qu'Ottawa devait évaluer toute mesure de représailles que Pékin pourrait prendre.
«Nous ne tolérerons aucune forme d'ingérence étrangère dans nos affaires internes. Les diplomates au Canada ont été avertis que s'ils adoptent ce type de comportement, ils seront renvoyés chez eux», a ajouté lundi Mme Joly.
L'ambassade chinoise au Canada n'a pas tardé à dénoncer l'expulsion, prévenant que des contre-mesures étaient à venir. Dans la version anglaise d'une déclaration publiée sur son site web, elle accuse Ottawa de se baser sur des allégations non fondées, d'avoir «saboté» ses relations avec Pékin, de même que d'avoir violé le droit international.
«Nous pressons les (Canadiens) de reculer (...) Si (Ottawa) agit gratuitement et arbitrairement, il fera face aux réactions résolues et fortes de la Chine», peut-on lire.
Le Globe and Mail a révélé la semaine dernière que M. Chong a été ciblé par une tentative d'intimidation parce qu'il a parrainé en 2021 une motion aux Communes condamnant la conduite de Pékin envers les Ouïghours.
Le quotidien torontois a indiqué, sur la foi d'une source anonyme travaillant dans le renseignement, qu'un diplomate chinois au Canada, Zhao Wei, avait participé à l'opération.
Selon un rapport du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) cité par le Globe and Mail, ce sont plusieurs députés qui ont été ciblés par Pékin.
M. Chong a dit avoir appris dans les médias qu'il a été visé par cette tentative d'intimidation. Il a eu, la semaine dernière, une séance d'information sur ce sujet.
Le député et son parti demandaient, depuis que l'affaire a été révélée au grand jour, l'expulsion de tout diplomate chinois impliqué.
Les conservateurs ont d'ailleurs réussi lundi à faire adopter une motion exigeant pareille expulsion, avec l'appui des bloquistes et néo-démocrates. La motion demandait à ce que «tous les diplomates» impliqués dans des activités d'ingérence soient expulsés et le vote sur celle-ci se déroulait au moment même où la ministre Joly procédait à son annonce.
L'ensemble des partis d'opposition considère que l'expulsion de Zhao Wei survient trop tard.
«Cela n'aurait pas dû prendre autant de temps», a dit M. Chong en mêlée de presse. Il a fait valoir qu'il est su et connu depuis longtemps que des membres de la communauté sino-canadienne sont intimidés par la Chine et qu'Ottawa n'avait pas à attendre qu'un élu comme lui soit ciblé.
«J'espère que cette décision (...) envoie un message clair au régime (chinois) que c'est inacceptable de menacer les citoyens au Canada et j'espère que c'est une victoire pour tous les Canadiens dans les communautés ethnoculturelles», a-t-il poursuivi.
Le député bloquiste René Villemure estime lui aussi que le gouvernement Trudeau a tardé à agir. «Tolérer davantage la présence du diplomate chinois était une honte à la démocratie, à la protection des députés», a-t-il commenté.
Le leader parlementaire néo-démocrate, Peter Julian, a abondé dans le même sens, ajoutant qu'il espère que les libéraux prendront d'autres actions pour endiguer les tentatives d'ingérence étrangère. Il a souligné que son parti, tout comme les conservateurs et les bloquistes, réclame une enquête publique et indépendante.
D'ailleurs, la motion conservatrice adoptée lundi vise également à réclamer le déclenchement immédiat d'une telle enquête sur l'ingérence étrangère dans les élections.
Le premier ministre Justin Trudeau a mandaté un rapporteur spécial, David Johnston, pour qu'il détermine si, oui ou non, une telle enquête doit être lancée. Ce dernier a jusqu'au 23 mai pour trancher.
La motion demande aussi l'instauration, sans délai, d'un registre des agents étrangers. Le gouvernement a entamé des consultations afin de créer un tel registre, mais n'a pas fixé d'échéancier pour que celui-ci voie le jour.
Avec des informations de Dylan Robertson