Alors que le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, se prépare à se rendre en Chine la semaine prochaine, il souhaite que le gouvernement fédéral supprime les tarifs douaniers de 100% sur les véhicules électriques imposés à Pékin.
«Du point de vue de la Saskatchewan, je dirais: "Oui, supprimons les droits de douane sur les véhicules électriques"», a-t-il lancé aux journalistes mardi.
Mais, il y a une grande réserve à prendre en compte pour s'assurer que le Canada reste en bons termes avec les États-Unis, a-t-il ajouté.
«Nous devons veiller à équilibrer tous les coûts directs et indirects (de la suppression des droits de douane sur les véhicules électriques), car notre plus grand marché pour le canola reste les États-Unis d'Amérique», a-t-il dit.
Les commentaires de M. Moe interviennent alors qu'un droit de douane chinois de près de 76% reste en vigueur sur les graines de canola canadiennes, une mesure qui a réduit de plusieurs millions la valeur de l'une des cultures les plus précieuses du Canada et de la Saskatchewan.
Le tarif douanier imposé par Pékin sur les graines de canola a été considéré comme une réponse au droit de douane de 100 % imposé par le Canada sur les véhicules électriques chinois. La Chine a également imposé au Canada des droits de douane de 100 % sur l'huile et la farine de canola.
Le Canada a justifié ses taxes sur les véhicules électriques chinois en arguant qu'elles protégeaient les investissements prévus au niveau national. La décision du Canada était en phase avec celle du président américain de l'époque, Joe Biden, qui avait également imposé des droits de douane sur les véhicules électriques chinois.
Interrogé sur la manière dont le Canada pourrait supprimer les droits de douane sur les véhicules électriques sans irriter le président Donald Trump, M. Moe a répondu qu'il fallait tenir compte de certaines sensibilités.
«C'est là que réside la ligne que nous devons suivre», a-t-il dit.
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M. Moe a indiqué que les États-Unis sont le premier importateur de canola canadien, suivis par la Chine. Il a ajouté que la voie à suivre consiste pour le Canada à accroître ses exportations vers la Chine, tout en veillant à ce que ses relations commerciales avec les États-Unis restent solides.
«C'est un défi, et ce n'est pas facile», a-t-il précisé.
M. Moe est le dernier premier ministre des Prairies à demander la suppression des droits de douane sur les véhicules électriques.
La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a déclaré samedi à l'auditoire de son émission de radio provinciale que ces droits devaient être supprimés.
«Trouvez un moyen de normaliser les relations, trouvez un autre moyen de négocier avec nos homologues américains et séparez ces deux relations», a-t-elle dit. «Je veux dire, nous voyons les Américains le faire. Les Américains développent une relation commerciale distincte avec la Chine.»
M. Moe doit se rendre en Chine la semaine prochaine dans le cadre d'une mission commerciale et a invité le premier ministre Mark Carney et d'autres ministres fédéraux à se joindre à lui.
Il a affirmé mardi qu'il était encore en train de régler les détails concernant les responsables chinois qu'il prévoit de rencontrer. Le premier ministre n'a pas encore reçu de réponse quant à la présence de M. Carney ou d'autres ministres canadiens, a-t-il ajouté.
«Nous ne voulons pas être impolis et nous comprenons que nous devrons travailler avec notre gouvernement fédéral pour parvenir à une résolution», a souligné M. Moe.« Notre objectif est de plaider notre cause et d'arriver à un point où le premier ministre et le président chinois Xi Jinping pourront parvenir à un accord.»
La chef de l'opposition néo-démocrate de la Saskatchewan, Carla Beck, a déclaré mardi aux journalistes que l'objectif devrait être que la Chine supprime ses droits de douane sur tous les produits canadiens à base de canola.
«Si cela signifie mettre sur la table la suppression des droits de douane sur les véhicules électriques, alors c'est quelque chose que nous devrions envisager», a déclaré Mme Beck.
Les droits de douane sur les graines de canola sont entrés en vigueur près d'un an après que Pékin ait lancé une enquête antidumping sur le canola canadien.
Le ministère chinois du Commerce a fait valoir que les entreprises canadiennes de canola pratiquaient le dumping de ce produit sur le marché chinois, nuisant ainsi à son marché intérieur de l'huile de canola.
Ottawa et les agriculteurs ont nié tout dumping, affirmant que les exportateurs respectaient les règles commerciales.
Le gouvernement fédéral a donné à la Chine jusqu'au mois de septembre, date à laquelle l'enquête antidumping prendra officiellement fin, pour prendre une décision définitive sur les droits de douane. Ottawa a déclaré qu'il pouvait prolonger le délai de six mois.
L'industrie du canola a contribué à hauteur de 43 milliards de dollars à l'économie canadienne l'année dernière et employait 200 000 personnes.
Avec des informations de Fakiha Baig pour La Presse canadienne
